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Détention arbitraire du défenseur des droits humains Carlos Rodríguez

Statut: 
Détention arbitraire
À propos de la situation

Le 10 novembre 2020, le défenseur des droits humains Carlos Rodríguez a été arbitrairement arrêté par des agents de la police nationale alors qu'il demandait des dossiers de détention dans un poste de police et aidait des jeunes détenus qui manifestaient dans le centre de Lima. Le défenseur a été libéré le 11 novembre 2020 et fait l'objet d'une enquête pour «résistance à l'autorité».

À propos de Carlos Rodríguez

Carlos Rodríguez est membre du réseau SOS-Torture de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et conseiller juridique de la Coordinadora Nacional de Derechos Humanos (CNDDHH), une coalition de la société civile qui défend et promeut les droits humains au Pérou depuis longtemps. Depuis 2016, Carlos apporte une assistance juridique aux communautés de Chancay qui sont la cible d'acharnement judiciaire par des compagnies minières de la région.

16 Novembre 2020
Détention arbitraire du défenseur des droits humains Carlos Rodríguez

Le 10 novembre 2020, le défenseur des droits humains Carlos Rodríguez a été arbitrairement arrêté par des agents de la police nationale alors qu'il demandait des dossiers de détention dans un poste de police et aidait des jeunes détenus qui manifestaient dans le centre de Lima. Le défenseur a été libéré le 11 novembre 2020 et fait l'objet d'une enquête pour «résistance à l'autorité».

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Carlos Rodríguez est membre du réseau SOS-Torture de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et conseiller juridique de la Coordinadora Nacional de Derechos Humanos (CNDDHH), une coalition de la société civile qui défend et promeut les droits humains au Pérou depuis longtemps. Depuis 2016, Carlos apporte une assistance juridique aux communautés de Chancay qui sont la cible d'acharnement judiciaire par des compagnies minières de la région.

Le 10 novembre 2020, Carlos Rodríguez a été arbitrairement arrêté par des policiers en civil au poste d'Alfonso Ugarte. Carlos Rodríguez se trouvait au poste de police pour fournir une assistance juridique à des jeunes arrêtés alors qu'ils participaient pacifiquement à des manifestations contre la destitution du président Martín Vizcarra. Il a été arrêté après avoir refusé de donner son téléphone et ses papiers personnels aux policiers en civil qui l'ont abordé. Les officiers ont affirmé que Carlos Rodríguez, par son refus d'obtempérer, a résisté à l'autorité et ils l'ont arrêté. Le défenseur a été détenu jusqu'à 14h le 11 novembre 2020, lorsque le 43e parquet a ordonné sa libération. Il fait l'objet d'une enquête pour "résistance à l'autorité".

Plus de 600 policiers ont été déployés dans le centre de Lima, dont beaucoup ont eu recours à la violence, notamment en utilisant des gaz lacrymogènes, des plombs et des coups de feu en l'air pour disperser des manifestants. Au moins 40 personnes ont été arrêtées au cours des manifestations, dont 25, y compris Carlos Rodríguez, ont été arbitrairement détenues au poste de police Alfonso Ugarte. Outre le recours disproportionné à la force, l'avocate en droits humains Mar Pérez, également membre de la CNDDHH, a dénoncé un certain nombre d'irrégularités lors des manifestations, telles que l'utilisation d'agents infiltrés dans les manifestations appartenant au soi-disant groupe Terna de la brigade verte. Elle a évoqué des exemple d'agents infiltrés qui ont empêché des détenus de bénéficier d'une assistance juridique ou qui ont rédigé des ordres de détention en l'absence d'un procureur de permanence. Les manifestants dénoncent aussi les très nombreux contrôles d'identités pendant les manifestations ce qui permet aux autorités de garder des traces des personnes qui y participent.

Le cas de Carlos Rodríguez n'est pas un cas isolé ; dans sa déclaration de fin de mission suite à sa visite au Pérou en janvier 2020, l'ancien Rapporteur spécial sur la situation des défenseur-ses des droits humains, Michel Forst, a noté que l'accusation de «violence et résistance à l'autorité» est fréquemment utilisée pour criminaliser les défenseur-ses des droits humains participant à des manifestations pacifiques. À cet égard, Front Line Defenders est en aussi préoccupée par l'utilisation de nouvelles lois adoptées dans le cadre de la pandémie de COVID-19, comme le décret suprême N°006-2020-IN, utilisé pour restreindre le droit de réunion pacifique. Selon les informations reçues par Front Line Defenders, la criminalisation des défenseur-ses des droits humains et des manifestants pacifiques est de plus en plus courante dans le contexte de la pandémie.

Bien que Front Line Defenders salue la libération du défenseur des droits humains Carlos Rodríguez, elle reste préoccupée par l'enquête pénale dont il fait l'objet, ainsi que par l'usage excessif de la force par la police contre les manifestants, dont le droit de réunion pacifique a été violemment réprimé. Front Line Defenders est profondément préoccupée par le fait que les attaques et la détention de Carlos Rodríguez font partie d'une stratégie plus large de harcèlement et de violence contre les défenseur-ses des droits humains et la société civile qui exercent leur droit de manifester pacifiquement au Pérou.