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20 Mai 2024

La place Galatasaray doit être ouverte aux Saturday Mothers/People (Mères/personnes du samedi)

Nous, les organisations internationales de défense des droits humains soussignées, déclarons notre solidarité avec le groupe Saturday Mothers/People (Mères/personnes du samedi), qui manifeste depuis mai 1995 pour obtenir la vérité et la justice pour leurs proches disparus de force.

À l’approche de leur 1000e veillée hebdomadaire, le 25 mai 2024, le groupe est la plus ancienne manifestation pacifique de Turquie. Au cours des 29 dernières années, et en particulier depuis août 2018, les autorités ont mis en place des restrictions illégales qui empêchent le groupe de manifester pacifiquement, et il fait face à un recours excessif à la force par la police, à des détentions arbitraires, à des poursuites pénales sans fondement et à un harcèlement administratif. Ces violations restent impunies. La police antiémeute qui a employé une force excessive pour disperser la 700e veillée hebdomadaire le 25 août 2018 n’a pas fait l’objet d’une enquête, mais les 46 défenseur⸱ses des droits humains, y compris des proches, qui ont été victimes de cette force et détenus illégalement, sont toujours en procès aujourd’hui. En février 2024, des poursuites infondées ont été engagées à l’encontre de 20 personnes, dont des proches.

Malgré tous les obstacles qui se dressent sur leur chemin, les Mères/personnes du samedi n’ont pas renoncé à leur volonté de connaître la vérité sur les circonstances des disparitions forcées de leurs proches et de traduire en justice les responsables de ces disparitions. Elles sont également déterminées à maintenir leurs veillées hebdomadaires sur la place Galatasaray, qu’elles décrivent comme leur lieu de rencontre et de souvenir avec leurs proches, en dépit de la répression exercée par les autorités au fil des ans.

Tout en saluant les commentaires positifs du ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya en octobre 2023, qui ont conduit début novembre à l’assouplissement des restrictions sur la place Galatasaray, nous sommes préoccupés par le fait que les barrières et la présence de la police, ainsi que la limitation arbitraire à dix personnes du nombre de personnes autorisées à participer à la veillée, continuent et continueront à entraver le droit des Saturday Mothers/people à manifester pacifiquement. Les deux arrêts de la Cour constitutionnelle adoptés en novembre 2022 et en mars 2023, qui ont conclu que le droit à la liberté de réunion pacifique des requérants avait été violé et qui ont ordonné que cette violation ne se reproduise pas, n’ont toujours pas été appliqués.

Nous demandons la levée immédiate des restrictions imposées aux proches des victimes de disparitions forcées et aux autres défenseur⸱ses des droits humains en Turquie, en particulier aux Saturday Mothers/people. Nous demandons instamment aux autorités de respecter, de faciliter et de protéger, au lieu de le limiter, le droit du groupe à se rassembler sur la place Galatasaray tous les samedis pour organiser leur manifestation pacifique.

  • Amnesty International
  • Article 19
  • CIVICUS
  • Civil Rights Defenders
  • Collectif des Familles de Disparus en Algérie
  • Euro-Mediterranean Federation Against Enforced Disappearances (FEMED)
  • EuroMed Rights
  • La Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseur-ses des droits humains
  • Front Line Defenders
  • L’Organisation Mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseur-ses des droits humains