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20 Mai 2020

L’acharnement judiciaire contre le défenseur des droits humains Muhammed Ismail persiste malgré la pandémie

Les autorités pakistanaises doivent mettre fin à leur acharnement judiciaire à l'encontre du défenseur des droits humains Muhammed Ismail et de sa femme Uzlifat Ismail et abandonner toutes les charges retenues contre eux, ont déclaré CIVICUS, la FIDH, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et Front Line Defenders. Le défenseur des droits humains est accusé en vertu de la loi antiterroriste et de la loi pakistanaise sur les crimes électroniques et il est actuellement en liberté conditionnelle, que la Federal Investigative Agency (Agence fédérale d’enquête) du Pakistan a tenté de révoquer. Sa prochaine audience pour déterminer le montant de la caution est prévue le 18 mai 2020.

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Muhammed Ismail est le secrétaire général du Pakistan NGO Forum (PNF), un organisme de tutelle de plusieurs organisations de la société civile (OSC) au Pakistan. En juillet 2019, lui et son épouse ont été accusés en vertu de la loi antiterroriste. L'affaire a été portée contre lui dans le cadre de l'acharnement judiciaire qui cible sa fille, Gulalai Ismail, à cause de son travail en faveur des droits humains. Gulalai Ismail est persécutée par les autorités pour son plaidoyer pacifique pour les droits des femmes et des filles, et ses efforts visant à mettre fin aux violations des droits humains contre le peuple Pachtoune au Pakistan. Elle a été contrainte de quitter le pays par crainte pour sa sécurité.

Le 24 octobre 2019, Muhammed Ismail a été enlevé de force devant la Haute Cour de Peshawar par des hommes non identifiés. Lorsqu'il a été retrouvé, il était placé en détention préventive à l’unité des cybercrimes de la Federal Investigation Agency. Il a été inculpé en vertu de la loi pakistanaise sur les crimes électroniques pour "discours de haine" et "diffusion de fausses informations contre les institutions gouvernementales", et détenu pendant plus d'un mois dans des conditions qui peuvent paraître similaires à des traitements cruels, inhumains et dégradants avant d'être libéré sous caution et placé en liberté conditionnelle le 25 Novembre 2019. Les charges pèsent toujours contre lui.

L'épouse de Muhammad Ismail, Uzlifat Ismail, s'est vu refuser le renouvellement de son passeport en novembre 2019, car son nom a été inscrit sur la liste de contrôle de sortie, ce qui lui interdit de quitter le pays.

Nos organisations estiment que les charges retenues contre Muhammed Ismail et sa femme, qui semblent avoir été portées par les autorités pour faire taire Muhammad Ismail et sa fille Gulalai, ne sont pas fondées. Un tel harcèlement judiciaire met en évidence l'environnement hostile dans lequel les défenseur-ses des droits humains, les journalistes et d'autres membres de la société civile au Pakistan exercent leur liberté d'expression et critiquent l'État.

Le 20 avril 2020, Muhammed Ismail a été convoqué à une audience du tribunal après que la Federal Investigation Agency a interjeté appel pour révoquer sa libération conditionnelle. Ni lui ni son avocat n'ont été officiellement informés de l'audience et aucune raison n'a été donnée pour expliquer pourquoi la Cour a accepté l'appel pour révoquer la libération conditionnelle. L'audience a été reportée au 18 juin. Les autorités ont également gelé son compte bancaire.

Nous condamnons les tentatives des autorités pakistanaises visant à révoquer sa libération sous caution et à le remettre en détention pour des accusations infondées. Nous sommes particulièrement alarmés qu'il puisse être renvoyé en prison pendant la pandémie de COVID-19, qui expose les prisonniers dans des prisons surpeuplées à un risque élevé de contracter le virus. Compte tenu de la mauvaise santé, de l’âge et des conditions de détention de Muhammed Ismail, une nouvelle détention pourrait se révéler fatale. En mars 2020, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme a appelé à la libération des prisonniers politiques, les taux d'infection au COVID-19 ayant augmenté de manière spectaculaire dans le monde entier.

Les autorités doivent immédiatement mettre fin à la persécution politique de Muhammed Ismail et sa famille. Nous demandons également aux autorités de prendre des mesures immédiates pour garantir que tous les défenseur-ses des droits humains au Pakistan puissent mener leurs activités légitimes sans entrave ni crainte de représailles, notamment en mettant fin à l'utilisation abusive des lois draconiennes pour cibler ceux qui parlent ouvertement.

 

CIVICUS: World Alliance for Citizen Participation

Front Line Defenders

FIDH, dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des droits humains

Orgnisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des droits humains