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15 Mars 2018

Front Line Defenders condamne l'assassinat de la FDDH brésilienne Marielle Franco et réclame une enquête approfondie

Front Line Defenders condamne l'assassinat choquant de la défenseuse des droits humains brésilienne Marielle Franco, et appelle les autorités brésiliennes à enquêter et à traduire les coupables en justice, y compris toute personne qui pourrait être impliquée dans la planification de cet assassinat. Marielle et Anderson Pedro Gomes, un collègue qui conduisait sa voiture, ont été abattus par deux inconnus, dans ce qui semble être un assassinat ciblé, mercredi 14 mars vers 21h30, rue Joaquim Palhares, à Rio de Janeiro. Un autre passager du véhicule a été blessé par des éclats de balles.

Deux semaines avant son assassinat, Marielle avait été nommée Rapporteuse d'une commission spéciale établie par le conseil de la ville de Rio, pour superviser le rôle de l'armée qui prend les fonctions de la polie à Rio de Janeiro. Il y a tout juste trois jours, elle avait dénoncé dans un message posté sur Twitter la mort de deux jeunes pendant une opération de la police militaire dans la communauté d'Acari. "Nous devons parler haut et fort afin que tout le monde sache ce qu'il se passe en ce moment à Acari. Le 41e Bataillon de la police militaire de Rio de Janeiro terrorise et bafoue les droits des habitants d'Acari. Cette semaine, deux jeunes ont été tués et jetés dans un fossé. Aujourd'hui, la police est passée dans les rues en menaçant les habitants. Ce genre de chose a toujours eu lieu, mais l'intervention de l'armée aggrave les choses".

Le 8 mars, alors qu'il parlait à la 37e Session du Conseil des droits de l'Homme à Genève, le Haut commissaire aux droits de l'Homme Zeid Ra’ad Al-Hussein a déclaré: "Au Brésil, je suis préoccupé par la récente adoption d'un décret qui confère aux forces armées autorité pour lutter contre le crime dans l'État de Rio de Janeiro et qui place la police sous le commandement de l'armée".

Marielle Franco était une militante communautaire depuis de nombreuses années, avant de devenir conseillère municipale en 2016. En tant qu'Afro-brésilienne, la défenseuse plaidait pour le droit au logement de certains des habitants les plus pauvres et les plus marginalisés de la ville, elle défendait les droits des femmes et les droits LGBT, et œuvrait contre le racisme systémique. Elle était devenue experte dans le domaine du maintien de l'ordre et critiquait sans détour la violence qui accompagne souvent la présence de l'armée et de la police dans les favelas de Rio.

En 2017, Front Line Defenders et ses partenaires brésiliens ont constaté que le pays était le plus meurtrier au monde pour les défenseur-ses des droits humains, comme l'indique son Rapport annuel sur les défenseur-ses des droits humains en danger, avec 67 DDH tués en 2017.

Dans cet environnement dangereux, l'assassinat d'une DDH si renommée que Marielle, envoie un message glaçant aux autres DDH du pays, en particulier ceux qui surveillent et dénoncent les violations des droits humains à Rio de Janeiro. Par conséquent, Front Line Defenders insiste afin que les autorités brésiliennes traduisent tous les coupables en justice, y compris toute personne ayant participé à la planification ainsi qu'à l'exécution de cet assassinat, même s'il l'enquête conclut à l'implication de la police ou de l'armée.

Front Line Defenders va suivre étroitement la situation des DDH à Rio de Janeiro dans le contexte du maintien de l'ordre par l'armée et en gardant à l'esprit que dans de nombreux endroits, lorsque les forces militaires prennent de telles fonctions civiles, on constate souvent une hausse des violations des droits humains. Le rôle de la société civile, des défenseur-ses des droits humains et des mouvements sociaux est devenu de plus en plus important pour surveiller de telles situations et ils font souvent face à un danger de plus en plus important pour accomplir leur travail.