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Genaro Rincón agressé

Statut: 
Agressé
À propos de la situation

Le 25 septembre 2016, M. Genaro Rincón a été violemment agressé par deux inconnus, d'abord dans un bus puis dans la rue, alors qu'il rentrait chez lui à Santo Domingo. L'agression s'est produite après que l'un des hommes a reconnu le défenseur en tant qu'avocat principal dans une affaire emblématique qui revendique les droits de milliers de descendants de Dominicains d'Haïti rendus apatrides par une décision de la cour constitutionnelle du pays en 2013.

À propos de Genaro Rincón

Genaro RinconGenaro Rincón est avocat en droits humains et fondateur et directeur de la Fundación Derechos Vigentes (Fondation pour les droits en vigueur), une organisation qui se consacre aux contentieux stratégiques dans le but de faire progresser les droits humains. La fondation a défendu avec succès plusieurs affaires contre des brutalités policières, pour les droits des migrants, les droits des minorités et les droits des apatrides, au niveau national ou régional (via le système interaméricain pour les droits humains). Ces dernières années, Genaro Rincón a concentré ses efforts pour protéger les personnes rendues apatrides par le jugement constitutionnel 168-13 de 2013, qui a déchu rétroactivement des dizaines de milliers de personnes de leur nationalité dominicaine, affectant de façon disproportionnée les descendants d'Haïtiens nés dans le pays depuis 1929.

25 Septembre 2016
Agression de Genaro Rincón

Le 25 septembre 2016, M. Genaro Rincón a été violemment agressé par deux inconnus, d'abord dans un bus puis dans la rue, alors qu'il rentrait chez lui à Santo Domingo. L'agression s'est produite après que l'un des hommes a reconnu le défenseur en tant qu'avocat principal dans une affaire emblématique qui revendique les droits de milliers de descendants de Dominicains d'Haïti rendus apatrides par une décision de la cour constitutionnelle du pays en 2013.

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Le 25 septembre 2016, Genaro Rincón a été agressé verbalement par un inconnu alors qu'il se trouvait dans un bus pour rentrer chez lui à Santo Domingo. L'homme lui aurait crié plusieurs fois "la race haïtienne est la pire au monde". Le même agresseur a ensuite répondu à son téléphone en disant "oui, je suis avec lui" et il a commencé à dire à Genaro Rincón "tu es l'un de ces défenseurs". Toujours dans le bus, l'homme a tenté d'asséner un coup de poing au visage du défenseur; le conducteur de bus a alors demandé aux deux hommes, agresseur et défenseur, de descendre du bus.

Genaro Rincón a tenté de résister, mais un second homme l'a poussé dans la rue. Tandis qu'il était au sol, l'un des agresseurs lui a jeté un bloc de ciment, le blessant à la tête, au visage et à la poitrine. Les deux agresseurs lui ont aussi donné des coups de pied en criant "tue-le!". Le défenseur a réussi à se défendre en plantant un stylo dans l'un des agresseurs. Genaro Rincón a ensuite pu prendre la fuite et les agresseurs l'ont insulté et lui ont jeté des bouteilles en verre mais par chance ils l'ont manqué. Le défenseur a cherché de l'aide dans une station service, où les employés ont appelé une ambulance et il a été transporté à l'hôpital.

L'agression du défenseur des droits humains Genaro Rincón a eu lieu tout juste quelques jours après les commémorations publiques du jugement constitutionnel de 2013 qui a rendu des dizaines de milliers de personnes apatrides. Les évènements publics qui ont été largement couverts par les médias nationaux, ont été suivis par une hausse des menaces, actes d'intimidation et insultes sur les réseaux sociaux contre des défenseur-ses des droits humains qui œuvrent pour la protection des droits des apatrides. Genaro Rincón lui-même ainsi que d'autres défenseur-ses des droits humains ont été suivis plusieurs fois par des véhicules non identifiés. Ces incidents menaçants sont assortis de campagnes de diffamation lors desquelles plusieurs personnalités publiques influentes, dont des fonctionnaires du parti au pouvoir le Partido para la Liberación Dominicana (Parti pour la libération dominicaine), et des médias privés, ont pris part. Il convient de noter que l'agression de Genaro Rincón a eu lieu tout juste quelques jours après qu'il a pris la parole devant plusieurs chaines afin de déclarer qu'il rendrait publiques les affaires de 600 apatrides.

Le 23 septembre 2013, lorsque la cour constitutionnelle a rendu son jugement, plusieurs défenseur-ses des droits humains, journalistes, universitaires, avocats, politiciens, parlementaires et autres personnalités publiques ayant critiqué la décision, ont reçu des menaces de la part de soi-disant groupes "nationalistes" et autres personnes. D'après le rapport 2015 de la Commission interaméricaine des droits humains sur la situation des droits humains en République Dominicaine, plusieurs opposants à cette décision ont été taxés de "traitres", menacés et ont même été la cible d'appels publics visant à "mettre à mort les traitres".

Front Line Defenders condamne l'agression du défenseur des droits humains Genaro Rincón, qui est clairement liée à son travail légitime en faveur des droits des personnes apatrides en République Dominicaine. Front Line Defenders appelle l'État à ouvrir une enquête sur l'agression de Genaro Rincón et à traduire les coupables en justice, ainsi qu'à prendre rapidement des mesures pour améliorer l'environnement de racisme et d'intolérance qui favorise les risques pour les défenseur-ses des droits humains et les communautés qu'ils défendent.

Front Line Defenders exhorte les autorités de République Dominicaine à:

1. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur l'agression de Genaro Rincón, dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

2. Prendre toutes les mesures nécessaires, en accord avec le défenseur, pour garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de Genaro Rincón;

3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains qui œuvrent pour les droits des personnes apatrides en République Dominicaine puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.