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24 Mai 2024

Inquiétude face à la criminalisation du défenseur des droits humains Obert Masaraure, président national du syndicat des enseignants ruraux du Zimbabwe (Amalgamated Rural Teachers Union of Zimbabwe)

Le 24 mai 2024, le défenseur des droits humains Obert Masaraure a été injustement condamné à une amende de 200 dollars américains (ou à passer 2 mois en prison) et quatre mois de prison avec sursis au cours des 5 prochaines années, sous réserve de bonne conduite. Front Line Defenders pense que cette décision est une tentative visant à réduire au silence les efforts légitimes de défense du syndicat des enseignants ruraux du Zimbabwe (Amalgamated Rural Teachers Union of Zimbabwe – ARTUZ).

Obert Masaraure est président national de l’Amalgamated Rural Teachers Union of Zimbabwe (ARTUZ), un syndicat enregistré qui œuvre depuis 2009 pour défendre le droit du travail des enseignants et pour protéger les écoles, les élèves et les enseignants contre les ingérences et les manipulations politiques.dans les zones rurales du Zimbabwe. Il assure le leadership et la direction de l’organisation et dirige le réseautage et la communication au nom du syndicat. ARTUZ demande au gouvernement de s’attaquer aux salaires et aux conditions de travail misérables que les enseignants ruraux doivent endurer, et de leur fournir un logement et une formation décents, entre autres sujets de préoccupation. ARTUZ a aussi remporté le Prix Front Line Defenders 2022 pour les défenseur·ses des droits humains en danger pour la région Afrique. Il y a deux ans, le 27 mai 2022, Obert Masaraure a reçu le prix à Dublin au nom d’ARTUZ et s’est rendu à Bruxelles pour une série de réunions avec des représentants de l’UE après la cérémonie de remise des prix.

Le défenseur a été condamné le 22 mai 2024 pour « entrave à la justice » après avoir posté un message de solidarité sur X (anciennement twitter) pour demander la libération de l’un de ses collègues, Robson Chere, également membre d’ARTUZ. Le juge a reporté le verdict le 23 mai 2024 après avoir entendu la défense et l’accusation. Il a donc passé une nuit en prison et une nuit en garde à vue. Le 24 mai 2024, Obert Masaraure a été condamné à une amende de 200 USD et à 4 mois de prison avec sursis, sous réserve de bonne conduite.

Au Zimbabwe, des groupes tels que les syndicats professionnels, les DDH et la société civile en général sont pris pour cible lorsqu’ils dénoncent les questions telles que la mauvaise gouvernance, la corruption et la détérioration des droits humains. ARTUZ travaille sans relâche depuis 15 ans pour améliorer les conditions de travail des enseignants, défendre et assurer l’égalité d’accès à l’éducation. Les membres d’Artuz sont arrêtés et agressés à cause de leur travail.

Obert Masaraure a déjà été la cible d’acharnement judiciaire. Le 15 juin 2022, il a été arrêté au poste de police central de Harare et accusé du meurtre du syndicaliste Roy Issa alors qu’il se rendait au poste pour sa convocation de routine dans le cadre de sa libération sous caution. Roy Issa était un jeune militant membre d’ARTUZ décédé dans un accident en 2016. L’arrestation et l’inculpation d’Obert ont eu lieu quelques jours après qu’Obert Masaraure a reçu le prix annuel Front Line Defenders pour les défenseur·ses des droits humains en danger à Dublin, et quelques jours avant les manifestations pacifiques qu’ARTUZ prévoyait d’organiser en juin 2022.

Front Line Defenders est solidaire de tous les membres d’ARTUZ, et exprime sa profonde inquiétude quant aux récents cas d’intimidation et d’acharnement judiciaire à leur encontre. Front Line Defenders pense que la récente condamnation d’Obert Masaraure, ainsi que les autres charges retenues contre lui toujours en suspens, sont un acte de représailles contre son exercice pacifique et légitime de son droit à défendre les droits humains, la liberté d’expression et la liberté de réunion et d’association. Front Line Defenders rappelle aux autorités compétentes que tous les défenseur⸱ses des droits humains au Zimbabwe devraient être en mesure de mener à bien librement et en toute sécurité leur travail important en faveur des droits humains, sans crainte de représailles et sans aucune restriction, y compris l’acharnement judiciaire.