Back to top

Menaces contre José Vicente Murillo Tobo

Statut: 
Menacé
À propos de la situation

Le 2 avril 2017, le défenseur des droits humains José Vicente Murillo Tobo a reçu un sms et des appels le menaçant à cause de son travail en faveur des droits humains en Colombie.

À propos de José Vicente Murillo Tobo

jose_vicente_murillo_tobo.jpg

José Vicente Murillo Tobo est leader du Movimiento Político de Masas Social y Popular del Centro Oriente de Colombia (mouvement politique des masses sociales et populaires du centre est de la Colombie), porte-parole national de la Cumbre Agraria, Campesina, Étnica y Popular (Sommet agraire, paysan, ethnique et populaire) et membre du Congreso de los Pueblos (congrès des peuples). Le Movimiento Político de Masas Social y Popular del Centro Oriente de Colombia est une organisation paysanne qui lutte pour le droit à la terre et pour les droits des personnes marginalisées, telles que les populations autochtones et les personnes afro-descendantes, dans la région centre-est de la Colombie. La Cumbre Agraria, Campesina, Étnica y Popular a été formée lors des grèves agricoles qui se sont déroulées en 2013 en Colombie à cause des prix bas des produits agricoles sur le marché international. La Cumbre rassemble différents mouvements autochtones, afro-descendants, paysans et populaires dans le but de proposer un nouveau modèle pour renforcer leurs droits et leur travail.  Le Congreso de los Pueblos est un mouvement social qui rassemble différents secteurs et acteurs sociaux. Depuis son lancement en 2010, il a joué un rôle important pour la mobilisation sociale en Colombie, notamment les grèves agricoles de 2013, 2014 et 2016.

 

7 Avril 2017
Menaces contre José Vicente Murillo Tobo

Le 2 avril 2017, le défenseur des droits humains José Vicente Murillo Tobo a reçu un sms et des appels le menaçant à cause de son travail en faveur des droits humains en Colombie.

Download the Urgent Appeal (PDF)

Dans l'après-midi du 2 avril 2017, José Vicente Murillo Tobo a participé à une table ronde d'échange culturel pour le dialogue et la réconciliation entre l'organisation pour le peuple autochtone, Uwa Nation, le Movimiento Político de Masas Social y Popular del Centro Oriente de Colombia et le gouvernement colombien. Après la réunion, le défenseur a été menacé par sms et par téléphone à cause de son travail. La personne a dit s'appeler Camilo, et a dit être leader d'Águilas Negras (Aigles noirs), une organisation paramilitaire colombienne. Camilo a dit "on doit te parler, on sait où tu vas, on sait pour qui tu travailles, tu dois suivre les instructions que l'on va te donner, sinon on va décider de la suite".

Entre le 21 et le 22 mars 2017, à l'occasion d'une série d'actions coordonnées, la police et l'armée ont mené des perquisitions et arrêté plusieurs leaders sociaux et défenseur-ses des droits humains dans le département de Bolivar, dont des membres du Congreso de los Pueblos. L'État colombien a déjà accusé des leaders sociaux d'être liés à des groupes de la guérilla sans preuve concrète.

Front Line Defenders est préoccupée par le nombre d'assassinats, d'agressions, de menaces, d'actes d'intimidation et d'actions violentes contre les défenseur-ses des droits humains en Colombie. Le 2 mars 2017, l'assassinat de Ruth Alicia Lopez Guisao a fait monter le nombre de leaders communautaires assassinés dans le pays à 25 depuis le début de l'année 2017. La défenseuse travaillait avec les populations autochtones et était membre du Congreso de los Pueblos. Dans son rapport annuel 2017, qui couvre la période entre janvier et décembre 2016, Front Line Defenders a signalé 281 assassinats de défenseur-ses des droits humains à travers le monde. 86 de ces assassinats ont été perpétrés en Colombie, faisant d'elle le pays où l'on compte le plus grand nombre d'assassinats de DDH.

Selon un rapport du bureau de l'Ombudsman colombien, 156 leaders sociaux et défenseur-ses des droits humains ont été tués au cours des 14 derniers mois. De plus, 5 disparitions, 33 attaques et plus de 500 menaces ont été répertoriées. Selon l'Ombudsman, Carlos Alfonso Negret Mosquera: "l'une des principales causes de ce phénomène est la tentative des groupes armés illégaux d'occuper les territoires anciennement contrôlés par les FARC".

En novembre 2016, le gouvernement colombien a signé un accord de paix avec les rebelles des Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (Forces armées révolutionnaires de Colombie, FARC), mais cela ne rend pas le pays plus sûr pour les militants autochtones et les défenseur-ses des droits humains. Bien que tout prouve le contraire, le gouvernement continue d'affirmer que ces assassinats ne sont ni systématiques, ni liés à des activités paramilitaires, et refuse de reconnaitre la cause de ces morts au lieu d'agir pour que cela n'arrive pas.

Front Line Defenders est préoccupée par ces dernières menaces proférées contre le défenseur José Vicente Murillo Tobo à cause de son travail en faveur des droits humains et de son rôle important au sein de sa communauté et des organisations. Front Line Defenders fait part de ses préoccupations quant à la stigmatisation des leaders sociaux en Colombie, en particulier les défenseur-ses des droits humains qui travaillent dans des zones historiquement affectées par la présence de groupes armés illégaux.

Front Line Defenders exhorte les autorités colombiennes à :

1. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur les menaces et les actes d'intimidation contre José Vicente Murillo Tobo, dans le but de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

2. Prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique de José Vicente Murillo Tobo, ainsi que de tous les membres du Congreso de los pueblos, et des autres organisation populaires en Colombie;

3. Cesser immédiatement de cibler les défenseur-ses des droits humains en Colombie et garantir qu'en toutes circonstances ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles, y compris l'acharnement judiciaire.