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Antécédent de l'affaire: Den Khamlae

Statut: 
Disparu
À propos de la situation

M. Den Khamlae a été vu pour la dernière fois le 16 avril 2016, et plus de deux semaines plus tard, on ignore toujours l'endroit où il se trouve. Le défenseur a été vu pour la dernière fois en train d'entrer dans une forêt près de chez lui dans la communauté de Khok Yao, pour y récolter de la nourriture. Le 25 avril 2016, la femme et les proches du défenseur ont adressé des lettres à plusieurs agences gouvernementales afin d'obtenir leur aide pour retrouver le défenseur disparu.

À propos de Den Khamlae

Den KamlaeDen Khamlae défend le droit à la terre dans la communauté de Khok Yao, dans le district de Kon San, province de Chaiyaphum.  La communauté fait actuellement face à une tentative d'expulsion forcée des terres qu'elle occupe depuis 45 ans. Depuis 2015, Den Khamlae dirige un réseau de villageois locaux qui tentent de réaffirmer leurs droits sur ces terres. Le défenseur est également membre de l'Essan Land Reform Network (ELRN), un syndicat de villageois locaux qui s'oppose au projet de Kon San Forest. Ce dernier a été établi par la Forest Industry Organisation, une entreprise publique, en 1978 et jusqu'à maintenant, il a causé d'importantes destructions dans la zone de la forêt de Laohai, causant l'expulsion de plus de mille villageois.

3 Mai 2016
Disparition du défenseur des droits humains Den Khamlae

M. Den Khamlae a été vu pour la dernière fois le 16 avril 2016, et plus de deux semaines plus tard, on ignore toujours l'endroit où il se trouve. Le défenseur a été vu pour la dernière fois en train d'entrer dans une forêt près de chez lui dans la communauté de Khok Yao, pour y récolter de la nourriture. 

Le 25 avril 2016, la femme et les proches de Den Khamlae ont adressé un courrier urgent aux présidents de la Commission nationale des droits humains, du Comité pour le développement de la découverte des disparus, de l'organisme d'identification des non identifiés et de l'institut central des sciences médico-légales, afin de demander leur aide pour retrouver le défenseur des droits humains. Depuis sa disparition, sa femme, membre de l'ELRN, et la communauté Khok Yao tentent de localiser le défenseur et ont passé au peigne fin la forêt où il a été vu pour la dernière fois. Il n'y a aucune raison de croire que le défenseur des droits humains a été tué par une catastrophe naturelle ou par un animal. Den  ne souffrait d'aucune affection et n'était en conflit personnel avec personne.

Le 17 avril 2016, la femme de Den Khamlae a porté plainte au poste de police de Huay Yang à propos de la disparition de son mari. Cependant, la police n'a ouvert aucune enquête et n'a rien mis en place pour l'aider à retrouver son mari. Pendant les trois premiers jours de recherches, des gardes forestiers de zones proches se sont joints aux villageois pour ratisser la forêt entourant la communauté Khok Yao.

Le 10 mars 2016, un mois avant la disparition de Den Khamlae, des responsables du département des forêts, des militaires et d'autres autorités compétentes, ont fait savoir aux membres de la communauté de Khok Yao qu'ils avaient huit jours pour quitter le territoire qu'ils occupent et qu'ils auraient soi-disant illégalement pénétré sans une zone forestière réservée. Ce n'est pas la première fois que le gouvernement thaï et l'armée tentent d'expulser des membres de la communauté.

Le 6 février 2015, une force conjointe de près de 100 officiers de la police royale thaï, de l'armée royale thaï et du département des forêts se sont rendus dans la communauté de Khok Yao et ont demandé aux membres de la communauté de quitter la région et de détruire leurs constructions et récoltes dans les 18 jours. Les opérations des forces jointes ont été lancées sur ordre du Conseil national de la paix et de l'ordre en 2015 et 2014. Depuis la promulgation de ces ordres, au moins 173 communautés dans neuf provinces du nord de la Thaïlande ont été victimes des opérations des forces conjointes. Le 25 avril 2013, Den Khamlae et sa femme ont été inculpés en appel pour empiètement illégal des terres et occupation et déforestation illégales.

Le 28 août 2012, le tribunal de première instance a reconnu les deux personnes coupables d'avoir violé les articles 54(1) et 72(3) de la loi de la foresterie, les articles 14 et 31 (1) de la loi sur les réserves forestières, et l'article 83 de la loi pénale, et les a condamnés à six mois de prison et à quitter la zone de la forêt qu'ils occupent. Den Khamlae et sa femme ont fait appel de cette inculpation devant la Cour suprême, où leur affaire est toujours en suspens.

Le 29 février 2010, le Conseil des ministres de Thaïlande a adopté des mesures exceptionnelles accordant à la communauté Khok Yao la permission de rester temporairement sur les terres qu'elle occupe. La décision avait été prise après plus de 20 ans de protestation des membres de la communauté et leurs appels aux différentes autorités de l'État afin de pouvoir conserver leurs droits sur ces terres. Le conflit a commencé en 1985-1988, lorsque le gouvernement thaï a commencé à mettre en place une politique de protection et de conservation des forêts ainsi que de la faune et de la flore sauvages. En guise de compensation pour les personnes forcées à quitter leurs terres, le gouvernement a promis deux hectares de terres par personne dans une zone différente. Cependant, il est apparu plus tard que les terres allouées étaient déjà occupées par d'autres personnes. Les membres de la communauté Khok Yao se sont retrouvées sans terre.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par la disparition du défenseur des droits humains Den Khamlae, qui semble uniquement motivée par son travail pacifique et légitime en faveur du droit à la terre dans la province de Chaiyaphum.

Front Line Defenders exhorte les autorités de Thaïlande à: 

1. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur la disparition présumée du défenseur des droits humains Den Kamlar, dans le but de publier les conclusions et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

2. Infirmer immédiatement l'inculpation de Den Khamlae et de sa femme, car Front Line Defenders pense que ces deux personnes sont prises pour cible uniquement à cause de leur travail légitime et pacifique en faveur du droit à la terre dans le pays.

3. Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de la famille de Den Khamlae;

4. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Thaïlande puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.