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20 Décembre 2023

Israël/TPO : Vives préoccupations concernant la disparition forcée, la détention et les mauvais traitements infligés aux défenseur⸱ses des droits humains dans la bande de Gaza

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Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude face à l’escalade des disparitions forcées, des détentions et des mauvais traitements des défenseur⸱ses des droits humains palestiniens, y compris des professionnels de la santé et des journalistes, dans la bande de Gaza dans les Territoires Palestiniens Occupés.

Le 17 décembre 2023, vers 13 heures, les forces militaires israéliennes ont arrêté illégalement et ont fait disparaître de force le défenseur des droits humains Ahmed Muhanna, le directeur de l’hôpital Al Awda situé dans le nord de la bande de Gaza. L’hôpital est assiégé depuis 16 jours, entouré de chars et de tireurs d’élite israéliens. Dans le même temps, 21 autres personnes, dont des membres du personnel, ont d’abord été arrêtées, ligotées, déshabillées, puis relâchées après plusieurs heures d’interrogatoire et de mauvais traitements, à l’exception d’Ahmed Muhanna, qui est toujours détenu.

La situation s’est intensifiée au lendemain des détentions illégales, lorsque les forces israéliennes sont retournées à l’hôpital avec le défenseur des droits humains. Par la suite, 11 personnes ont été arrêtées illégalement, dont 5 membres du personnel, et Ahmed Muhanna a de nouveau été conduit dans un lieu inconnu. Au moment de la rédaction de cette déclaration, le défenseur est toujours détenu au secret.

Le 7 décembre 2023, vers 10 heures, les forces militaires israéliennes ont pris d’assaut la zone de Beit Lahia et ont arrêté des centaines de Palestiniens présents dans la zone. Suite à cette détention massive de personnes, parmi lesquelles des défenseur⸱ses des droits humains, des familles ont été séparées et des hommes dépouillés de leurs vêtements. Les hommes, ainsi que quelques femmes et des enfants, ont été ligotés, ont eu les yeux bandés et ont été entassés à l’arrière de camions, avant d’être transférés dans un camp de détention où ils subissent des mauvais traitements, souffrent de la faim et du froid. Des photos et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des hommes palestiniens exhibés dans les rues, la tête baissée, tandis que d’autres montrent des camions militaires israéliens transportant des détenus dans les mêmes conditions dégradantes. Les noms des personnes arrêtées illégalement n’ont pas été divulgués. Toutefois, des défenseur⸱ses des droits humains ont été identifiés par des membres de leur famille et d’autres civils les ont reconnus. Des témoins ont déclaré avoir entendu certains soldats dire que les détenus seraient transférés dans la zone de « Zikim » dans le nord de la bande de Gaza.

Le 7 décembre 2023, Ayman Lubad, un défenseur palestinien des droits humains qui fait partie du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR), a été illégalement détenu lorsque les forces militaires israéliennes ont mené une opération d’arrestations massives dans sa ville natale de Beit Lahiya. Ayman Lubad, ainsi que des dizaines d’autres Palestiniens, a également été déshabillé, on lui a bandé les yeux et on lui a attaché les mains dans le dos avant de le transférer dans un camp de détention. Le 14 décembre 2023, le défenseur des droits humains a été libéré après plus d’une semaine de détention au secret, d’interrogatoire et de mauvais traitements.

Après sa libération, Ayman Lubad s’est rendu dans le sud de la bande de Gaza, alors que sa maison familiale de Beit Lahiya a tragiquement été la cible d’obus israéliens, faisant de nombreux morts et blessés parmi les membres de sa famille.

Selon le PCHR, la famille du défenseur n’a eu aucune information sur son sort, son lieu d’incarcération ou les circonstances de sa détention. Le PCHR a déclaré que « l’arrestation d’Ayman et d’autres civils palestiniens est un exemple clair de la détention arbitraire et illégale à laquelle des milliers de civils palestiniens sont soumis dans la bande de Gaza depuis qu’Israël a commencé sa guerre sanglante il y a 63 jours ».

Des organisations palestiniennes de défense des droits humains ont indiqué que des défenseur⸱ses des droits humains et d’autres citoyens remis en liberté ont déclaré que les autorités israéliennes les ont interrogés au sujet des déplacements du Hamas et de la localisation des otages israéliens. Certains défenseur⸱ses des droits humains et des civils ont déclaré avoir été utilisés comme boucliers humains. Les défenseur⸱ses des droits humains sont toujours disparus de force dans des conditions probablement aussi inhumaines.

Depuis le 7 octobre 2023, des défenseur⸱ses des droits humains, notamment des journalistes et des professionnels de la santé, ainsi que leurs familles, continuent d’être tués, blessés ou de voir leurs maisons détruites. Les défenseur⸱ses des droits humains palestiniens font état d’une situation de désespoir de plus en plus hostile et horrifiante, et risquent leur vie pour rendre compte de la situation et la documenter. Ces défenseur⸱ses des droits humains soulignent qu’aucun endroit n’est sûr, et qu’ils ont dû être évacués au moins deux ou trois fois depuis le début des hostilités. Il n’y a pas de refuge ni d’électricité. De plus, il y a un manque de nourriture et d’eau, il n’y a plus de structures de santé, il y a des coupures de communication récurrentes.

Aux côtés des défenseur⸱ses des droits humains, Front Line Defenders appelle les autorités israéliennes à cesser de cibler les défenseur⸱ses des droits humains palestiniens, à mettre fin aux disparitions forcées et aux mauvais traitements, et à révéler les noms et les lieux où se trouvent les personnes détenues illégalement, notamment le défenseur des droits humains Ahmed Muhanna, en clarifiant les charges retenues contre eux, s’il y en a. Front Line Defenders réitère son appel urgent à un cessez-le-feu immédiat et au respect du droit international humanitaire et des droits humains.

Pour plus d’informations sur la réponse de Front Line Defenders face à la situation des défenseur⸱ses des droits humains dans les Territoires palestiniens occupés et en Israël, veuillez cliquer ici