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#Togo

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En février 2020, le président sortant Faure Gnassingbé a été réélu pour son quatrième mandat, après que des amendements de la constitution en mai 2019 modifiant le système électoral, lui ont permis de briguer deux autres mandats et lui ont accordé l’immunité à vie « pour les actes commis pendant les mandats présidentiels ». Depuis 2012, la collaboration entre les acteurs de la société civile et les institutions gouvernementales s’est considérablement améliorée grâce à l’existence de canaux officiels via lesquels les acteurs de la société civile peuvent contacter le gouvernement, notamment grâce à la représentation de ces acteurs dans des comités chargés de l’application de plusieurs politiques gouvernementales sectorielles. Toutefois, plusieurs obstacles subsistent, et sapent la capacité des défenseur-ses des droits humains togolais à mener à bien leur travail légitime sans avoir peur pour leur sécurité.

Les autorités continuent de réprimer la dissidence en restreignant la liberté d’expression et en attaquant les journalistes, les défenseur⸱ses des droits humains (DDH) et les activistes politiques, en particulier celles et ceux qui sont perçus comme nuisant aux intérêts des membres du gouvernement ou des forces de sécurité. Dans certains cas, les autorités togolaises ne délivrent pas de certificats d’enregistrement aux organisations perçues comme critiques à l’encontre de la politique gouvernementale. Le gouvernement arrête des leaders communautaires et de l’opposition qui font part de leur désaccord, tandis que les autorités ferment des médias et que l’autocensure des journalistes est omniprésente. En décembre 2018, l’Assemblée nationale a adopté une loi sur la cybersécurité qui criminalise la diffusion de fausses informations et la production et le partage de données qui minent « l’ordre, la sécurité publique ou la dignité humaine ».

La situation des droits humains au Togo se détériore depuis que des manifestations pro-démocratie ont éclaté en août 2017 à travers le Togo, dans les pays voisins, en Europe et aux États-Unis par la diaspora togolaise. En conséquence, les défenseur⸱ses des droits humains qui promeuvent la démocratie et organisent des manifestations pacifiques sont la cible d’arrestations, de détentions et d’accusations inventées de toutes pièces. Les manifestations ont été réprimées avec violence et les défenseur⸱ses des droits humains ont été arrêtés et détenus pour avoir exercé leur liberté d’expression et de manifestation. Toutes les manifestations de rue ont été interdites pendant la période électorale de décembre 2019.

Les défenseur⸱ses des droits humains et les journalistes travaillent sous une pression extrême. Ils sont régulièrement victimes d’intimidation, d’arrestations et d’acharnement judiciaire pour avoir dénoncé des exactions. Le Togo n’a pas de loi sur la protection des droits humains malgré les appels et les efforts des organisations de la société civile pour renforcer l’espace civique dans le pays.

Les défenseur⸱ses des droits humains travaillant sur les droits des LGBTI+ et des travailleur⸱ses du sexe font face à des risques accrus, l’activité sexuelle entre personnes de même sexe étant passible de trois ans d’emprisonnement. Les défenseur·ses qui travaillent sur ces questions reçoivent des menaces et sont discriminés par d’autres organisations de défense des droits humains qui refusent de travailler ou de s’engager avec elles. Ils enregistrent généralement leurs organisations en tant qu’ONG d’aide à la santé afin de pouvoir travailler au Togo.