L'Angola préside le Conseil de sécurité mais refuse de libérer un défenseur des droits humains
L'Angola préside le Conseil de sécurité des Nations unies à New York durant ce mois de mars 2016. Les autorités angolaises semblent fières de ce fait [1] et ont souligné leur volonté de s'engager dans la construction de la paix et de la stabilité dans le monde, notamment dans la région des Grands Lacs en Afrique centrale. L'Angola est également activement engagé dans d'autres institutions et mécanismes de l'ONU, tels que le Conseil des droits de l'Homme et les organes de traités de l'ONU. Pourtant, au niveau national, l'Angola continue à ne pas tenir compte des recommandations de l'ONU au sujet de sa propre situation des droits humains. Il est clair que l'Angola a des ambitions de leadership ; cependant, pour que ces ambitions se réalisent, le gouvernement doit montrer un engagement clair envers et pour le respect des droits humains.
L'Angola ne tient pas compte des recommandations faites par les organes des droits de l'Homme.
Le 28 septembre 2015, le groupe de travail de l'ONU sur les détentions arbitraires (UNWGAD), le Rapporteur spécial sur la situation des défenseur-ses des droits humains, le Rapporteur spécial sur le droit à la liberté de réunion pacifique et d'association, et le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’expression, ont conjointement écrit au gouvernement angolais afin de lui faire part de leurs préoccupations concernant l'arrestation arbitraire et les charges portées contre José Marcos Mavungo.[2]. Le gouvernement n'a pas répondu.
Le 3 décembre 2015, dans son avis No. 47/2015, l'UNWGAD a conclu que la privation de liberté de José Marcos Mavungo était arbitraire et qu'elle violait le droit international. L'UNWGAD a ensuite appelé les autorités angolaises à libérer José Marcos Mavungo immédiatement et à lui accorder un dédommagement pour les préjudices subis.
José Marcos Mavungo a été arrêté le 14 mars 2015 puis condamné au mois de septembre à six ans de prison pour sa participation dans l'organisation d'une manifestation pacifique contre les violations des droits humains et la mauvaise gouvernance dans la province de Cabinda.
Plus de trois mois se sont écoulés depuis que l'UNWGAD a rendu ses conclusions et pourtant, l'Angola est toujours silencieux à ce sujet.
L'Angola doit mettre en œuvre les recommandations de l'UNWGAD en libérant immédiatement José Marcos Mavungo.
José Marcos Mavungo, ancien membre de l'organisation Mpalabanda, interdite par les autorités en 2006, a été arrêté il y a un an jour pour jour, le 14 mars 2015. Il avait l'intention de participer à une manifestation pacifique contre les violations des droits humains et le manque de transparence dans la gestion des fonds publics de la région. Le gouverneur avait interdit cette manifestation, qui selon lui aurait "manqué de respect et de considération à l'égard de la population et des institutions gouvernementales". José Marcos Mavungo avait d'abord été accusé de "sédition".
Le 19 mars 2015, le tribunal a déclaré que cette accusation est infondée, mais au lieu de le libérer, le juge a réclamé une enquête plus poussée et les autorités ont gardé José Marcos Mavungo en détention. Le 27 mai 2015, il a été accusé de "rébellion", qui est un crime contre la sécurité de l'État. Il n'a pas été informé de cette accusation avant le 22 juin. Son procès a eu lieu en août 2015 et le 14 septembre, malgré des preuves insuffisantes, il a été reconnu coupable et condamné à six ans de prison.
Le jour du verdict, l'Union européenne a fait une déclaration selon laquelle "le procès ayant abouti à cette inculpation n'avait pas apporté à l'accusé des garanties adaptées sur la transparence et le respect des procédures".[3].
José Marcos Mavungo a été inculpé et condamné uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique. Amnesty International considère qu'il est prisonnier de conscience.
Il doit être libéré immédiatement et sans condition, comme l'a recommandé début décembre 2015 le groupe de travail de l'ONU sur les détentions arbitraires.
Signataires:
ACAT France
Amnesty International
Southern Africa Litigation Centre
Front Line Defenders
Action for Southern Africa (ACTSA)
Associação Justiça, Paz e Democracia (AJPD) (Angola)
Associação Tratado de Simulambuco - Casa de Cabinda em Portugal
Central Angola 7311
Centre for Human Rights and Rehabilitation (Malawi)
Centre for Human Rights, University of Pretoria (South Africa)
CIVICUS: World Alliance for Citizen Participation (Alliance mondiale pour la participation citoyenne)
Conectas Human Rights (Brésil)
La FIDH, dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains
Global Witness
Human Rights Institute of South Africa (HURISA)
Lawyers for Human Rights (Afrique du Sud)
Liberdade aos Presos Activistas em Angola (LAPA)
MBAKITA ANGOLA
OMUNGA (Angola)
SADC Lawyers Association
Solidariedade Imigrante - Associação para a Defesa dos direitos dos Emigrantes (Portugal)
SOS Habitat (Angola)
SOS Racismo (Portugal)
Southern African Human Rights Defenders Network (SAHRDN)
Transparência e Integridade, Associação Cívica (Portugal)
Women and Law in Southern Africa (Mozambique)
Women, Law and Development (Mozambique)
Organisation Mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains
Zimbabwe Human Rights NGO Forum
Zimbabwe Lawyers for Human Rights
Contacts presse:
Pierre Motin, pierre.motin@acatfrance.fr, +33 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94
Robert Shivambu, robert.shivambu@amnesty.org, +27 11 283 6000
Caroline James, CarolineJ@salc.org.za
Erin Kilbride, erin@frontlinedefenders.org, +353 1 2123750
[1] http://www.portalangop.co.ao/angola/en_us/noticias/politica/2014/9/42/Fo...
[2] https://spdb.ohchr.org/hrdb/31st/public_-_UA_Angola_28.09.15_(2.2015).pdf
[3] http://eeas.europa.eu/statements-eeas/2015/150914_02_en.htm