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Léon Nkubiri Mbeba menacé après avoir documenté des atteintes aux droits humains dans le cadre d'un projet financé par la Banque Mondiale

Statut: 
Threatened
À propos de la situation

Depuis deux ans, le défenseur des droits humains Léon Nkubiri Mbeba, basé à Goma en République Démocratique du Congo, est menacé de mort, victime de tentatives d'enlèvements et d'une campagne de diffamation, à cause de son travail pour documenter et dénoncer les violations des droits humains perpétrées par la Société Zhengwei Technique Coopération (SZTC), une entreprise chargée de la mise en œuvre d'un projet de développement des routes financé par la Banque Mondiale. Plus récemment, en février 2019, le défenseur a reçu des appels téléphoniques menaçants et des gens ont tenté de soudoyer sa famille en leur demandant que Léon Nkubiri Mbeba mette un terme à son travail.

À propos d'Léon Nkubiri Mbeba

Leon Nkubiri MbebaLéon Nkubiri Mbeba est coordinateur du Réseau d’aide aux Femmes et Enfants Nécessiteux - RAFEN, une association basée à Goma qui documente, surveille et dénonce les violations des droits humains perpétrées contre les femmes et les enfants, qui sensibilise les survivants à propos de leurs droits et qui les renvoit vers différentes ressources. Le RAFEN travaille avec le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés et le Fond de l'ONU pour les populations pour soutenir les survivants d'exactions.

27 Février 2019
Léon Nkubiri Mbeba threatened following documentation of human rights violations related to a World Bank-funded project

Depuis deux ans, le défenseur des droits humains Léon Nkubiri Mbeba, basé à Goma en République Démocratique du Congo, est menacé de mort, victime de tentatives d'enlèvements et d'une campagne de diffamation, à cause de son travail pour documenter et dénoncer les violations des droits humains perpétrées par la Société Zhengwei Technique Coopération (SZTC), une entreprise chargée de la mise en œuvre d'un projet de développement des routes financé par la Banque Mondiale. Plus récemment, en février 2019, le défenseur a reçu des appels téléphoniques menaçants et des gens ont tenté de soudoyer sa famille en leur demandant que Léon Nkubiri Mbeba mette un terme à son travail.

Télécharger l'appel urgent

Léon Nkubiri Mbeba est coordinateur du Réseau d’aide aux Femmes et Enfants Nécessiteux - RAFEN, une association basée à Goma qui documente, surveille et dénonce les violations des droits humains perpétrées contre les femmes et les enfants, qui sensibilise les survivants à propos de leurs droits et qui les renvoie vers différentes ressources. Le RAFEN travaille avec le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés et le Fond de l'ONU pour les populations pour soutenir les survivants des violations des droits humains.

Début 2017, le RAFEN a été informé de plusieurs abus perpétrés par des employés de la SZTC, une entreprise de construction chinoise en charge de la construction de la route Bukavu-Goma, dans le cadre du Projet de réouverture et d’entretien des routes hautement prioritaires en RDC (ProRoutes) financé par la Banque Mondiale. Le RAFEN a recensé plusieurs cas de violences sexuelles et sexistes, dont des viols, perpétrées par des employés de la SZTC contre des femmes et des filles qui vivent à proximité des sites de construction du projet ProRoutes. Il a également signalé des cas où la SZTC fait travailler des enfants, ainsi que des pertes de moyens de subsistance car la SZTC a refusé de payer les services et les produits de carrières et d'entreprises de constructions locales.

Après avoir documenté ces abus, Léon Nkubiri Mbeba et plusieurs de ses collègues du RAFEN ont dirigé des survivants vers des avocats locaux à Bukavu et à Goma afin de préparer deux affaires et les présenter devant le parquet dans les deux villes. Le 10 avril 2017, Léon Nkubiri Mbeba a contacté par e-mail les bureaux de la Banque Mondiale à Kinshasa pour les alerter de ces incidents et des deux affaires désormais devant la justice. Suite à cet e-mail, il les a recontactés plusieurs fois par téléphone en juin 2017 mai il n'a jamais eu de réponse. Le 3 août, Léon Nkubiri Mbeba et un collègue ont envoyé une requête au panel d'inspection (PI) de la Banque Mondiale afin qu'il effectue une inspection du projet ProRoutes à Goma, en se basant sur les atteintes qu'ils ont recensées. Suite à cette requête, le 13 septembre 2017, le PI a publié une lettre pour confirmer qu'elle remplissait les critères de recevabilité.

Le 27 septembre 2017, après la publication de la demande d'inspection du projet ProRoutes à Goma, Léon Nkubiri Mbeba a commencé à recevoir des menaces par téléphone. Les personnes qui appellent anonymement ont menacé de l'arrêter et de le tuer à cause de son travail. Après une visite du PI sur le site de construction du 6 au 11 novembre 2017, Léon Nkubiri Mbeba a reçu des menaces de mort le 20 novembre 2017 ; le RAFEN pense que ces menaces de mort sont liées aux conclusions du PI publiées le 21 novembre 2017, qui a confirmé que des violations des droits humains avaient bien eu lieu. Après avoir reçu l'accord du Conseil pour enquêter sur le projet ProRoutes, le PI a publié un plan d'enquête le 13 décembre 2017 et a mené cette enquête du 17 au 31 janvier 2018. Pendant toute cette période, Léon Nkubiri Mbeba a informé plusieurs fois les membres du PI et de la Banque Mondiale concernés à propos des menaces proférées contre lui.

Léon Nkubiri Mbeba et le RAFEN ont participé à la visite du PI à Goma, dans le cadre de l'enquête, à condition de rester anonymes. Le 26 février 2018 et le 9 avril 2018, il a été la cible de deux tentatives d'enlèvement perpétrées par des inconnus qui portaient des casques. À ce moment-là, Léon Nkubiri Mbeba et le RAFEN accompagnaient deux survivants au tribunal pour leurs affaires liées au projet ProRoutes. Le 9 novembre 2018, Léon Nkubiri Mbeba a échappé à une troisième tentative d'assassinat, lors de laquelle il a été passé à tabac et blessé. Le RAFEN pense que cette tentative d'enlèvement était liée à la publication, à l'automne 2018, d'un rapport d'enquête du PI.

En 2019, Léon Nkubiri Mbeba reçoit toujours des menaces ; les 6 et 8 février, il a reçu des appels téléphoniques anonymes où un individu lui disait de rester sur ses gardes car il a refusé d'assister à une réunion organisée par la Banque Mondiale avec des acteurs de la société civile et les communautés affectées, au sujet du plan d'action ProRoutes, le 12 février 2019. Le défenseur a refusé de participer à la réunion car il n'y avait pas de mesures de sécurité adaptées pour garantir sa sécurité avant, pendant et après la réunion. Le 9 et le 12 février 2019, un groupe de représentants du SZTC, le chef du village et le commandant de la police du village ont rendu visite à son frère ainé et à son frère cadet à Tongo Butale. Lorsque la délégation est arrivée chez les frères de Léon Nkubiri Mbeba, ils leur ont proposé 8500 dollars US chacun, en liquide, et ont conseillé à sa famille de prendre de l'argent et de convaincre Léon d'arrêter de porter des affaires en justice et de parler du projet. La famille a dit qu'après avoir refusé l'argent, la délégation les a menacés de les expulser du village pour causer tant de problèmes et pour bloquer le développement de la communauté. Des rumeurs ont également circulé en ville à propos de la famille de Léon Nkubiri Mbeba; elles disaient qu'il travaille contre le développement et contre les intérêts de la communauté.

Front Line Defenders condamne les menaces et actes de harcèlement contre Léon Nkubiri Mbeba et sa famille, car il semble que le défenseur soit pris pour cible à cause de son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains en République Démocratique du Congo.