Menaces et harcèlement policier contre Onesima Riquelme Lienqueo

Le 5 juin 2019, des organisations de défense des droits humains chiliennes ont fait appel (recours d'amparo) pour la protection de la défenseuse des droits humains Mapuche Onesima Riquelme Lienqueo devant la cour de Temuco, Araucania. L'appel est une réponse à une série d'incidents de sécurité contre la défenseuse, notamment la hausse des actes d'acharnement policier dont elle fait l'objet.

Download the Urgent Appeal

Onesima Riquelme Lienqueo est une défenseuse des droits humains et éducatrice Mapuche. Elle est porte-parole de la Red por la Infancia Mapuche, un réseau qui promeut les droits des enfants Mapuche. Onesima Riquelme Lienqueo est reconnue à Araucania pour son travail autour de l'éducation multiculturelle et des droits des enfants Mapuche.

La défenseuse accompagne actuellement un mineur qui est témoin dans le procès du meurtre de Camilo Catrillanca, le petit-fils d'un leader Mapuche tué par la police.

Le 16 novembre 2018, Camilo Castrillanca a été abattu d'une balle dans la tête par des policiers chiliens alors qu'il rentrait chez lui. Son affaire est emblématique de la violence contre le peuple Mapuche et de l'impunité dont bénéficient les agents de l'État chilien.

Onesima Riquelme Lienqueo est impliquée dans l'affaire de Camilo Castrillanca car elle accompagne un témoin clé du procès et pour cela, elle est suivie et harcelée par la police dans les rues de Temuco et de Nueva Imperial. Le 28 mai 2019 vers 13h, à son retour chez elle après une déposition, la défenseuse des droits humains a remarqué que la porte de sa maison était ouverte mais rien ne manquait à l'intérieur. Quelques minutes plus tard, une voiture de police s'est arrêtée devant sa maison et elle y est restée jusqu'à 18h. À une autre occasion, la mère de la défenseuse a reçu des appels téléphoniques menaçants lui intimant l'ordre de rester silencieuse et d'arrêter de dénoncer les atteintes contre les droits des enfants Mapuche.

Ce n'est pas la première fois qu'Onesima Riquelme Lienqueo est ciblée à cause de son travail en faveur des droits humains. Elle est menacée et harcelée depuis 2016.

Les défenseur-ses des droits humains chilliens dénoncent la vague de criminalisation contre les communautés Mapuche, qui se traduit par une forte surveillance policière, l'utilisation de tanks, de boucliers anti-émeute et de fusils, ainsi que par un usage de la force inapproprié contre le peuple Mapuche.

Les communautés Mapuche ont renforcé l'organisation de leur lutte collective après la transition démocratique chilienne. Depuis des décennies, les défenseur-ses des droits du peuple Mapuche appellent le gouvernement chilien à accorder à leur peuple une autonomie juridictionnelle, à leur permettre de revenir sur leurs terres ancestrales et à respecter leur identité culturelle. Cependant, les autorités ont fait appliquer la loi contre le terrorisme sélectivement pour criminaliser la résistance pacifique des Mapuche et leurs revendications.

Front Line Defenders est préoccupée par le harcèlement et les menaces contre Onesima Riquelme Lienqueo ainsi que contre tous les autres témoins qui veulent que justice soit rendue dans l'affaire Catrillanca. Front Line Defenders est également préoccupée par le traitement discriminatoire incessant du peuple autochtone Mapuche par les autorités chiliennes, qui se reflète dans leur négligence et dans la criminalisation de la lutte collective de ce peuple pour les droits humains.