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23 Décembre 2019

Déclaration : Visite de Front Line Defenders en Catalogne du 18 au 20 décembre 2019

Le directeur exécutif de Front Line Defenders, Andrew Anderson, a effectué un voyage de recherche et de plaidoyer en Catalogne du 18 au 20 décembre 2019.

Le but de la visite était de mieux comprendre la situation actuelle, les défis et les risques auxquels sont confrontés les défenseur-ses des droits humains en Catalogne et en Espagne grâce à des dialogues directs avec un large éventail d'acteurs. Front Line Defenders a rencontré des organisations de la société civile, des défenseur-ses des droits humains, des représentants du gouvernement catalan et a rendu visite au défenseur des droits humains emprisonné Jordi Cuixart dans la prison de Lledoners. Malheureusement, et malgré des efforts répétés, la délégation du gouvernement espagnol n'était pas disponible pour rencontrer M. Anderson lors de sa visite.

Comme indiqué dans la proposition de Front Line Defenders pour l'EPU 2019 sur l'Espagne, des inquiétudes ont été exprimées quant à l'augmentation des restrictions des libertés de réunion, d'expression et d'association et à propos des attaques contre les défenseur-ses des droits humains en Espagne. Le défenseur des droits humains Jordi Cuixart, président d'Òmnium Cultural, une organisation non gouvernementale fondée pendant la dictature de Franco pour protéger et promouvoir la culture et le patrimoine catalans, purge actuellement une peine de 9 ans de prison pour avoir organisé des manifestations pacifiques. Loin d'être un cas isolé, les défenseurs des droits humains en Espagne sont fréquemment exposés à des plaintes pénales et à des amendes administratives pour restreindre et discréditer leur travail. Le Dr Iñaki Rivera Beiras, directeur de l'Observatori del Sistema penal i els Drets Humans (Observatoire du système pénal et des droits humains) et du Sistema de Registre i Comunicació de la Violència Institucional (Système d'enregistrement et de communication de la violence institutionnelle, SIRECOVI) fait actuellement l'objet de quatre plaintes pénales pour diffamation pour dénonciation publique de torture et de mauvais traitements dans les prisons catalanes et espagnoles. Le Dr Jaime Palomera, porte-parole du Sindicat de Llogateres i Llogaters (Syndicat des locataires), un collectif voué à la défense du droit au logement et à la lutte contre les expulsions, fait également face à des accusations criminelles pour avoir fait campagne et servi d'intermédiaire contre la hausse des prix des locations.

Front Line Defenders est préoccupé par les attaques fréquentes contre ceux et celles qui défendent les droits des migrants, les droits des femmes, les droits des LGBTI+, qui luttent contre le racisme, qui œuvrent pour le droit au logement et pour l'environnement en Espagne, notamment les actes de harcèlement, l'intimidation, la diffamation, la violence en ligne et attaques physiques. En outre, comme cela a été dénoncé précédemment par des experts de l'ONU, la loi organique 4/2015 sur la sécurité des citoyens et le code pénal réformé portent gravement atteinte aux droits de réunion et d'expression en Espagne.

Front Line Defenders renouvelle son appel à la libération de Jordi Cuixart et exhorte les autorités espagnoles à garantir qu'en toutes circonstances tous les défenseur-ses des droits humains en Espagne puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire et la criminalisation. Nous appelons les gouvernements membres du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies à soutenir cet appel lors du prochain examen périodique universel de l'Espagne, ainsi que le Conseil de l'Europe, à surveiller activement les restrictions croissantes à l'encontre des défenseur-ses des droits humains en Espagne.