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MASUM et Kirity Roy, ciblés par des agents de la police aux frontières

Statut: 
Pris pour cible
À propos de la situation

Kirity Roy et trois autres membres de Banglar Manabadhikar Suraksha Mancha (MASUM), Ramen Moitra, Subhrangshu Bhaduri et Sujoy Singh Roy, ont été arrêtés, menacés et agressés verbalement et physiquement par des officiers de la police aux frontières (Border Security Force- BSF) le 2 février 2019. La BSF a injustement porté plainte contre eux et ils risquent d'être arrêtés et victimes d'acharnement judiciaire.

À propos de MASUM

MASUM est une organisation de défense des droits humains basée à Kolkata (Calcutta), dans l'État du Bengale Occidental en Inde. Elle documente, enquête et dénonce les violations des droits humains perpétrées par les forces de sécurité, en particulier la police aux frontières (Border Security Force -BSF) à la frontière entre l'Inde et le Bangladesh. MASUM soutient les victimes d'exactions, notamment les communautés les plus pauvres dans les districts voisins du Bengale Occidental dans leurs luttes pour obtenir réparation et justice.

8 Février 2019
MASUM et Kirity Roy, ciblés par des agents de la police aux frontières

Kirity Roy et trois autres membres de Banglar Manabadhikar Suraksha Mancha (MASUM), Ramen Moitra, Subhrangshu Bhaduri et Sujoy Singh Roy, ont été arrêtés, menacés et agressés verbalement et physiquement par des officiers de la police aux frontières (Border Security Force- BSF) le 2 février 2019. La BSF a injustement porté plainte contre eux et ils risquent d'être arrêtés et victimes d'acharnement judiciaire.

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Kirity Roy est secrétaire de MASUM, une organisation non gouvernementale de défense des droits humains basée à Howrah, Kolkata, Bengale Occidental, près de la frontière avec le Bangladesh. Il est également président national du Programme Against Custodial Torture and Impunity - PACTII (programme d'action contre la torture et l'impunité). Le défenseur et MASUM documentent les exactions perpétrées contre les civils, notamment des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des décès en prison, des actes de torture et de violence sexuelle, en particulier à la frontière Indo-bangladaise par des officiers de la police aux frontières (Border Security Force - BSF) et d'autres agents de l'État. 

Le 2 février 2019, Kirity Roy et trois défenseurs des droits humains de MASUM, Ramen Moitra, Subhrangshu Bhaduri et Sujoy Singh Roy, ont participé à un programme de sensibilisation juridique organisé par des leaders communautaires dans la zone frontalière de Chapra, dans le district de Nadia au Bengale Occidental. Depuis plusieurs mois, les communautés locales protestent contre les exactions perpétrées dans leurs villages par les officiers de la BSF, en placardant des affiches ou par le biais d'autres campagnes. La BSF a répondu avec violence, par des menaces et en portant de fausses accusations contre la communauté et contre les membres et dirigeants de MASUM.

Alors qu'il rentrait d'une réunion publique d'Amra Simantabasi ("Nous le peuple de la frontière") le 2 février, Kirity Roy a vu que des officiers de la BSF avaient stoppé plusieurs centaines de personnes qui venaient de participer à la réunion publique, devant la barrière de la frontière. Le gouvernement indien a construit une clôture frontalière tout au long de la frontière indo-bangladaise, qui parfois empiète de 10 à 12 kilomètres dans les terres, coupant des villages et affectant la mobilité et les moyens de subsistance de la population. La frontière est contrôlée par des officiers armés de la BSF, qui dans ce cas empêchaient les gens de rentrer chez eux et dans leur village, sur le territoire indien.

Lorsque Kirity Roy a remis en cause la légalité de ces actions, l'officier en charge a répondu de manière agressive et a menacé le défenseur. Huit autre officiers armés ont alors rejoint l'officier en charge et ont empêché Kirity Roy et ses collègues de quitter la zone. Les officiers ont verbalement et physiquement agressé les défenseurs et les ont pris en photo et filmés sans leur consentement. Lorsque Kirity Roy et ses collègues ont tenté d'enregistrer l'incident sur leurs téléphones, les officiers de la BSF ont confisqué les appareils et ont agressé Kirity Roy.

Les officiers ont plusieurs fois accusé le défenseur d'avoir essayé de fomenter de la violence et des troubles. Ils ont menacé Kirity Roy en disant qu'il fera face à de lourdes conséquences si lui ou le personnel de MASUM continue à se rendre à la frontière "sans leur autorisation". Les quatre défenseurs des droits humains ont finalement pu partir après que Kirity Roy a contacté l'inspecteur général adjoint du secteur de Krishnanagar.

Le 2 février 2019, la BSF a porté plainte (First Information Report - FIR) au poste de police de Chapra Police contre Kirity Roy et les trois autres DDH de MASUM. Une enquête sur cette plainte a été ouverte.

Dans la soirée du 3 février 2019, Kirity Roy a envoyé un message à l'officier en charge du poste de Chapra, dans le district de Nadia, pour porter plainte contre les officiers de la BSF. La plainte contre les officiers n'a toujours pas été enregistrée.

Le 27 janvier 2019, Kirity Roy a été impliqué dans un incident similaire avec la BSF alors qu'il était en train de parler lors d'une réunion publique pendant le marché hebdomadaire de Roypara, dans le district de Murshidabad, près de la frontière indo-banglasaise. La réunion, organisée avec la participation d'Amra Simantabasi ("Nous le peuple de la frontière") a été interrompue par la BSF. Les officiers sont entrés dans la réunion, ont déchiré des affiches qui condamnaient les violations des droits humains et ont filmé les personnes qui étaient présentes, dont Kirity Roy. Le défenseur a alors invité un officier à prendre le micro et à expliquer au public le comportement de la BSF. La BSF a quitté les lieux lorsque les organisateurs ont commencé à utiliser leurs téléphones portables pour filmer la scène.

Le 2 février 2019, la BSF a porté une fausse plainte contre Kirity Roy et les employés de MASUM au poste de police de Jalangi, à Murshidabad, à propos de l'incident du 27 janvier. La plainte stipule que Kirity Roy et les DDH de MASUM sont "sans scrupules" et les accuse de "monter les habitants contre la BSF et les autres forces de l'ordre" et d'avoir tenté de "capturer et enfermer les agents de la BSF".

Ces allégations et menaces d'arrestation et de poursuites judiciaires contre Kirity Roy et MASUM sont des tentatives qui visent clairement à réprimer leur travail en faveur des droits humains et elles représentent une menace grave pour leur sécurité. Front Line Defenders constate avec inquiétude  qu'il s'agit seulement de deux incidents parmi de nombreuses menaces, attaques et fausses plaintes contre Kirity Roy et MASUM.

Kirity Roy est actuellement ciblé par plusieurs fausses affaires, tout comme plusieurs personnes chargées de surveiller les districts, qui n'ont pas pu rentrer chez elles ou poursuivre leur travail en raison des menaces et des violations de leurs droits. Le 1er février 2019, Front Line Defenders a lancé un appel urgent concernant les actes de violence perpétrés contre la défenseuse des droits humains et membre de MASUM Shila Bewa, par des officiers de la BSF près de la frontière entre l'Inde et le Bangladesh.

Front Line Defenders pense que Kirity Roy et MASUM sont pris pour cible à cause de leur travail légitime en faveur des droits humains, en particulier leur travail pour dénoncer les atteintes perpétrées par la BSF, la police et d'autres agents de l'État. Front Line Defenders est extrêmement préoccupée pour l'intégrité physique et psychologique de Kirity Roy et des membres de MASUM.