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Agissez au nom de Vincent Machozi

Statut: Assassiné

Vicent Machozi
Mail: 

M. Augustin Matata Ponyo,

Premier Ministre et Président du Comité de Pilotage de l'entité de liaison pour les droits de l'Homme,

Avenue RoiBaudouin, n° 5

Kinshasa/Gombe

République Démocratique du Congo

 

 

Fax: 

(+243) 81 555 55 81

Votre Excellence,

Le 23 Mars 2016, le corps de l'éminent défenseur des droits humains, Prêtre Vincent Machozi, a été mis au repos trois jours après son assassinat par des hommes non identifiés en uniforme de l'armée dans le village de Vitunguu-Sale, près de la ville de Butembo.

Vincent Machozi était un prêtre et défenseur des droits humains catholique qui avait documenté les violations des droits humains dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis plusieurs années avant sa mise à mort. Son objectif fut celui d'exposer et demander justice pour les atrocités commises par toutes les parties pendant la guerre civile du pays, en mobilisant les témoins et les victimes de la violence à faire rapport sur les violations des droits humains qu'ils avaient observés ou dont ils ont été victimes. Il a créé un site web, Beni Lubero en ligne, comme une plate-forme pour le stockage et la diffusion d'informations sur ces violations des droits humains. Le défenseur des droits humains a également été étroitement impliqué dans les efforts de transformation des conflits impliquant des dirigeants de sa communauté de Nande, une tribu majeure en RDC, tout en travaillant pour obtenir justice pour des milliers de victimes de la violence de masse ciblant sa communauté.

Le 20 Mars 2016, vers minuit, dix hommes armés en uniforme de l'armée congolaise ont pris d'assaut le Centre « Mon Bon Village » dans le village de Vitungwe-Isale, à 15 km de Butembo dans le territoire de Beni, où le père Machozi avait rejoint les leaders Nande traditionnels pour une discussion sur la paix dans la région. Les hommes armés ont trouvé Machozi dans la cour du Centre, où il travaillait sur son ordinateur portable, et où ils ont procédé à ouvrir le feu sur lui. Il est mort immédiatement.

Le défenseur des droits humains avait déjà reçu plusieurs menaces de mort à la suite de son travail sur les droits humains. En 2003, il a été contraint de se réfugier aux États-Unis. Il est resté hors de son pays pendant près d'une décennie, avant de revenir en 2012 pour reprendre son travail, et continuer de demander justice pour les violations des droits humains commises dans le pays. Il a utilisé le site web qu'il avait lancé comme une plate-forme pour dénoncer ce qu'il considérait comme une collusion entre des groupes armés, l'élite politique et divers intérêts des entreprises dans la «balkanisation» des régions de l'Ituri et du Kivu de la RDC, à des fins d'exploitation illicite de minéraux , en particulier le coltan.

Quelques jours avant l'attaque, le Prêtre Machozi a publié un article en ligne dénonçant l'implication et la complicité des autorités congolaises et rwandaises dans le massacre de civils innocents dans le cadre de ce qu'il décrit comme l'implication du Rwanda dans les régions du Kivu et de l'Ituri. Le défenseur des droits humains a dénoncé des cas où des citoyens rwandais ont été trouvés en possession d'armes et d'explosifs qui auraient été utilisés contre des civils en RDC.

Je condamne fermement l'assassinat du défenseur des droits humains Prêtre Vincent Machozi et pense qu'il a été ciblé en raison de son travail légitime en faveur des droits humains.
 
Front Line Defenders demande instamment aux autorités de la RDC de:

1. Condamner fermement l'assassinat du défenseur des droits humains Prêtre Vincent Machozi;

2. Mener immédiatement une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur l'assassinat du défenseur des droits humains Prêtre Vincent Machozi, afin d'en publier les résultats et de traduire les responsables en justice selon les standards internationaux;

3. Veiller à ce que tous les défenseurs des droits humains en République Démocratique du Congo, exerçant leurs activités légitimes de défense des droits humains, soient en mesure d'opérer sans restrictions ni représailles, y compris le harcèlement judiciaire.

Je vous prie d'agréer l'expression de ma haute considération,