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19 Mai 2022

#NotACrime : Une campagne en ligne pour appeler le gouvernement algérien à stopper ses assauts contre l’espace civique et les libertés fondamentales

Il y a un an, les autorités algériennes ont mis fin aux manifestations du « Hirak » en faveur de la démocratie dans la majeure partie du pays. Depuis lors, le nombre de poursuites infondées pour terrorisme a grimpé en flèche, des amendements problématiques au Code pénal ont été adoptés, des actions en justice ont été engagées contre les organisations de la société civile et les partis politiques d’opposition, et la répression contre les défenseur⸱ses des droits humains et les médias s’est intensifiée, tandis que les autorités ont continué à faire barrage à l’enregistrement et aux activités des syndicats indépendants. 

#NotACrime est une campagne en ligne visant à attirer l’attention sur la façon dont les autorités algériennes tentent de plus en plus d’étouffer les voix dissidentes et la société civile indépendante. Lancée par 38 organisations algériennes, régionales et internationales, la campagne se déroulera du 19 au 28 mai sur les comptes de réseaux sociaux respectifs des organisations.

La campagne appelle les autorités algériennes à mettre fin à leur répression des droits humains, à libérer immédiatement et sans condition les personnes détenues uniquement pour avoir pacifiquement exercé leurs droits humains, et à permettre à chacun de jouir librement de ses droits. Les personnes soupçonnées d’être responsables de graves violations des droits humains devraient être traduites en justice dans le cadre de procès équitables, et les autorités devraient fournir un accès à la justice et des recours efficaces aux victimes. La campagne appelle tous les individus, les organisations et les parties concernées à contribuer à exiger collectivement la fin de la criminalisation de l’exercice des libertés fondamentales en Algérie, en utilisant le hashtag #NotACrime. 

Selon le défenseur des droits humains Zaki Hannache, au moins 300 personnes ont été arrêtées depuis le début de 2022 (au 17 avril) pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, de réunion pacifique ou d’association, bien que certaines aient été libérées depuis. Les arrestations et les condamnations de militants pacifiques, de syndicalistes indépendants, de journalistes et de défenseur⸱ses des droits humains ont continué sans relâche, même après l’arrêt du mouvement de protestation. Les Algériens emprisonnés pour leur discours ont à plusieurs reprises mené des grèves de la faim — El Hadi Lassouli depuis le 3 mai par exemple — surtout pour protester contre leur détention arbitraire. Selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), ces chiffres sous-représentent la réalité, car de nombreux cas ne sont pas communiqués par crainte de représailles.

La mort en détention de Hakim Debbazi le 24 avril, après son placement en détention préventive le 22 février pour des publications sur les réseaux sociaux, montre ce qui est en jeu lorsque des personnes sont détenues simplement pour avoir exercé leurs droits humains. 

Alors que l’attention internationale sur le pays reste rare, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, dans sa mise à jour au Conseil des droits de l’Homme le 8 mars 2022, a exprimé ses préoccupations au sujet de « l’augmentation des restrictions des libertés fondamentales » en Algérie et a appelé le gouvernement « à changer de cap ». En amont de l’examen du bilan de l’Algérie en matière de droits humains en novembre par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, dans le cadre du processus d’Examen périodique universel, les organisations soussignées expriment leurs vives préoccupations et tiennent les autorités algériennes responsables du dangereux recul dans le pays, notamment du droit d’exprimer son opinion, de se réunir et de s’associer pacifiquement, et de partager et d’accéder à l’information. 

La campagne se poursuivra jusqu’à l’anniversaire de la mort de Kamel Eddine Fekhar, défenseur des droits humains décédé en détention le 28 mai 2019 après une grève de la faim de 50 jours pour protester contre son emprisonnement pour avoir exprimé des opinions critiques à l’égard du gouvernement. Il avait été accusé d’atteinte à la sécurité de l’État et d’incitation à la haine raciale. Le 11 décembre 2016, un journaliste anglo-algérien, Mohamed Tamalt, est également décédé en détention suite à une grève de la faim alors qu’il était emprisonné pour des publications sur Facebook jugées offensantes par les autorités. Les autorités algériennes n’ont pas mené d’enquête adéquate sur ces deux décès.

Exercer les libertés fondamentales de réunion, d’association et d’expression pacifiques et défendre les droits humains n’est pas un crime : #NotACrime. 

Signé :

Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT-France)

Action pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA)

AfricanDefenders (Pan-African Human Rights Defenders Network)

Ligue Algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH)

Amnesty International 

ARTICLE 19

Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA, Algérie)

Syndicat National Autonome des Travailleurs de l'Électricité et du Gaz (SNATEG, Algérie)

Syndicat National Autonome des Personnels de l'Administration et Publique (SNAPAP, Algérie)

Coalition Burkinabé des défenseurs des droits humains (CBDDH)

Coalition Burundaise des défenseurs des droits humains (CBDDH)

Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS) 

Canadians for Justice and Peace in the Middle East (CJPME)

Civil Rights Defenders (Suède)

Collective Action-Detainees (Algérie)

Collectif des Familles des Disparus en Algérie (CFDA)

Confederación Sindical de Comisiones Obreras (CCOO, Espagne)

CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation citoyenne

DIGNITY - Danish Institute against Torture

Euro-Mediterranean Federation against Enforced Disappearances (FEMED)

Euromed Rights

Free Algeria

Front Line Defenders

Confédération générale du travail (CGT, France)

Liggue des droits de l'homme (LDH, France)

Human Rights Watch 

Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH)

International Labour Network of Solidarity and Struggles

International Union of Food, Agricultural, Hotel, Restaurant, Catering, Tobacco and Allied Workers’ Associations (IUF)

Ivorian Coalition of Human Rights Defenders (CIDDH)

Justitia Center for Legal Protection of Human Rights in Algeria

MENA Rights Group

Public Services International (PSI)

Riposte Internationale (Algérie)

Shoaa for Human Rights (Algérie)

Syndicate Union – Solidaires (France)

Tharwa N’Fadhma N’Soumer (Algérie)

Trade Union Confederation of Productive Forces (COSYFOP, Algérie)