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10 Novembre 2020

Le défenseur des droits humains mexicain Fredy García détenu arbitrairement depuis plus d'un an

Plus d'un an depuis son arrestation arbitraire le 6 novembre 2019, Fredy García, défenseur des droits humains mexicain renommé, continue de subir de graves violations de ses droits par les autorités. Fredy García a consacré une grande partie de sa vie à la promotion de la justice sociale, de la pluralité, de la démocratie et de la résistance civique dans l'État de Oaxaca. Il est le porte-parole du Comité pour la défense des peuples autochtones (CODEDI), une organisation qui s'engage à protéger les droits des peuples autochtones contre les actions des entreprises extractives dans différentes régions de l'État de Oaxaca. Depuis novembre 2016, du fait de son travail en faveur des droits humains et de son rôle de représentant de l'organisation, le défenseur est victime de harcèlement, de menaces et de criminalisation.

Le 6 novembre 2019, Fredy García a été arbitrairement arrêté alors qu'il se rendait à une réunion à laquelle des fonctionnaires de l'État de Oaxaca l'avaient convié. L'arrestation a eu lieu dans le cadre d'une enquête sur des événements survenus en octobre 2019 dans les hauts plateaux du sud de l'État, où un enquêteur de l'État a été abattu. Après son arrestation, Fredy García a été détenu au secret durant les huit premières heures de sa détention. Il est resté en détention jusqu'au 12 novembre 2019, date à laquelle il a été déféré devant un juge pour des garanties procédurales qui a non seulement qualifié la détention de légale, mais a également ouvert une procédure pénale à son encontre pour les crimes de «blessures» préméditées et malintentionnées, ainsi que pour «vol spécifique» et «vol aggravé». Aucune preuve tangible de ces crimes n'a été présentée contre Fredy García. Le juge a prononcé une mise en détention préventive comme «mesures de précaution», qui le prive injustement de toute liberté depuis plus d'un an.

La procédure pénale ouverte contre Fredy García est entachée d'irrégularités, notamment de nombreux vices de procédure. Bien que selon l'article 20 de la Constitution mexicaine la durée de détention avant d'être jugé pour un délit ne doive pas être prolongée au-delà d'un an, Fredy García a franchi le cap d'un an le 6 novembre 2020. Par ailleurs, le 20 octobre, la date limite pour conclure l'enquête a été atteinte sans qu'une date d'audience ne soit fixée. Les autorités judiciaires utilisent la pandémie de COVID-19 pour justifier la prolongation de la procédure contre Fredy García, par conséquent, le défenseur des droits humains purge en fait une peine de prison pour une peine qui n’a pas été prononcée.

Outre sa privation de liberté arbitraire, Fredy García est toujours victime de graves violations des droits humains en prison. Le 10 juillet 2020, le défenseur a été sévèrement battu et menacé par un groupe de gardiens dans la prison de Tanivet à Tlacolula, Oaxaca. Plus tard, le défenseur a été transféré dans une zone isolée de la prison, où les gardiens ont continué à le frapper et ont menacé de recommencer s'il portait plainte. Après deux jours d'isolement, il a été transféré dans une cellule d'un autre service, où ses conversations téléphoniques ont été limitées à trois minutes et il a été forcé de travailler à l'extérieur, en plein soleil, sans suffisamment d'ombre.

Le 7 février 2020, Fredy García a dénoncé aux autorités pénitentiaires les conditions de détention et le traitement dégradant des détenus, mais il n'a pas reçu de réponse appropriée. Fin mai, le défenseur a également signalé que de nombreux détenus, dont lui-même, présentaient des symptômes du COVID-19, et que la réponse des autorités pénitentiaires était inadéquate et que les détenus n'avaient pas reçu suffisamment de soins. Dans ce contexte, il a déposé un recours pour être protéger auprès du onzième tribunal de district de San Bartolo Coyotepec, Oaxaca, le 2 juillet 2020. La Cour n'a pas encore informé le défenseur de toutes les actions possibles concernant ce recours. En prison, Fredy García poursuit son travail de défense des droits humains en menant des grèves de la faim auxquelles près de 400 détenus se sont joints, pour exiger l'amélioration des conditions dans la prison de Tanivet à Tlacolula.

Les graves violations des droits humains perpétrées contre Fredy García s'inscrivent dans un schéma bien ancré de représailles contre les membres du CODEDI pour leur travail en faveur des droits humains, qui sont notamment la cible de meurtres, de détentions arbitraires, de menaces et de harcèlement. Les auteurs d'une grande partie de ces violations continuent de jouir de l'impunité et font partie d'une stratégie visant à restreindre, punir et entraver le travail légitime des organisations et des défenseur-ses des droits humains à Oaxaca.

Compte tenu de la gravité et de l'importance de ces événements, Front Line Defenders réitère ses appels répétés pour la libération immédiate et inconditionnelle du défenseur des droits humains Fredy García. Front Line Defenders exhorte les autorités mexicaines à ouvrir immédiatement une enquête exhaustive et impartiale sur la torture, les mauvais traitements et les menaces contre Fredy García et à cesser toute tentative visant à criminaliser et harceler tous ceux qui défendent les droits humains au Mexique.