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Hélène Kokolou Zogbelemou Témoignage

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Hélène Kokolou Zogbelemou Témoignage

Les violences basées sur le genre (VBG) sont des pratiques encore très courantes en République de Guinée. Elles bénéficient de la tolérance ou même de la faveur des facteurs culturels et religieux régulièrement invoqués pour justifier la pratique. 82,2% des familles de la région encouragent cette pratique.

Selon le rapport national du Ministère guinéen en charge de l’Action Sociale de la Promotion Féminine et de l’Enfance de 2013, les cas de viol sur les filles mineures seraient de 21%, les violences conjugales de 88% les mariages précoces de 75 % et d’après les enquêtes socio démographiques de 2012, les pratiques de l’excision seraient passées de 96% en 2005 à 97,1 en 2012. 

En Guinée Forestière, les MGF constituent une pratique fortement soutenue par la femme elle-même et la quasi-totalité des jeunes filles vont en excision par pression social surtout des paires et aussi par ignorance de la réalité amère et cruelle qui s’y trouve (le dialogue autour des MGF est codé et réservé aux adeptes). L’éducation de la jeune fille et les conservations des valeurs culturelles sont des raisons souvent évoquées pour soutenir les MGF. La non prise en charge des personnes âgées caractérisée par la pauvreté des enfants qui ont charge de les entretenir, constitue aussi un des facteurs de la persistance de la pratique. Le projet  « Génération sans excision » a permit à l’ONG de mettre en place une association dénommée AFUEE (Association des Filles Unies pour l’Eradication de l’Excision) composée de 100 jeunes filles.

Etant moi-même victime de mutilation génitale féminine, je suis engagée dans la lutte contre les VBG depuis 2009. Après mure réflexion sur les différentes raisons de la persistance des MGF, l’ONG a initié la promotion de la jeune fille non excisée par la jeune fille non excisée, c'est-à-dire de renverser les tendances. Ce qui suppose de lever le tabou au tour des MGF à travers une nouvelle approche, celle d’impliquer la jeune fille directement concernée. La stratégie est de non seulement informer la jeune fille sur les réalités du camp, mais aussi les amener à être fière de leur état de non excisé, et s’engager dans la lutte contre la pratique.

Partant des préoccupations des conservateurs traditionnelles et des exciseuses, l’ONG a initié l’organisation des camps d’initiation sans excision. Traditionnellement, en plus des pratiques des MGF, les camps d’excision étaient des centres  d’éducation, d’apprentissage des valeurs culturelles, (chant, poterie, tissage, filage, danse, couture etc. …). A l’heure actuelle, ces valeurs sont perdues, les camps ne pratiquent plus que l’excision.

La stratégie est de reconvertir les camps d’excision en camps d’apprentissage. De cette manière, les exciseuses seraient reconverties en éducatrices communautaires et seraient moins réticentes à abandonner l’excision, et les valeurs culturelles seraient préservées. Les premières activités menées ont connue l’adhésion des exciseuses au projet dénommé « initiation sans excision. Ces camps ainsi reconvertis pourraient servir de cadre d’échange périodique des femmes autour de la problématique liée à l’éducation de la jeune fille, de développement des AGR promouvant l’autonomisation de la femme elle-même

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Helene Kokolou Zogbelemou
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Étant moi-même victime de mutilation génitale féminine, je suis engagée dans la lutte contre les VBG depuis 2009.