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16 Février 2018

Soudan: Maintien de la répression et des détentions arbitraires contre les défenseur-ses des droits humains

MISE A JOUR: Les défenseuses des droits humains Amal Habani et Nahid Jabrallah ont été libérées le 18 février 2018. Le défenseur Mohamed Aldouma a été libéré le 19 février 2018.

Un mois s'est écoulé depuis que les forces soudanaises ont lancé une vague de répression contre les défenseur-ses des droits humains et nombre d'entre eux sont toujours en détention.

Le Dr Amgad Fareid Eltayeb, arrêté le 18 janvier 2018 à Omdurman, est toujours détenu. Le Dr Amgad Fareid Eltayeb est un défenseur qui écrit sur la coopération entre l'UE et le Soudan pour prévenir la migration, et en particulier sur l'implication des Rapid Support Forces RSF (Forces de soutien rapide), dans la détention de demandeurs d'asile à la frontières soudanaise, notamment des réfugiés érythréens.

Son collègue, le défenseur des droits humains Mohamed Aldouma, président du Barreau du Darfour, a été arrêté lors d'une manifestation à Omdurman le 17 janvier 2018. Les autres défenseur-ses arrêtés sont notamment Amal Habani, coordinatrice de No Oppression Against Women Initiative in Sudan, journaliste et lauréate du prix Ginetta Sagan 2014 décerné par Amnesty International. La défenseuse a été arrêtée le 16 janvier lors d'une manifestation rue Al-Qasr à Khartoum par les forces de sécurité. Nahid Jabrallah est directrice du Sima Centre for Training and Protection of Women and Children's Rights et a été arrêtée pendant une manifestation à Khartoum le 16 janvier.

Au cours des derniers mois, plusieurs personnes arrêtées au Soudan ont donné des témoignages personnels au sujet des actes de torture et mauvais traitements qu'ils ont subis en prison. Selon certaines sources, les centres de détention du Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) sont froids, manquent d'air frais et de lumière du jour, et l'accès aux toilettes est limité.

Les détenus souffrants de problèmes de santé se voient aussi refuser des traitements médicaux. Les agents du Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) ont arrêté plus de 200 personnes depuis le 11 janvier 2018. Quatre membres de l'organisation No Oppression Against Women Initiative, Rashida Shamseldein, Ihsan Fagiri, Najlaa Norin et Gomaria Omer, ont été citées à comparaitre.

D'autres personnes arrêtées depuis le 11 janvier 2018 incluent le défenseur, universitaire, économiste et leader politique Sidgi Kabalo, qui souffre de diabète et qui a besoin de soins médicaux. Les journalistes Rashan Oshi du journal Mijhar Alsyasi et Imtnan Alrady du journal Alyom Altali ont été arrêtés le 16 janvier. Le journaliste et producteur Shawgi Alazeim et le reporter de l'AFP Abdelmoniem Abuidreis ont été respectivement arrêtés les 16 et 17 janvier. Le reporter de Reuters Khalid Abdelaziz a lui aussi été arrêté à Khartoum. Ces journalistes parlaient de l'impact social des mesures d'austérité mises en place par le gouvernement ainsi que de la réponse violente des forces de sécurité contre des étudiants.

Osman Hassan Salih, un avocat en droits humains qui aide les victimes d'exactions au Kordofan du nord, a été arrêté le 10 janvier par les forces de sécurité. Ali Abo Elgasim, un autre avocat, a été arrêté le même jour. Un ordre de 6 mois de détention d'urgence a été prononcé contre les deux avocats. Ils sont tous les deux détenus sans accès à leur avocat et ne sont pas autorisés à recevoir les visites de leur famille.

Le cas de Sara Nugdallah, politicienne, professeure d'université et défenseuse des droits des femmes, arrêtée à Omdurman le 18 janvier et placée en détention, est également préoccupant. La femme âgée de 62 ans souffre de troubles cardiaques et a récemment été opérée. Les forces de sécurité refusent de la transférer dans un hôpital spécialisé pour traiter ses besoins critiques.

Au Kordofan du Sud, près de 117 étudiants ont été arrêtés lors d'un raid contre une manifestation à l'université d'Aldalang, le 12 janvier, organisée en réponse à la fusillade meurtrière perpétrée par les Forces armées soudanaises où deux étudiants, Zahra Eltigani et Suliman Abdulkarien, ont été tués la veille.

Les manifestations contre la hausse du cout de la nourriture au Soudan ont commencé le 7 janvier 2018, lorsque que le gouvernement a décidé de couper les aides. Les forces de sécurité soudanaises ont répondu aux manifestations en employant la force de manière excessive, provoquant la mort d'un manifestant et en blessant plusieurs autres, ainsi que par une vague de répression contre les journalistes et les militants.

Front Line Defenders condamne la répression continue menée par les forces de sécurité soudanaises et les arrestations massives visant les défenseur-ses des droits humains.