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23 Février 2018

Déclaration de la WHRDIC concernant l'agression de la DDH Rani Yan Yan

"Cette violente agression fait partie d'une tendance grandissante à l'encontre des FDDH, car les autorités ne lancent aucune action légale pour protéger efficacement les activistes qui défendent les droits des communautés autochtones"

La Women Human Rights Defenders International Coalition - WHRDIC (Coalition internationale des femmes défenseuses des droits humains) a publié la déclaration suivante suite à l'agression de la défenseuse des droits humains (FDDH) Rani Yan Yan le 15 février.

Bangladesh: La WHRDIC condamne l'agression brutale de la FDDH Rani Yan Yan et appelle le gouvernement à mettre fin à l'impunité pour les exactions perpétrées contre les femmes autochtones à Chittagong Hill Tracts

La Women Human Rights Defenders International Coalition (WHRDIC) condamne l'agression de la défenseuse des droits humains Rani Yan Yan par des agents des forces de l'ordre alors qu'elle rendait visite à deux sœurs membres de la communauté Marma, dans un hôpital de Rangmati, dans la région de Chittagong Hill Tracts.

Rani Yan Yan est défenseuse des droits humains et conseillère auprès du Chakma Circle Chief. Elle fait partie des anciens élèves du Diplomacy Training Program - DTP (programme formation diplomatie) de l'UNSW et est diplômée de l'APWLD en Feminist Legal Theory and Practice (FLTP). En tant que leader féminine autochtone, elle travaille pour l'autonomisation des femmes autochtones, elle proteste contre les violences dont elles sont victimes et fait régulièrement connaitre leurs problèmes lors de rencontres au Bangladesh et lors de plusieurs réunions régionales et internationales consacrées au plaidoyer, notamment lors de rencontres avec l'ONU. En tant que Chakma Rani (reine) et conseillère du Chakma Circle Chief, elle plaide activement pour la nomination de plus de femmes au poste de chef et de carbari (qui s'occupe des lois traditionnelles) pour garantir les droits des femmes au sein du système traditionnel.

L'agression contre Rani Yan Yan et son compagnon a eu lieu le 15 février 2018, alors qu'ils rendaient visite à deux sœurs traitées suites à une agression sexuelle. Des membres des forces de sécurité sont arrivés à l'hôpital Rangmati Sadar de la division de Chittagong, sont entrés dans la chambre, on éteint la lumière et ont agressé Rani Yan Yan et son compagnon. Rani Yan Yan a indiqué qu'avant l'attaque, elle avait remarqué que ses déplacements dans l'hôpital étaient enregistrés par des hommes qui utilisaient les caméras de leurs téléphones portables.

L'incident contre Yan Yan est lié à ce qu'il s'est produit le 22 janvier 2018, lorsque deux adolescentes Marma du village d'Orasori, Union de Farua, sous-district de Bilaichari sous Rangamati, ont été agressées par les forces de sécurité au milieu de la nuit. L'une des sœurs a été violée et l'autre a été agressée sexuellement. Les deux sœurs ont été admises à l'hôpital général de Rangamati.

L'État ne met pas en place les mesures de sécurité, le soutien juridique et psychologique et ne facilite pas la justice pour les femmes autochtones qui vivent à Chittagong Hill Tracts et au contraire, il favorise la culture de l'impunité. Les sœurs Marma n'ont pas reçu le soutien ni la justice dont elles avaient besoin, et après l'agression, elles et leur famille n'ont subi que des actes d'intimidation. Elles ont été placées sous stricte surveillance, ce qui a renforcé leur sentiment de peur et d'insécurité. Alors que Rani Yan Yan et des bénévoles apportaient le soutien émotionnel et protégeaient les sœurs, ils ont également été violemment agressés par les forces de sécurité qui tentaient de conduire de force les sœurs Marma dans un lieu inconnu, contre leur volonté. À ce jour, aucune action n'a été intentée contre les coupables.

La Coalition souligne avec inquiétude que cette violente agression fait partie d'une tendance grandissante à l'encontre des FDDH, car les autorités ne lancent aucune action légale pour protéger efficacement les activistes qui défendent les droits des communautés autochtones. Les membres de la Chittagong Hill Tracts Commission (CHTC) sont régulièrement la cible d'actes d'intimidation et de violence alors qu'ils mènent à bien leur travail dans la région. Cliquez ici pour en savoir plus.

Le Bangladesh, comme tant d'autres pays de la région, est devenu un pays notoirement dangereux pour les FDDH qui défendent leurs terres, leur culture et leurs moyens de subsistance. Comme la WHRDIC l'a réitéré dans le passé, les efforts importants et engagés des FDDH au Bangladesh (comme dans d'autres parties du monde) pour défendre les droits les plus fondamentaux doivent être reconnus et protégés; malheureusement, il se passe le contraire, car elle travaillent dans des circonstances extrêmement dangereuses.

Nous appelons la communauté internationale, en particulier les Rapporteurs spéciaux sur les défenseur-ses des droits humains et les populations autochtones à :

  • Condamner les agressions des sœurs Marma, de Rani Yan Yan et de la communauté de Chittagong Hill Tracts, car cela viole la protection basique des peuples autochtones et des DDH.

Nous exhortons le gouvernement du Bangladesh à:

  • ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l'attaque de Rani Yan Yan et de traduire les coupables en justice;
  • enquêter sur les violences sexuelles infligées aux deux sœurs Marma et à agir immédiatement dans le but de traduire les coupables en justice devant un tribunal civil;
  • garantir l'intégrité physique et psychologique et protéger Rani Yan Yan et les sœurs Marma; et
  • Respecter et protéger les défenseur-ses des droits humains et garantir qu'ils puissent mener à bien leur travail légitime sans craindre de violence physique et psychologique au Bangladesh.

Pour plus d'information, contactez:

Erin Kilbride
erin@frontlinedefenders.org
+353-1-212-3750

The Chittagong HIll Tracts Comission

Asia Pacific Forum on Women, Law and Development