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Kamal Eddine Fekhar décède en prison à cause de négligences médicales pendant sa grève de la faim tandis que les actions contre les défenseur-ses des droits humains se poursuivent

Statut: 
Décédé
À propos de la situation

Le 28 mai 2019, Kamal Eddine Fekhar est décédé à l'hôpital Frantz Fanon dans la ville de Blida. Il a passé près de deux mois dans la prison de Ghardaia et a entamé une grève de la faim illimitée avec Hadj Ibrahim Aouf. Les deux défenseurs des droits humains ont été victimes de négligences médicales.

About Kamal Eddine Fekhar and Hadj Ibrahim Aouf

Kamal Eddine Fekhar était médecin, fondateur de Tifawt, une fondation qui œuvre pour la protection et la promotion des droits du peuple Amazigh, et il était membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits humains. Hadj Ibrahim Aouf est syndicaliste et défenseur des droits de la minorité Mozabite.

29 Mai 2019
Kamal Eddine Fekhar décède en prison à cause de négligences médicales pendant sa grève de la faim tandis que les actions contre les défenseur-ses des droits humains se poursuivent

Le 28 mai 2019, Kamal Eddine Fekhar est décédé à l'hôpital Frantz Fanon dans la ville de Blida. Il a passé près de deux mois dans la prison de Ghardaia et a entamé une grève de la faim illimitée avec Hadj Ibrahim Aouf. Les deux défenseurs des droits humains ont été victimes de négligences médicales.

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Kamal Eddine Fekhar était médecin, fondateur de Tifawt, une fondation qui œuvre pour la protection et la promotion des droits du peuple Amazigh, et il était membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits humains. Hadj Ibrahim Aouf est syndicaliste et défenseur des droits de la minorité Mozabite.

Suite à la détérioration rapide de leur santé, le 27 avril 2019 Kamal Eddine Fekhar et Hadj Ibrahim Aouf ont  été transférés à l'hôpital de Ghardaia. Ils ont été placés dans une cellule de l'hôpital où ils ont reçu de mauvais soins médicaux. Leur avocat, Salah Dabouz, s'est rendu à l'hôpital et a signalé des conditions inhumaines dans la cellule, les deux défenseur-ses des droits humains étant enchaînés à leur lit et souffrant d'infections de la peau causées par le manque d'hygiène de la cellule.
Leurs nombreuses demandes afin de voir un médecin ont été rejetées. Kamal Eddine Fekhar est décédé le 28 mai 2019 vers 2h des suites de négligences médicales.

Le 31 mars 2019, Kamal Eddine Fekhar a été arrêté près de son lieu de travail avec ses deux enfants. Hadj Ibrahim Aouf a également été arrêté le même jour. Les défenseurs ont été arrêtés pour avoir critiqué les institutions publiques, à savoir l'armée, le parlement et le système judiciaire, suite à une plainte du procureur général de Ghardaia. Ils ont déclaré une grève de la faim illimitée pour protester contre leur détention arbitraire et leurs poursuites. La santé des deux défenseurs des droits humains s'est rapidement détériorée à cause de leur grève de la faim et à cause des négligences médicales à la prison de Ghardaia.

Ce n'est pas la première fois qu'un défenseur des droits humains meurt pendant une grève de la faim en Algérie. Mohamed Tamalt était défefenseur des droits humains et journaliste ; il critiquait ouvertement le bilan du gouvernement en matière de droits humains. Il est décédé le 11 décembre 2016 alors qu'il était détenu depuis le 27 juin 2016. Mohamed Tamalt avait entamé sa grève de la faim après son arrestation pour protester contre le caractère arbitraire de sa détention. Sa santé avait continué à se détériorer rapidement et il avait été transféré dans un hôpital en août 2016. C'est alors que sa famille a remarqué une cicatrice sur sa tête qui pourrait être liée à son décès. Les circonstances entourant le décès de Mohamed Tamalt sont préoccupantes et une enquête impartiale et transparente doit être ouverte sur sa mort.

L'arrestation de Kamal Eddine Fekhar et Hadj Ibrahim Aouf fait partie d'une vague de représailles contre les défenseur-ses des droits humains, journalistes, étudiants militants, syndicalistes et avocats, qui s'est intensifiée depuis le début des grandes manifestations dans le pays. Le 8 avril 2019, l'avocat et ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits humains (LADDH), Salah Dabouz, a été arrêté par les forces de sécurité pendant une réunion dans un restaurant de la capitale. Le défenseur a été conduit à Ghardaia, où il a été interrogé à propos de messages qu'il a postés sur Facebook et dans lesquels il critiquait le système judiciaire. Il a été libéré le lendemain mais placé sous "observation administrative". Dans le cadre de cette procédure, il doit se présenter au poste de police de Ghardaia chaque mercredi, jeudi et dimanche. La ville est située à environ 600km d'Alger, où le défenseur vit et travaille. Cette procédure est une tentative claire visant à empêcher Salah Dabouz de participer aux manifestations dans la capitale.

Selon Salah Dabouz, c'est la première fois depuis 1962 que les autorités algériennes utilisent cette procédure administrative, ce qui illustre leurs efforts visant à empêcher le défenseur d'assister à ses audiences devant la cour et de poursuivre son travail d'avocat en droits humains.

Abdullah Benaoum est défenseur des droits humains et milite sur les réseaux sociaux ; il purge actuellement une peine d'un an de prison à l'isolement, pour des accusations politiques liées à son travail en faveur des droits humains. Le 29 mai 2019 a marqué le 80e jour de sa grève de la faim, qu'il a entamée pour dénoncer ses conditions inhumaines de détention. La santé du défenseur s'est rapidement détériorée en raison de sa longue grève de la faim et de problèmes de santé antérieurs. La famille et l'avocat d'Abdullah Benaoum ont indiqué qu'il se trouve dans un état critique et qu'ils craignent pour sa vie.

Front Line Defenders condamne fermement le traitement inhumain de Kemal Eddine Fekhar en prison et à l'hôpital de Ghardaia, qui aurait provoqué son décès. Front Line Defenders condamne également le harcèlement incessant et les négligences médicales à l'encontre des défenseur-ses des droits humains en Algérie, car cela semble uniquement motivé par leur travail légitime et pacifique pour dénoncer la corruption, l'injustice et les violations des droits humains dans le pays.