Iran : Alerte face aux arrestations massives de défenseur⸱ses des droits humains à l’approche du 1er anniversaire des manifestations de septembre 2022
Front Line Defenders a appris l’arrestation de dizaines de défenseur⸱ses des droits humains dans tout le pays au cours des dernières 72 heures. Depuis le 16 août 2023, au moins douze défenseur⸱ses des droits humains (DDH) ont été arrêtés et détenus arbitrairement dans la seule province septentrionale du Gilan. Selon le collectif féministe Bidarzani, des défenseuses des droits humains, dont Jelveh Javaheri, Forough Sami'nia, Matin Yazadani, Yasaman Hashdari, Negin Rezaie, Zahra Dadres, Zohreh Dadres, Vahedeh Khoshsirat, Shiva Shahsayah, Sara Jahani, Azadeh Chavoshian, et le défenseur des droits humains Houman Taheri, ont été violemment arrêtés et leurs maisons perquisitionnées en représailles à leur action en faveur des droits des femmes.
Le 17 août 2023, un jour après ces arrestations arbitraires, Tasnim, une agence de presse d’État proche des services de renseignement, a publié un article dans lequel les DDH étaient accusés de préparer « l’incitation aux émeutes à l’occasion de l’anniversaire des émeutes de l’automne 2022 », de « recevoir des fonds sous le couvert du soutien financier aux familles vulnérables des victimes » et « d’être en relation avec des médias hostiles ». Ces accusations en ligne sont portées alors que l’on ne sait toujours pas où se trouvent les défenseur·ses et s’ils ont accès à des avocats.
Les arrestations et les agressions semblent destinées à réduire au silence les défenseur⸱ses des droits humains et à faire pression sur les membres de leur famille, en particulier les défenseur⸱ses des droits humains, avant l’anniversaire des grandes manifestations de septembre 2022. En septembre 2022, la mort d’une jeune femme de 22 ans, Mahsa (Jina) Amini, lors de sa garde à vue par la police des mœurs, a entraîné des manifestations nationales qui ont duré plusieurs mois. Les autorités iraniennes ont particulièrement ciblé les membres de la société civile, les défenseuses des droits humains et les personnes œuvrant pour les droits des femmes et des filles dans les provinces du Gilan et du Kurdistan, où de nombreux autres DDH font également état de menaces.
Front Line Defenders est sérieusement alarmée par les arrestations, détentions temporaires et agressions physiques des défenseur⸱ses des droits humains à l’approche de l’anniversaire des manifestations de septembre 2022 et exprime son inquiétude quant à la campagne de diffamation en ligne qui les vise. Front Line Defenders demande instamment aux autorités iraniennes de libérer immédiatement et sans condition tous les défenseur⸱ses des droits humains qui sont injustement détenus.
Front Line Defenders appelle également les autorités iraniennes à s’assurer que le traitement des défenseur⸱ses des droits humains en détention respecte les conditions définies dans l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement, y compris le droit de voir immédiatement un avocat. Front Line Defenders rappelle aux autorités iraniennes leurs obligations en vertu des principes du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), en particulier l’article 22, qui oblige l’Iran à reconnaître le droit à la liberté d’association, et exhorte les autorités iraniennes à s’abstenir d’arrêter les défenseur⸱ses des droits humains et à enquêter sur l’utilisation des médias d’État pour cibler leur travail.