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Ali Abdoulaye Témoignage

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Ali Abdoulaye Témoignage

L’ONG VIE Kande Ni Bayra du Niger conduit des programmes d’éducation alternatives au bénéfice de communautés les plus démunies dans un pays parmi les plus pauvres de la planète. Les jeunes qui ne peuvent plus, à cause de leur âge, s’inscrire à l’école sont pris en charge jusqu’à ce qu’ils/elles rattrapent leur classe d’âge.

Les femmes et les hommes sont alphabétisés et mis dans un réseau d’échanges où ils/elles développent des compétences d’analyse et d’expression pour se prendre en charge leurs préoccupations.

Nous travaillons essentiellement avec des agences des nations unis (FAO, UNFPA, UNICEF) et des agences de Coopération.

Au Niger, aujourd’hui, toute dénonciation qui touche à la responsabilité du régime est systématiquement étiquetée comme une action de déstabilisation ourdi par l’opposition.

Cela permet de clouer le bec de la société civile y compris des syndicats.

Je suis tombé dans le viseur du régime ou disons de certaines personnes zélées utilisant leur position par ce que j’ai alerté que la famine qui touchaient plusieurs ménages bouleversait les performances scolaires des enfants. J’ai appuyé l’annonce en fournissant des exemples de cas rapportés par des enseignant-e-s dont entre autre celui d’un enfant à qui son père, à la mi-journée, a conseillé de prendre un peu d’une argile spécifique extraite des profondeurs d’un puits, afin de calmer sa faim le temps que sa famille trouve quelque chose d’autre à lui fournir.

Juste pour cette annonce à travers les médias, j’ai été détenu arbitrairement durant 38 jours par le Service Général de la sécurité de l’Etat.

Le gouverneur de la région, présenta la situation comme une insulte téléguidée par des opposants à l’encontre des efforts du régime. Il organisa des montages inqualifiables suivi d’un lynchage médiatique destructeur pour traumatiser mon entourage.

Une organisation de la société civile a même été mis à contribution pour véhiculer la fausse version au niveau international.

L’intervention de Front Line Defenders qui a directement écrit au président de la république et qui a été relayé par les média locaux et une cyberaction très active a considérablement atténué la situation.

La persécution s’est néanmoins poursuivie. J’ai été soumis, avec ma femme, à une série d’auditions à la police judiciaire et à des contrôles humiliants à la maternité officielle, pour exiger de nous la preuve que nos deux jumeaux nés entre leurs mains ne sont pas des bébés achetés au Nigeria.

Face à ces harcèlement, j’ai résisté en me mettant dans la posture de la citation de HASSAN II, qui disait qu’« Il ne faut pas perdre son temps à avancer des arguments de bonne foi face à des gens de mauvaise foi ».

Nonobstant le maintien de notre version des faits, 17 mois après, le ministre de l’intérieur lève la suspension et 5 jours plus tard nous infligea une nouvelle sanction plus sévère pour, écrivait-il, « activité contraire à l’ordre public » parce que nous avons écrit qu’il ne méritait pas d’être remercié après tout le mal qu’il a fait.

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Au Niger, aujourd’hui, toute dénonciation qui touche à la responsabilité du régime est systématiquement étiquetée comme une action de déstabilisation ourdi par l’opposition. Cela permet de clouer le bec de la société civile y compris des syndicats.