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28 Octobre 2016

État d'urgence pour les défenseur-ses des droits humains du Rondônia

Le 24 octobre 2016, le Comité brésilien pour les défenseur-ses des droits humains a mis en garde au sujet du nombre alarmant d'assassinats et de menaces de mort contre des défenseur-ses des droits humains dans l'État amazonien de Rondônia. Depuis janvier 2016, au moins 17 défenseur-ses du droit à la terre ont été tués, ce qui représente 30% des défenseur-ses tués à cause de conflits relatifs à la terre dans le pays.

Le Comité brésilien pour les défenseur-ses des droits humains a alerté les procédures spéciales du Conseil des droits de l'Homme, notamment le Rapporteur spécial pour les défenseur-ses des droits humains, M. Michel Forst, et la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, Mme Victoria Tauli-Corpuz, à propos du nombre élevé d'assassinats et de menaces de mort dans l'État de Rondônia. Selon les chiffres donnés par la Commission des terres pastorales, le Rondônia compte le nombre d'assassinats le plus élevé relatifs à des conflits terriens, avec 20 décès touchant les populations autochtones, les quilombolas, les paysans, les sans-terre, les écologistes, les travailleurs ruraux et les leaders communautaires depuis 2015. Cependant, en date du 17 octobre, les chiffres de 2016 dépassent déjà ceux de 2016. Les organisations de la société civile demandent que l'État enquête de façon approfondie et poursuive les coupables pour les crimes perpétrés à ce jour et prenne des mesures immédiates pour protéger la sécurité et l'intégrité des défenseur-ses des droits humains et leurs familles.

Parmi les défenseur-ses des droits humains tués cette année, Front Line Defenders a soulevé le cas de Nilce de Souza Magalhães auprès des autorités. Le 21 juin 2016, le corps de Nilce de Souza Magalhães a été retrouvé près du barrage d'Usina Hidrelétrica à Jirau, Porto Velho. Peu avant, le 15 janvier 2016, un homme avait été arrêté et avait avoué son meurtre lors d'un braquage, mais il s'est échappé de prison peu de temps après. La défenseuse avait disparu le 7 janvier 2016. Nilce "Nicinha" de Souza Magalhães était l'une des leaders du Movimento dos Atingidos por Barragens - MAB (Mouvement populaire des personnes affectées par les barrages), un mouvement social fondé dans les années 1970 pour plaider en faveur des droits des personnes affectées par la construction de barrages. Nilce de Souza Magalhães dénonçait activement les exactions perpétrées par le consortium Energia Sustentável do Brasil - ESBR (énergies durables du Brésil), notamment en lançant des poursuites civiles et pénales contre la construction de l'Usina Hidrelétrica. À ce jour, personne n'a été poursuivi pour sa mort et ses collègues pensent toujours que son assassinat est un acte de représailles contre son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains.