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8 Mars 2021

Journée internationale des droits des femmes : Les violences sexospécifiques continuent de prendre la vie des femmes défenseuses des droits humains et journalistes au Mexique

Mexico City et San José, 8 mars 2021 - Selon les données d'organisations de la société civile, au cours de l'année 2020, au moins sept défenseuses des droits humains au Mexique, dont trois femmes trans et une journaliste, ont été tuées en représailles contre leur travail en faveur des droits humains et de la liberté d'expression. De plus, au moins cinq tentatives de meurtre contre des défenseuses ont été recensées.

Durant la première année de la pandémie, au moins 1528 attaques contre des femmes journalistes, des défenseuses et d'autres collectifs de femmes ont été documentées dans le pays. Parmi celles-ci, 49% étaient dirigées contre des défenseuses des droits humains, 38% contre des femmes journalistes et les 13% restants contre des collectifs et des organisations. Les agressions les plus courantes étaient la calomnie ; les campagnes de diffamation ; des actes d'intimidation et de harcèlement psychologique ; des menaces ; les restrictions à la liberté d'expression et à la liberté de réunion ; ainsi que la criminalisation.

Les organisations soussignées ont en particulier constaté qu'au moins 10 mobilisations de femmes ont été confrontées à certaines formes de restrictions. Les restrictions comprenaient le piégeage physique, les menaces et l'intimidation, les agressions contre les journalistes, l'usage excessif de la force, les détentions arbitraires, la violence sexuelle, la criminalisation des militantes et des manifestantes, la diffamation, l'incitation à la violence et les discours de haine sur les réseaux sociaux contre les féministes et les manifestantes.

Les femmes trans et LGBQ+ sont toujours victimes de discriminations, d'un accès restreint aux droits sociaux et économiques, de graves risques sanitaires et de violences. Les défenseuses trans sont particulièrement exposées au risque de crimes haineux et aux violences sexistes ; pourtant il n'y a toujours pas de bilan officiel des crimes haineux basés sur l'orientation sexuelle et l'identité des genres au Mexique.

En cette Journée internationale des droits des femmes, les organisations soussignées reconnaissent que le contexte de crise généré par la pandémie de COVID-19 a conduit à une augmentation des violences perpétrées contre les femmes qui défendent les droits humains et la liberté d'expression, dont l'intégrité et la vie sont menacées en raison des risques ; cela a également détérioré les conditions pour accomplir leur travail, et l'État n'a pas pris de mesures spécifiques pour leur protection.

Compte tenu de ces événements, nous appelons l’État mexicain à reconnaître les risques encourus par les femmes qui défendent les droits humains et la liberté d’expression dans le pays et à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir des espaces et des conditions sûrs pour qu'elles puissent exercer leur travail.

Nous rappelons que la Cour interaméricaine a souligné l’obligation spéciale de l’État de protéger les défenseurs-se des droits humains, ce qui comprend, entre autres, la promotion d’une culture de légitimation et de protection du travail des défenseur-ses des droits humains ; la création d'un modèle d'analyse des risques permettant de déterminer correctement les risques et les besoins de protection de chaque défenseur-se ou groupe ; la conception de plans de protection qui répondent au risque particulier de chaque défenseur-se et aux caractéristiques de son travail ; et la fourniture de ressources humaines et financières suffisantes pour répondre aux besoins réels de protection des défenseur-ses. Dans le cas des défenseuses des droits humains, outre ces obligations, l’État a l'obligation supplémentaire d'agir avec la diligence requise.

Nous appelons le ministère de la Sécurité et de la Protection des citoyens, les 32 parquets et les forces de sécurité aux niveaux étatique et municipal à prévenir les actes de violence contre les femmes manifestantes et à garantir des actions conformes aux normes internationales lors de leurs interventions durant les manifestations qui ont lieu aujourd'hui. Nous appelons également la justice à réagir aux actes de violence qui peuvent se produire contre les manifestantes, tant de la part d'acteurs privés que de fonctionnaires ; et nous appelons à la prévention et aux enquêtes sur les attaques contre les défenseuses et journalistes sur les réseaux sociaux et les appels à la violence contre la mobilisation féministe.

Dans le même esprit, nous exhortons l'État mexicain et les autorités des États fédéraux à respecter leurs obligations internationales en ce qui concerne l'adoption de mécanismes de contrôle indépendants des actions des forces de sécurité dans le cadre de la contestation sociale, afin de garantir que les multiples violations signalées en 2020 contre les manifestations libres dans différentes parties de la République ne se reproduisent pas.

En cette Journée internationale des droits des femmes, nous réaffirmons notre engagement aux côtés des femmes qui consacrent leur vie à défendre les droits humains et qui exercent leur droit à la liberté d'expression au Mexique et en Amérique Latine. Nous continuerons à marcher avec elles jusqu'à ce que le fait de défendre les droits, s'exprimer et informer les autres ne leur coûtent plus la vie.

Centre for Justice and International Law (CEJIL)
CSO Space for the Protection of Human Rights Defenders and Journalists
ARTICLE 19
Casa del Migrante Saltillo
Centro Mexicano de Derecho Ambiental (CEMDA)
Centro de Derechos Humanos de la Montaña Tlachinollan
Centro de Derechos Humanos Zeferino Ladrillero (CDHZL)
Centro Nacional de Comunicación Social (Cencos)
Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos (CMDPDDH)
Consorcio Para el Diálogo Parlamentario y Equidad, Oaxaca A.C
Instituto de Derecho Ambiental A.C. (IDEA)
JASS Asociadas por lo Justo
Red Nacional de Organismos Civiles de Derechos Humanos Todos los Derechos para Todas y Todos (RedTDT)
SMR Scalabrinianas, Misión con Migrantes y Refugiados;
Servicios y Asesoría para la Paz (Serapaz)
The CSO Space is accompanied by Peace Brigades International (PBI)
Front Line Defenders
Mesoamerican Initiative of Women Human Rights Defenders
National Network of Women Human Rights Defenders in Mexico