Criminalisation et mauvais traitements de Medardo Mairena
Le 11 juin 2019, 56 défenseur-ses des droits humains et prisonniers politiques qui étaient injustement emprisonnés par le régime de Daniel Ortega au Nicaragua ont été libérés. Medardo Mairena, Irlanda Jerez, Ricardo Baltodano et Amaya Eva Coppens, entre autres, ont bénéficié d'une amnistie en vertu d'une loi d'amnistie générale controversée adoptée le 8 juin 2019.
Le 17 décembre à minuit, le défenseur des droits humains Medardo Mairena a été reconnu coupable d'une série de crimes lors d'un procès controversé. Il a été inculpé par le 9e district pénal de Managua.
Le défenseur des droits humains Medardo Mairena a été arrêté à Managua le 13 juillet 2018. Le 15 août, la seconde audience de l'affaire du défenseur s'est tenue devant le juge Henry Morales. Medardo Mairena et deux autres défenseurs du droit à la terre sont sous le coup de sept accusations et le juge a ordonné leur mise en détention préventive le temps des procédures pénales. L'avocat de Medardo Mairena n'a pas été autorisé à parler en privé avec lui avant la deuxième audience, et il a signalé que Medardo Mairena fait l'objet de traitements cruels, inhumains et dégradants pendant sa détention préventive.
Medardo Mairena Sequeira est coordinateur national du Consejo por la Defensa de la Tierra, Lago y Soberanía (Conseil pour la défense de la terre, des lacs et de la souveraineté). L'organisation défend le droit à la terre en cherchant à abroger la loi 840 de 2013, qui accorde une concession de terres à la compagnie Hong Kong Nicaragua Canal Development Investment Company. Plus récemment, le défenseur a participé au Dialogue national au Nicaragua sur l'actuelle crise politique qui touche le pays. Lors du dialogue national, Medardo Mairena a vivement critiqué l'administration du président Daniel Ortega concernant la protection des groupes paysans et a appelé à sa démission.
Le 11 juin 2019, 56 défenseur-ses des droits humains et prisonniers politiques qui étaient injustement emprisonnés par le régime de Daniel Ortega au Nicaragua ont été libérés. Medardo Mairena, Irlanda Jerez, Ricardo Baltodano et Amaya Eva Coppens, entre autres, ont bénéficié d'une amnistie en vertu d'une loi d'amnistie générale controversée adoptée le 8 juin 2019.
Les défenseur-ses des droits humains avaient été arbitrairement placés en détention après avoir participé à une vague de manifestations politiques contre les violations des droits humains perpétrées par le gouvernement, qui ont éclaté le 18 avril 2018 et ont abouti a une crise politique nationale. Les manifestations ont été accueillies par une répression disproportionnée par les forces de sécurité, qui a fait 325 morts et plus de 2000 blessés. Ils sont devenus prisonniers politiques et ont été placés dans une prison de sécurité maximale, où ils ont été torturés et maltraités par la police.
Le 11 juin 2019, 56 de ces prisonniers politiques, y compris plusieurs défenseur-ses des droits humains, ont été libérés suite à la promulgation d'une loi d'amnistie adoptée le 8 juin 2019 par le biais d'une procédure juridique expéditive de 24 heures. Le principal résultat de la loi est de supprimer la responsabilité de "toutes les personnes qui ont participé aux événements qui se sont déroulés sur l'ensemble du territoire national du 18 avril 2018 jusqu'à la date actuelle", y compris les agents de l'État accusés de violations des droits humains et de crimes internationaux, tels que les crimes contre l'humanité. Pour le moment, 86 personnes sont toujours arbitrairement détenues et devraient être libérées dans les semaines à venir en vertu de cette même loi.
Selon la loi d'amnistie, les procédures pénales intentées contre 760 défenseur-ses des droits humains et militant-es en raison de leur participation aux manifestations ont été suspendues. Néanmoins, l’article 3 de la loi qui contient une disposition de non-répétition, menace clairement les défenseur-ses et les militant-es des droits humains, car toute activité qui pourrait être interprétée comme une protestation politique, y compris toute nouvelle accusation, relancerait leur processus de criminalisation. Les menaces contre les défenseur-ses contenues dans l’article 3 ont été appuyées par le président du Parlement, qui a publiquement salué l’existence de cet article, qui constitue un "avertissement" pour toute personne qui chercherait à exercer sa liberté d’expression ou de réunion lors de manifestations publiques.
Dans le cadre de l'Observatoire international sur la situation des droits humains au Nicaragua, Front Line Defenders a dénoncé la répression violente contre les défenseur-ses au Nicaragua. Elle a souligné que plus d'un an après le début de la crise, la situation des prisonniers politiques restants s'est sérieusement détériorée pendant leur détention, en raison de l'insuffisance de soins médicaux, de la violence, d'actes de torture et du manque de conditions de détention dignes.
Front Line Defenders salue la décision de libérer les 56 militant-es et défenseur-ses des droits humains, mais reste préoccupé par la promulgation et l'application d'une loi d'amnistie générale qui inclut les agents de l'État qui se sont rendus coupables de violations des droits humains, voire de crimes contre l'humanité. Front Line Defenders insiste sur le fait qu'il est nécessaire que les autorités nicaraguayennes libèrent et abandonnent sans condition toutes les poursuites engagées contre les défenseur-ses des droits humains dans le pays, leur accorde réparation pour les violations subies et fassent en sorte que les responsables soient traduits justice. De plus, Front Line Defenders condamne l'application d'une amnistie générale dont bénéficient les agents de l'État susceptibles d'avoir commis des violations flagrantes des droits humains et des crimes internationaux.
Le 17 décembre à minuit, le défenseur des droits humains Medardo Mairena a été reconnu coupable d'une série de crimes lors d'un procès controversé. Il a été inculpé par le 9e district pénal de Managua.
Medardo Mairena risque jusqu'à 73 ans de prison pour "terrorisme", "crime organisé", "enlèvement", "cambriolage", "meurtre", et autres. Cependant, il y a eu de nombreux vices de procédures tout au long de la procédure pénale, les témoins ont été manipulés par l'accusation, et les juges ont exclu des preuves potentiellement disculpatoires.
L'inculpation de Medardo Mairena a été prononcée dans un contexte où les défenseur-ses des droits humains sont largement criminalisés dans le pays, en particulier ceux qui participent activement aux manifestations politiques depuis le début de la crise. Front Line Defenders est profondément préoccupée par la criminalisation du défenseur des droits humains Medardo Mairena, car il semble que cela soit uniquement motivé par son travail légitime et pacifique en faveur du droit à la terre. Front Line Defenders appelle les autorités du Nicaragua à libérer immédiatement et sans condition Medardo Mairena et à infirmer son inculpation.
Le défenseur des droits humains Medardo Mairena a été arrêté à Managua le 13 juillet 2018. Le 15 août, la seconde audience de l'affaire du défenseur s'est tenue devant le juge Henry Morales. Medardo Mairena et deux autres défenseurs du droit à la terre sont sous le coup de sept accusations et le juge a ordonné leur mise en détention préventive le temps des procédures pénales. L'avocat de Medardo Mairena n'a pas été autorisé à parler en privé avec lui avant la deuxième audience, et il a signalé que Medardo Mairena fait l'objet de traitements cruels, inhumains et dégradants pendant sa détention préventive.
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Le 13 juillet 2018, des agents de la Dirección de Auxilio Judicial (Direction de l'aide juridique) ont arrêté Medardo Mairena. Il a été placé en détention à l'aéroport international Augusto C. Sandino à Managua. Le juge Henry Morales a organisé une seconde audience le 15 août 2018, lors de laquelle le défenseur a été accusé des crimes de : terrorisme, crime organisé, meurtre, enlèvement, vol aggravé, blocage des services publics, agression et dommages contre 23 victimes. Le juge Morales a décidé que Medardo Mairena devait rester en détention préventive dans la prison d'El Chipote le temps de la procédure pénale.
Depuis le début de la détention du défenseur, la procédure est marquée par des irrégularités : quatre jours après sa détention, un avocat a été assigné d'office à l'affaire de Medardo Mairena, malgré les efforts de la Comisión Permanente de Derechos Humanos pour le représenter. Cela entrave gravement le droit de l'accusé à bénéficier d'un procès équitable conformément à la loi nationale et aux mécanismes internationaux relatifs aux droits humains. En outre, un nombre excessif de policiers présents dans la salle d'audience ont empêché le grand public et la presse d'assister à l'audience préliminaire de Medardo Mairena. Depuis sa détention, Medardo Mairena n'a aucun contact avec sa famille. La seule fois où son avocat a pu lui parler, la rencontre a duré 10 minutes avant sa seconde audience. À cette occasion, le défenseur a signalé des mauvais traitements contre lui et d'autres militants incarcérés, notamment des menaces, être forcé à passer des heures sur les genoux et de fréquents coups de pieds et des insultes.
Les autorités ont également orchestré une campagne de diffamation contre Medardo Mairena. Le 13 juillet 2018, un communiqué de presse officiel relatif à son arrestation l'accuse d'être "le commanditaire direct du massacre et meurtre de quatre camarades policiers et d'un enseignant d'école primaire" qui a été perpétré à Morrito, dans le département de Río San Juan, dans l'après-midi du 12 juillet 2018.
Depuis le 18 avril 2018, des manifestants qui s'opposent aux réformes de la sécurité sociale et à l'administration du président Daniel Ortega sont la cible d'une répression de plus en plus violente. Les défenseur-ses des droits humains et journalistes au Nicaragua ont signalé de multiples violations dans le contexte des manifestations : meurtres, disparitions, détentions arbitraires, agressions physiques impliquant l'usage de pierres, de matraques, balles de caoutchouc et gaz lacrymogène, menaces et actes d'intimidation.
En juin 2018, la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) a lancé un mécanisme de surveillance spécial pour le Nicaragua (MESENI) et a déployé du personnel technique pour suivre les recommandations basées sur la visite de la CIDH au Nicaragua, notamment les observations préliminaires de la commission et son rapport "Graves violations des droits humains dans le contexte des manifestations sociales au Nicaragua". Le MESENI a fait part de ses inquiétudes au sujet des attaques contre les défenseur-ses des droits humains au Nicaragua et a exhorté les autorités locales à s'abstenir de stigmatiser leur travail. Le MESENI a également constaté l'existence d'une tendance répressive caractérisée par les détentions arbitraires, les persécutions par les tribunaux et la criminalisation des militants qui s'opposent au gouvernement,à savoir les manifestants, étudiants et défenseur-ses des droits humains.
Front Line Defenders est profondément préoccupée par la criminalisation du défenseur des droits humains Medardo Mairena, car il semble que cela soit uniquement motivé par son travail légitime et pacifique en faveur du droit à la terre. Front Line Defenders appelle les autorités du Nicaragua à libérer immédiatement et sans condition Medardo Mairena et à abandonner toutes les charges portées contre lui.
Front Line Defenders exhorte les autorités du Nicaragua à:
1. libérer immédiatement et sans condition Medardo Mairena et abandonner toutes les charges portées contre lui ;
2. Assurer que le traitement de Medardo Mairena pendant sa détention, corresponde à toutes les conditions établies dans les «Principes fondamentaux relatifs à la protection de toute personne contre toute forme de détention ou emprisonnement» adoptés par l'Assemblée Générale de l'ONU dans sa résolution 43/173 du 9 décembre 1988 ;
3. Prendre toutes les mesures nécessaires, en accord avec Medardo Mairena, pour garantir son intégrité physique et psychologique et sa sécurité ;
4. Prendre des mesures pour garantir que les fonctionnaires s'abstiennent de faire des déclarations à l'encontre ou de stigmatiser le travail des défenseur-ses des droits humains ;
5. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Nicaragua puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.