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Irlanda Jerez agressée physiquement

Statut: 
Libérée en vertu d'une amnistie
À propos de la situation

Le 11 juin 2019, 56 défenseur-ses des droits humains et prisonniers politiques qui étaient injustement emprisonnés par le régime de Daniel Ortega au Nicaragua ont été libérés. Medardo Mairena, Irlanda Jerez, Ricardo Baltodano et Amaya Eva Coppens, entre autres, ont bénéficié d'une amnistie en vertu d'une loi d'amnistie générale controversée adoptée le 8 juin 2019.

Le 26 octobre 2018, entre 20 et 25 hommes cagoulés ont fait irruption dans la cellule d'Irlanda Jerez, dans la prison "la Esperanza" à Tipitapa, au Nicaragua, où elle est actuellement détenue avec la défenseuse des droits humains Amaya Eva Coppens et 17 autres prisonniers politiques. Les hommes ont commencé à la rouer de coups après qu'Irlanda a refusé d'être conduite à un interrogatoire par des hommes armés inconnus. Des co-détenues emprisonnées pour des motifs politiques ont également été blessées. Aucune d'entre elles n'a reçu de soins médicaux.

 

À propos de HRD

Irlanda JerezIrlanda Jerez est dentiste, propriétaire d'une petite entreprise et défenseuse des droits humains au Nicaragua. Elle a été arrêtée par la police le 18 juillet 2018 suite à une campagne de désobéissance civile qu'elle menait devant le "Mercado Oriental", le plus grand marché du pays. Début juillet 2018, les marchands et commerçants ont cessé de payer leurs taxes en signe de protestation contre les violations des droits humains et les politiques répressives du gouvernement de Daniel Ortega.

18 Juin 2019
56 défenseur-ses des droits humains et prisonniers politiques libérés en vertu d'une loi d'amnistie générale

Le 11 juin 2019, 56 défenseur-ses des droits humains et prisonniers politiques qui étaient injustement emprisonnés par le régime de Daniel Ortega au Nicaragua ont été libérés. Medardo Mairena, Irlanda Jerez, Ricardo Baltodano et Amaya Eva Coppens, entre autres, ont bénéficié d'une amnistie en vertu d'une loi d'amnistie générale controversée adoptée le 8 juin 2019.

Les défenseur-ses des droits humains avaient été arbitrairement placés en détention après avoir participé à une vague de manifestations politiques contre les violations des droits humains perpétrées par le gouvernement, qui ont éclaté le 18 avril 2018 et ont abouti a une crise politique nationale. Les manifestations ont été accueillies par une répression disproportionnée par les forces de sécurité, qui a fait 325 morts et plus de 2000 blessés. Ils sont devenus prisonniers politiques et ont été placés dans une prison de sécurité maximale, où ils ont été torturés et maltraités par la police.

Le 11 juin 2019, 56 de ces prisonniers politiques, y compris plusieurs défenseur-ses des droits humains, ont été libérés suite à la promulgation d'une loi d'amnistie adoptée le 8 juin 2019 par le biais d'une procédure juridique expéditive de 24 heures. Le principal résultat de la loi est de supprimer la responsabilité de "toutes les personnes qui ont participé aux événements qui se sont déroulés sur l'ensemble du territoire national du 18 avril 2018 jusqu'à la date actuelle", y compris les agents de l'État accusés de violations des droits humains et de crimes internationaux, tels que les crimes contre l'humanité. Pour le moment, 86 personnes sont toujours arbitrairement détenues et devraient être libérées dans les semaines à venir en vertu de cette même loi.

Selon la loi d'amnistie, les procédures pénales intentées contre 760 défenseur-ses des droits humains et militant-es en raison de leur participation aux manifestations ont été suspendues. Néanmoins, l’article 3 de la loi qui contient une disposition de non-répétition, menace clairement les défenseur-ses et les militant-es des droits humains, car toute activité qui pourrait être interprétée comme une protestation politique, y compris toute nouvelle accusation, relancerait leur processus de criminalisation. Les menaces contre les défenseur-ses contenues dans l’article 3 ont été appuyées par le président du Parlement, qui a publiquement salué l’existence de cet article, qui constitue un "avertissement" pour toute personne qui chercherait à exercer sa liberté d’expression ou de réunion lors de manifestations publiques.

Dans le cadre de l'Observatoire international sur la situation des droits humains au Nicaragua, Front Line Defenders a dénoncé la répression violente contre les défenseur-ses au Nicaragua. Elle a souligné que plus d'un an après le début de la crise, la situation des prisonniers politiques restants s'est sérieusement détériorée pendant leur détention, en raison de l'insuffisance de soins médicaux, de la violence, d'actes de torture et du manque de conditions de détention dignes.

Front Line Defenders salue la décision de libérer les 56 militant-es et défenseur-ses des droits humains, mais reste préoccupé par la promulgation et l'application d'une loi d'amnistie générale qui inclut les agents de l'État qui se sont rendus coupables de violations des droits humains, voire de crimes contre l'humanité. Front Line Defenders insiste sur le fait qu'il est nécessaire que les autorités nicaraguayennes libèrent et abandonnent sans condition toutes les poursuites engagées contre les défenseur-ses des droits humains dans le pays, leur accorde réparation pour les violations subies et fassent en sorte que les responsables soient traduits justice. De plus, Front Line Defenders condamne l'application d'une amnistie générale dont bénéficient les agents de l'État susceptibles d'avoir commis des violations flagrantes des droits humains et des crimes internationaux.

7 Novembre 2018
Agression physique de la défenseuse des droits humains Irlanda Jerez et d'autres détenues politiques

Le 26 octobre 2018, entre 20 et 25 hommes cagoulés ont fait irruption dans la cellule d'Irlanda Jerez, dans la prison "la Esperanza" à Tipitapa, au Nicaragua, où elle est actuellement détenue avec la défenseuse des droits humains Amaya Eva Coppens et 17 autres prisonniers politiques. Les hommes ont commencé à la rouer de coups après qu'Irlanda a refusé d'être conduite à un interrogatoire par des hommes armés inconnus. Des co-détenues emprisonnées pour des motifs politiques ont également été blessées. Aucune d'entre elles n'a reçu de soins médicaux.

View or Download Urgent Appeal

Le 19 juillet 2018, seulement un jour après son arrestation, la cour suprême a publié un communiqué de presse indiquant que la défenseuse des droits humains avait été inculpée en 2016 pour "fraude" dans une affaire civile. Initialement acquittée, elle avait été reconnue coupable en appel et condamnée à cinq ans de prison. Irlanda Jerez a été incarcérée dans la prison pour femmes "la Esperanza", où elle mène toujours des actes de résistance civile et fait des discours pour défendre les droits des prisonniers politiques.

Le 26 octobre 2018 vers 18h, plusieurs hommes cagoulés et vêtus de noir ont attaqué Irlanda Jerez et d'autres co-détenues. L'attaque semble être motivée par le refus d'Irlanda Jerez, soutenue par d'autres prisonnières, de suivre quatre de ces inconnus pour un interrogatoire deux heures auparavant. La défenseuse a accepté de partir en raison des graves blessures infligées à elle-même et à d'autres codétenues, principalement à la bouche, aux côtes, aux bras et aux épaules; l'une des prisonnières a perdu connaissance pendant trois heures. Les femmes blessées n'ont eu aucune attention médicale.

Après l'agression, Irlanda Jerez a été conduite dans un bureau où quelqu'un a braqué une arme vers elle. Les agresseurs ont déclaré qu'ils ne sont pas des policiers et qu'ils ne la tueraient pas. Dans le même temps, les agresseurs ont dit aux autres prisonnières qu'Irlanda Jerez avait enfreint les règles de la prison à 21 reprises, dont des déclarations politiques contre le gouvernement qu'elle avait fait dans la prison.

Les agresseurs prévoyaient de transférer Irlanda Jerez dans une cellule d'isolement de la prison pour homme "la Modelo". Cependant, après que d'autres détenues de la Esperanza ont protesté en faveur de son retour, Irlanda Jerez a été reconduite dans sa cellule.

Irlanda Jerez a indiqué craindre qu'on la fasse disparaitre. Son mari, Daniel Esquivel, a pu lui rendre visite le 30 octobre 2018 et a dit qu'elle a des ecchymoses sur plusieurs parties du corps. Les familles de plusieurs détenues blessées n'ont pas été autorisées à leur rendre visite.

Le 30 octobre 2018, des membres du mécanisme spécial de surveillance au Nicaragua (MESENI) créé par la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH), accompagnés par la Comisión Permanente de Derechos Humanos, se sont présentés au centre de détention "la Esperanza" afin d'obtenir des informations sur l'état de santé et l'intégrité physique des prisonnières attaquées. Après plusieurs requêtes, les autorités de la prison ont refusé qu'ils entrent.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par la récente agression d'Irlanda Jerez dans la prison "la Esperanza", car il semble que cela soit motivé par le travail légitime et pacifique de la défenseuse en faveur du droit à la liberté d'expression au Nicaragua ; l'organisation est également extrêmement inquiète en raison de la possibilité de représailles. Front Line Defenders exhorte les autorités du Nicaragua à libérer immédiatement et sans condition tous-tes les défenseur-ses des droits humains emprisonnés pour des motifs politiques et à abandonner toutes les charges portées contre eux-elles.

Front Line Defenders exhorte les autorités du Nicaragua à:

1. Libérer immédiatement et sans condition Irlanda Jerez et infirmer la condamnation prononcée contre elle ;

2. Assurer que le traitement des défenseuses des droits humains pendant leur détention préventive, corresponde à toutes les conditions établies dans les « Principes fondamentaux relatifs à la protection de toute personne contre toute forme de détention ou emprisonnement  » adoptés par l'Assemblée Générale de l'ONU dans sa résolution 43/173 du 9 décembre 1988 ;

3. Prendre toutes les mesures nécessaires, en accord avec Irlanda Jerez et les autres prisonnières politiques agressées, pour restaurer et garantir leur intégrité physique et psychologique et leur sécurité ;

4. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Nicaragua puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.