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Radio Salmon

Statut: 
Menaces et intimidation
À propos de la situation

Le 30 mars 2017 vers 10 heures, le coordinateur de l'équipe de communication d'El Salmón et reporter de Programa Radial Reporte Colombia (programme radio reportage Colombie) a été menacé de mort lors d'un appel anonyme. Les menaces étaient liées à son travail de reportage sur l'affaire environnementale intentée contre la Colosa, et ont été proférées alors qu'il couvrait le processus de consultation publique à Cajamarca.

À propos d'El Salmón

Radio SalmonLe projet El Salmón vise à mobiliser la société par le biais de différents points de vues des secteurs démocratiques et progressistes, d'expériences et de positions alternatives. Son objectif est d'entrer dans un dialogue socialement sensible qui encourage des procédures critiques et participatives pour la défense de la dignité et de la diversité comme éléments de la reconstruction sociale en Colombie.

4 Avril 2017
Menaces et actes d'intimidation contre des DDH participant à la consultation publique de Cajamarca

Le 30 mars 2017, un membre du personnel du journal El Salmón a reçu un appel d'un inconnu qui a proféré des menaces de mort à son encontre et contre d'autres défenseur-ses des droits humains et organisations qui participent à la consultation publique de Cajamarca.

La consultation publique de Cajamarca est un référendum qui a eu lieu le 26 mars 2017 dans le but de consulter la population locale à propos du projet de mine d'or de La Colosa, à Cajamarca, département de Tolima. Plus de 98% des 6000 personnes ont voté contre le projet et les activités minières menées dans la municipalité de Cajamarca. Le résultat a été suivi par des célébrations dans la communauté mais aussi par une hausse des menaces de mort et des actes d'intimidation. Les organisations et les défenseur-ses des droits humains ont milité contre les exactions perpétrées dans le cadre du projet et des activités minières. L'exploitation des ressources dans la municipalité a été entreprise sans l'autorisation préalable et sans la consultation des populations locales.

Le 30 mars 2017 vers 10 heures, le coordinateur de l'équipe de communication d'El Salmón et reporter de Programa Radial Reporte Colombia (programme radio reportage Colombie) a été menacé de mort lors d'un appel anonyme. Les menaces étaient liées à son travail de reportage sur l'affaire environnementale intentée contre la Colosa, et ont été proférées alors qu'il couvrait le processus de consultation publique à Cajamarca. Les menaces ont été proférées par un inconnu qui s'est présenté en disant "nous". L'homme a averti le reporter et ses collègues que malgré la "sécurité" présumée des employés d'El Salmón, son "groupe" connait leur travail, sait où il vivent et où ils travaillent, et il leur a dit de mettre fin à leur plaidoyer contre les projets miniers à Cajamarca, sinon ils devraient en subir les conséquences.

Le 25 mars 2017 vers 7h, des membres du Comité Ambiental en Defensa de la Vida - CADV (comité environnemental pour la défense de la vie) et d'autres défenseur-ses des droits humains ont également été menacés et intimidés par sms. Le message leur demandait d'arrêter leur travail contre le "processus de développement" qu'apportent les projets miniers dans la région. Le CADV est un comité de défenseur-ses des droits humains, d'organisations, de fondateurs et activistes qui a pour but de promouvoir l'action publique et le plaidoyer pour la défense du droit à l'eau, à la vie, à la terre, et le droit collectif à un environnement sain. L'organisation a plaidé pour qu'une consultation publique ait lieu et a milité contre le méga-projet minier de La Colosa et ses impacts prévisibles sur l'environnement de la région. Le CADV est membre du Network for Economic, Social and Cultural Rights – ESCR-Net, dont Front Line Defenders est également membre.

La municipalité de Cajamarca est située dans le département de Tolima, l'une des régions clés pour le développement de méga-projets miniers en Colombie. L'entreprise AngloGold Ashanti possède 60% des licences minières de Cajamarca, mais n'a pas encore reçu la licence d'exploitation de La Colosa. De nombreux défenseur-ses des droits humains ont demandé que le gouvernement respecte les résultats du référendum et bloque l'entreprise pour qu'elle ne poursuive pas d'autres projets dans la ville. Selon les dispositions de la convention 169 de l'organisation internationale du travail, l'État doit organiser une consultation préliminaire auprès de la population autochtone locale affectée par les projets sur leurs terres, et doit obtenir leur consentement libre et informé avant de pourvoir commencer le travail.

Le 27 mars 2017, le ministre colombien des Mines et de l'Energie, Amilkar Acosta Medina, a indiqué que la consultation publique de Cajamarca ne constituait pas un engagement et que les autorités pouvaient donner une licence environnementale pour que le méga-projet minier de La Colosa ait lieu. Les organisations locales réfutent ces déclarations, affirmant que les résultats de la consultation populaire doivent constituer un engagement, conformément à la loi 136 de 1994, dans laquelle l'article 33 stipule que (...) "Lorsque le développement de projets touristiques, miniers ou autres, menace de créer un changement significatif de l'usage de la terre, entrainant la transformation des activités traditionnelles de la ville, une consultation publique doit être organisée conformément à la loi".

Le ministre des Mines et de l'Energie et les autres autorités de Colombie ont taxé la consultation publique d'acte politique, sans conséquences juridiques sur l'exploitation des ressources de Cajamarca. Bien que les dispositions juridiques internationales et nationales requièrent une consultation préalable des communautés locales, les autorités tentent de faire perdre toute légitimité au référendum, affirmant que la consultation publique ne peut pas "changer les lois nationales établies". La délégitimisation par les hautes autorités contribue à faire en sorte que le travail pacifique des défenseur-ses des droits humains pour défendre leurs terres et leurs ressources soit considéré contre la loi et cela accentue le risque d'attaques et de menaces.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par les dernières menaces et les actes d'intimidation contre les employés d'El Salmón et les autres défenseur-ses des droits humains à Cajamarca. Front Line Defenders craint que les déclarations du ministre colombien des Mines et de l'Energie et d'autres autorités exposent les défenseur-ses des droits humains qui participent à la consultation à plus de risques, depuis qu'ils ont été accusés d'être contre la loi et contre le développement du pays.

Front Line Defenders exhorte les autorités colombiennes à :

1. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur les actes d'intimidation et les menaces proférées contre les défenseur-ses des droits humains qui ont participé à la consultation publique de Cajamarca, dans le but de publier les conclusions et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

2. Prendre les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité des défenseur-ses des droits humains qui ont participé à la consultation publique;

3. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Colombie, puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.