Assassinat du défenseur des droits humains Narciso Beleño

Le 21 avril 2024, le leader social paysan et défenseur des droits humains Narciso Beleño a été abattu alors qu’il entrait dans sa maison à Santa Rosa, dans la région de Bolívar, en Colombie.

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Le leader paysan et défenseur des droits humains Narciso Beleño, était président de la Federación Agrominera del Sur del Bolívar et membre du Coordinador Nacional Agrario (CNA). Pendant plus de trois décennies, il s’est efforcé de défendre le territoire et la communauté paysanne du sud de Bolivar contre la présence de groupes paramilitaires qui isolaient et déplaçaient de force les communautés de la région. Il a été l’un des principaux défenseurs de la réforme agraire dans le pays, promouvant la restitution des terres et l’utilisation durable des ressources naturelles sur le territoire. Dans toutes ces fonctions, il a œuvré sans relâche pour la construction de la paix pour les territoires.

Dans la nuit du 21 avril 2024, le défenseur des droits humains était en train d’entrer dans sa maison dans la ville de Santa Rosa lorsqu’une personne non identifiée lui a tiré dessus à plusieurs reprises. Il est décédé sur le coup. Quelques heures avant son assassinat, il avait dénoncé la présence continue de groupes paramilitaires dans le sud du Bolívar, qui ont entamé une nouvelle incursion depuis le 18 avril 2024.

La Federación Agrominera del Sur del Bolívar avait déjà signalé, à plusieurs reprises, que ses représentants avaient reçu des menaces contre leur vie et leur sécurité. Cette fédération subit des attaques de la part de groupes paramilitaires, notamment des menaces, des disparitions et des assassinats, ainsi que des persécutions de la part d’agents de l’État, notamment des tentatives d’emprisonnement, des enquêtes et une stigmatisation en les accusant de faire partie de groupes paramilitaires. Depuis 2009, les leaders de la Fédération bénéficient de mesures de précaution de la part de la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) en raison de la situation à haut risque à laquelle ils sont confrontés.

Après l’assassinat du défenseur des droits humains, plus précisément le 22 avril 2024, le représentant du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits humains en Colombie a condamné cet homicide et a reconnu l’importance du travail de Narciso Beleño dans la défense des droits humains à San Lucas. Le représentant a demandé aux autorités d’enquêter, de poursuivre et de punir les responsables de cet assassinat. Le représentant spécial du secrétaire général et chef de la mission de vérification des Nations unies en Colombie ont également condamné l’assassinat et appelé les autorités à protéger les leaders sociaux qui œuvrent en faveur de la consolidation de la paix.

Front Line Defenders condamne l’assassinat du défenseur des droits humains Narciso Beleño et exprime son inquiétude face aux menaces constantes à l’encontre des défenseur⸱ses des droits humains, liées à leur travail légitime, en particulier face aux groupes criminels armés sur leurs territoires. Front Line Defenders exprime également son inquiétude quant aux attaques récurrentes contre les défenseur⸱ses des droits humains qui bénéficient de mesures de protection et qui avaient déjà signalé la situation à haut risque à laquelle ils sont confrontés.

Front Line Defenders exhorte les autorités colombiennes à :

• Condamner publiquement l’assassinat du leader social paysan et défenseur des droits humains Narciso Beleño ;
• Lancer une enquête immédiate, approfondie et impartiale sur l’assassinat de Narciso Beleño afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal compétent et impartial et d’appliquer les sanctions prévues par la loi colombienne ;
• Prendre des mesures pour mettre fin aux attaques perpétrées contre les défenseur⸱ses des droits humains en Colombie, en leur permettant de poursuivre leurs activités sans crainte de représailles, conformément aux obligations internationales de la Colombie en matière de droits humains ;
• Fournir des mesures de protection efficaces aux défenseur⸱ses des droits humains confrontés à des situations à haut risque, adaptées à leur contexte, et répondre rapidement à la situation préoccupante à laquelle ils sont confrontés dans le pays.
• Garantir qu’en toutes circonstances, tous les défenseur·ses des droits humains en Colombie, puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.