Syrie : Campagne de diffamation contre la défenseuse des droits des femmes Hiba Ezzideen Al-Hajji

Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude concernant la défenseuse syrienne des droits humains Hiba Ezzideen Al-Hajji, ainsi que pour sa famille et l’organisation « Equity and Empowerment », qui sont la cible d’une campagne de diffamation sur Facebook incitant à la violence à leur encontre. La campagne en ligne, lancée à la fois par des personnes connues pour leur soutien au nouveau gouvernement et par des utilisateurs inconnus, vise Hiba Ezzideen Al-Hajii pour une publication sur Facebook qu’elle a postée le 20 avril 2025, dans laquelle elle plaidait contre les mariages forcés. Ce bombardement de messages diffamatoires inclut des appels à la violence, y compris des menaces de mort, ce qui constitue un cas évident de harcèlement.

Hiba Ezzideen Al-Hajji est une défenseuse des droits humains et féministe syrienne. Elle est directrice générale de l’organisation Equity and Empowerment et présidente du conseil d’administration du réseau Shan pour la construction de la paix. Equity and Empowerment est une organisation dirigée par des femmes qui travaille sur l’égalité des sexes et se concentre sur la sécurité numérique et l’autonomisation économique et politique.

Depuis le 20 avril 2025, le compte Facebook de Hiba Ezzideen Al-Hajii, sur lequel elle publiait des informations à propos des droits des femmes, a été utilisé pour lancer une campagne de diffamation et inciter à la violence contre elle, ainsi que contre sa famille et l’organisation Equity and Empowerment, toutes deux basées à Idlib, en Syrie. À cause de cette campagne en ligne Hiba Ezzideen Al-Hajii reçoit de nombreuses menaces de mort sur les réseaux sociaux, à la fois par le biais de messages privés et d’un flot de messages sur son propre compte, ainsi que sur la page d’Equity and Empowerment. La foule en ligne, formée par des utilisateurs inconnus, exhorte ses adeptes à publier des contenus diffamatoires contre elle sur internet et appelle à la violence physique, incitant les gens à incendier les bureaux d’Equity and Empowerment à Idlib, dans le but de tuer Hiba Ezzideen Al-Hajii et de faire du mal à sa famille. Ils ont déformé les propos d’une ancienne vidéo, dans laquelle elle déclarait qu’il n’était pas nécessaire de porter le voile dans les centres d’Equity and Empowerment, où il n’y a que des femmes, l’accusant à tort d’insulter le hijab et l’Islam. La foule en ligne a également tenté de déformer un message qu’elle a posté sur Facebook, dans lequel elle exhortait les autorités à enquêter sur les cas d’enlèvement de femmes, afin que les responsables puissent rendre compte de leurs actes.

Plusieurs personnalités ont profité de cette campagne de diffamation pour accuser à tort la défenseuse d’être une agente des services de sécurité d’Assad, malgré ses prises de position claires contre le régime d’Assad et ses nombreux antécédents en matière de défense des droits humains. Suite à cela, le 22 avril, la police d’Idlib a fermé le centre d’Equity and Empowerment. Par ailleurs, le gouverneur d’Idlib a annoncé sur Facebook qu’il avait demandé au procureur général d’engager des poursuites contre Hiba Ezzideen Al-Hajii pour insulte au hijab. La défenseuse a exprimé une profonde inquiétude pour sa sécurité personnelle et son bien-être. Elle a déclaré craindre pour sa vie, ainsi que pour celle de sa famille et de l’équipe d’Equity and Empowerment.

Front Line Defenders condamne la campagne de diffamation en ligne visant à inciter à la violence, ainsi que les actes d’intimidation qui ont suivi contre la défenseuse des droits humains Hiba Ezzideen Al-Hajii, sa famille et son organisation Equity and Empowerment. Front Line Defenders pense que la campagne de diffamation et le harcèlement en ligne sont directement liés au travail de Hiba Ezzideen Al-Hajji en faveur des droits humains, en particulier pour la promotion des droits des femmes en Syrie.

Front Line Defenders demande instamment aux autorités syriennes de mener une enquête immédiate, approfondie et impartiale sur la campagne de diffamation et d’incitation à la violence sur internet, ainsi que sur les actes de terreur et d’intimidation qui ont suivi, contre la défenseuse syrienne Hiba Ezzideen Al-Hajii, sa famille et son organisation Equity and Empowerment, de publier les résultats et de demander des comptes aux responsables. L’organisation appelle également les autorités à condamner publiquement la diffamation et l’incitation à la violence à l’encontre de la défenseuse et à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité physique et psychologique ainsi que celle de sa famille et de son équipe. Front Line Defenders demande également aux autorités de rouvrir le centre d’Equity and Empowerment et de s’abstenir d’engager des poursuites contre la défenseuse des droits humains sur la base de fausses déclarations. L’organisation appelle les autorités à garantir qu’en toutes circonstances, tous les défenseur·ses des droits humains en Syrie puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.

Front Line Defenders exprime également son inquiétude quant à l’utilisation récurrente de Facebook comme outil pour inciter à la violence contre les défenseuses des droits humains en Syrie. L’organisation demande instamment à Meta de supprimer immédiatement toutes les publications Facebook contre la défenseuse des droits humains Hiba Ezzideen Al-Hajii et son organisation Equity and Empowerment, de suspendre tous les groupes, pages et profils utilisés pour la diffamer ou organiser des attaques et inciter à la violence contre elle et son organisation, tout en conservant les données pertinentes pour les enquêtes futures et l’obligation de rendre des comptes. Meta doit assumer sa responsabilité en matière de protection des droits humains, conformément aux normes internationales. L’entreprise doit prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des défenseur⸱ses des droits humains sur internet, en veillant à ce que leurs plateformes ne contribuent pas à des campagnes violentes et dangereuses, ou ne permettent pas aux utilisateurs d’inciter à la violence ciblée contre les défenseur⸱ses des droits humains, en particulier les femmes, car cela met gravement leur vie en danger. Front Line Defenders est prête à aider Meta à identifier les contenus diffamatoires et violents en question et les comptes sur lesquels ils sont hébergés ou partagés.