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Liu Jie

Liu Jie

DDH
New York Times - Article
2012

Lorsqu'ils m'ont libérée de la chaise, mes jambes étaient noires à cause des ecchymoses.

Liu Jie est une défenseuse des droits humains de la province de Heilongjiang. Depuis deux décennies, elle appelle le gouvernement chinois à adopter des réformes juridiques et politiques et elle aide les groupes marginalisés afin que justice leur soit rendue lorsque leurs droits sont bafoués. Elle organise et sensibilise des groupes de personnes pour demander réparation au gouvernement et elle milite en faveur des travailleurs migrants. Elle lance également des pétitions et les envoie au gouvernement central avant les réunions annuelles en appelant à une plus grande libéralisation politique et à des réformes légales. Elle milite avec ferveur pour l'abolition du système de rééducation par le travail, qui permet l'envoi de personnes dans ces camps pendant trois ans sans procès, et elle a été détenue et maltraitée de nombreuses fois à cause de son plaidoyer.

Avant sa première période de détention prolongée en 2007, Liu et d'autres organisateurs avaient passé deux mois à sonder les pétitionnaires et à collecter des signatures pour une lettre ouverte adressée aux dirigeants du PCC: "Démocratie constitutionnelle: la base pour aborder les doléances sociales". Ils ont collecté 12150 signatures grâce à des pétitionnaires présents dans de nombreuses provinces, qui s'étaient rendus à Pékin pour porter plainte contre leurs mauvais traitements de la part des autorités locales; beaucoup d'entre eux ont en effet été harcelés et victimes de brutalités policières. En novembre 2007, elle a été condamnée à 18 mois de camp de rééducation par le travail pour avoir "instigué des troubles" et "perturbé l'ordre social". Liu Jie aurait été torturée dans le camp. En 2008, elle a été attachée à une chaise pendant une semaine, une punition redoutable appelée "le banc du tigre". Elle a été privée de nourriture et d'eau pendant plusieurs jours et s'est évanouie plusieurs fois. En décembre 2013, elle a de nouveau été condamnée à 18 mois de prison pour avoir continué son travail en faveur des droits humains après sa libération. Pendant cette période, elle a été diagnostiquée avec un cancer, mais la libération pour raison médicale lui a été refusée.

China

Les défenseur-ses des droits humains en Chine travaillent dans un environnement extrêmement hostile et, depuis que le président Xi Jinping est au pouvoir, leur espace est encore plus restreint. Les DDH chinois agissent dans de nombreux domaines et sont avocats, journalistes, universitaires, militants pour la transparence, le logement et le droit à la terre, blogueurs, écrivains, militants contre le sida et promeuvent les droits des minorités ethniques. Peu importe le domaine dans lequel ils travaillent, les DDH qui mettent en lumière les exactions, qui défient les autorités ou qui forment des réseaux de soutien pour leurs collègues emprisonnés, sont tous victimes de représailles orchestrées par le gouvernement. Cela va du harcèlement quotidien et actes d'intimidation contre les membres de leurs familles aux détentions, disparitions, tortures et incarcérations.