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Hala Ahed

FDDH, avocate

Hala Ahed est une défenseuse des droits humains et avocate jordanienne. Née en décembre 1971 au Koweït, Hala a déménagé à Amman, en Jordanie, à l’âge de 10 ans, et y vit depuis. Hala réalise un travail important dans le domaine des droits humains en Jordanie et est bien reconnue dans la société civile comme une leader et alliée de confiance. Son travail porte sur les droits des femmes, mais dans le contexte politique de la Jordanie, elle travaille également sur la liberté d’opinion et d’expression, le droit du travail et les libertés syndicales.

Depuis le printemps arabe de 2011, des manifestations et des dissensions ont émergé en Jordanie, reflétant le mécontentement croissant à l’égard de la corruption gouvernementale et de l’inégalité des richesses, entre autres. Le gouvernement a établi depuis longtemps des « lignes rouges » pour la dissidence et l’opposition, et utilise des méthodes d’intimidation et de punition comme moyen de maintenir la « stabilité » dans le pays, créant un environnement hostile dans lequel les défenseur⸱ses des droits humains travaillent. Les arrestations arbitraires et la surveillance des défenseur⸱ses des droits humains ont augmenté, ainsi que les restrictions sévères imposées à la liberté d’opinion et d’expression. La société civile est régulièrement scrutée, surveillée et réduite au silence.

Hala a commencé à s’intéresser aux droits humains pendant ses années scolaires, stimulée par son expérience de femme vivant dans une société où la discrimination contre les femmes est toujours une norme. Les femmes en Jordanie luttent toujours pour obtenir les mêmes droits, accès, protections et opportunités que les hommes. En voulant ouvrir la voie à ses propres droits en tant que femme, elle a réalisé qu’elle pouvait ouvrir la voie à toute une génération d’autres femmes.

Après avoir terminé sa licence en droit à l’Université Al-Ahliyya d’Amman, elle est devenue avocate stagiaire au barreau jordanien où elle a travaillé activement au Comité des libertés et des droits humains. Avant d’exercer en tant qu’avocate, elle a travaillé avec différentes organisations (dont la Jordanian Women’s Union), utilisant le plaidoyer, les campagnes et la formation pour lutter contre la traite des femmes et des filles, la violence domestique et les lois discriminatoires.

Malgré son travail et son plaidoyer vitaux, Hala subit diverses formes d’intimidation et de harcèlement ; elle a notamment été convoquée à plusieurs reprises par la Direction du renseignement général jordanien (GID). Les autorités l’ont menacée et sont allées jusqu’à menacer son fils pour l’atteindre. Hala a accru sa légitimité publique en augmentant sa visibilité et son profil public, et en établissant un réseau de soutien qui lui a donné une crédibilité aux yeux du public.

Hala a récemment été victime du logiciel espion numérique Pegasus de NSO mis en place par le gouvernement. Elle était surveillée depuis que son téléphone portable a été infecté par Pegasus en mars 2021. Hala a également été ciblée par des campagnes de diffamation en ligne où des comptes de réseaux sociaux soutenus par le gouvernement ont inondé son compte de publications pour la harceler. Au fil des ans, en tant qu’avocate, Hala a représenté et défendu des défenseurs des droits humains, des activistes, des mouvements de défense des droits, des organisations de la société civile et des syndicats, se faisant ainsi connaître comme une solide alliée de la société civile en Jordanie. Elle a soutenu plusieurs syndicats en les représentant bénévolement, dont le Syndicat des enseignants de Jordanie, qui représente plus de 14 000 enseignants, et l’Agricultural Association. Son travail en matière de droits humains s’étend au-delà de son bureau et de ses livres. Malgré tous les obstacles, les dangers et les restrictions auxquels elle fait face à cause de son travail en faveur des droits humains, Hala continue de se dévouer pour améliorer la situation des droits humains en Jordanie. Elle est reconnue à l’échelle nationale comme une défenseuse des droits humains de premier plan et a reçu de nombreux hommages pour son travail de la part de divers groupes et organisations de défense des droits humains, localement et à l’étranger.

Jordan

Malgré les réformes constitutionnelles de 2011, de nombreuses lois restreignent toujours la liberté d'association, de rassemblement pacifique et d'expression. Ces restrictions ont été renforcées au cours des cinq dernières années au nom de la sécurité nationale et de la lutte contre le terrorisme. Par conséquent, les défenseur·ses des droits humains (DDH) font toujours face à de nombreux défis.

En 2009, la Jordanie a changé sa loi sur les ONG. La nouvelle loi facilite l'enregistrement des groupes, mais renforce l'autorité des fonctionnaires qui peuvent interférer dans leur travail, notamment grâce à une nouvelle clause qui rend obligatoire l'accord du ministère pour recevoir des fonds étrangers. Les autorités envoient généralement des représentants pour surveiller les réunions et les séminaires organisés par les ONG, en particulier lorsque des questions politiques sont au programme. À cause de ce cadre législatif restreint, et à cause de l'interférence systématique des agences de sécurité dans le travail des ONG, de nombreux DDH pratiquent l'autocensure et tendent à éviter les questions sensibles.