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15 Décembre 2016

D'autres défenseur-ses des droits humains ciblés par un ordre de gel des avoirs

Le 14 décembre, le tribunal du nord du Caire a confirmé l'ordre de geler les avoirs de la défenseuse Mme Azza Soliman, ainsi que les avoirs de son organisation, dans le cadre de l'affaire de financements étrangers, aussi appelée affaire n°173. Une décision concernant les avoirs de Mme Mozn Hassan et de M. Mohamed Aly Zarea devrait être rendue le 11 janvier 2017, également dans le cadre de l'affaire n°173.

Azza Soliman est avocate et directrice de Lawyers for Justice and Peace (LJP), une organisation qui offre une assistance juridique aux défenseur-ses des droits humains égyptiens. Elle est également fondatrice du Center for Women's Legal Assistance (CEWLA), une organisation féministe qui milite pour la promotion de l'égalité des genres. Mozn Hassan est directrice exécutive de Nazra for Feminist Studies, un groupe qui vise à construire un mouvement féministe et de soutien aux femmes par le biais d'une aide juridique et psychologique. Depuis 2001, Mozn Hassan se consacre à de nombreuses questions en Égypte et au Moyen-Orient, notamment à la question des violences faites aux femmes dans l'espace public. Mohamed Aly Zarea est directeur de Arab Organisation for Penal Reform. L'Arab Organisation for Penal Reform (APRO) est une ONG arabe indépendante fondée en 2004 sous la forme de cabinet d'avocat.

Le 14 décembre 2016, le tribunal du Nord du Caire a décidé de geler les avoirs d'Azza Soliman, ainsi que ceux de son organisation, LJP. Cela vient confirmer un ordre du 17 novembre, sur la base de l'implication de la défenseuse des droits humains dans une affaire de fonds étrangers. Ce même ordre de justice interdit à Azza Soliman de voyager. Le 7 décembre 2016, la défenseuse a été arrêtée chez elle et interrogée dans le cadre d'une enquête sur une affaire de financements étrangers. C'est la première arrestation d'un leader d'ONG en Égypte dans le cadre de cette affaire de financements étrangers. Azza Soliman avait été libérée le jour-même le temps de l'enquête.

Lors de l'audience du 12 décembre, les avocats d'Azza Soliman ont découvert que le tribunal du Nord du Caire envisage aussi de geler les avoirs de Mozn Hassan et Mohamed Aly Zarea et de leurs organisations respectives. Aucun défenseur n'avait été informé que le gel de leurs avoirs serait envisagé lors de l'audience du 12 décembre.

Depuis 2011, 37 organisations égyptiennes sont accusées dans des affaires de financements étrangers, et certains leaders et membres de ces organisations de défense des droits humains sont accusés d'avoir "reçu des financements étrangers" et de "travailler sans autorisation légale". Dans le cadre de l'une de ces affaires, un tribunal égyptien a approuvé le 17 septembre 2016 le gel des avoirs de cinq défenseur-ses des droits humains et de trois ONG. Et en mai 2016, cinq autres défenseur-ses des droits humains ont été placés sous le coup d'une interdiction de voyager. Le 27 juin 2016, Mme Mozn Hassan n'a pas été autorisée à se rendre à Beyrouth depuis l'aéroport international du Caire. Elle n'avait pas été officiellement mise au courant de l'interdiction avant le voyage. La défenseuse est également sous le coup d'une interdiction de voyager.

Front Line Defenders condamne la criminalisation de la société civile en Égypte, notamment par le biais des interdictions de voyager, le blocage des comptes bancaires de l'organisation et le gel des avoirs. Front Line Defenders appelle les autorités à cesser immédiatement de persécuter les défenseur-ses des droits humains et réitère le rôle essentiel de leur travail pour le développement d'une société plus juste et égalitaire.