Back to top
24 Octobre 2022

Déclaration – Tchad: Répression et assassinats de manifestants pacifiques, dont un défenseur des droits humains

Le 20 octobre 2022, au moins 50 manifestants ont été tués et plus de 300 autres blessés lors d'une manifestation pacifique organisée par des organisations de la société civile au Tchad. Les manifestations pacifiques ont dénoncé la continuité du pouvoir par le clan Deby au cours des trois dernières décennies et la gestion solitaire de la transition militaire en cours dirigée par Mahamat Deby Itno. Parmi les personnes tuées figurait un défenseur des droits humains Narcisse Oredje, journaliste à la radio CEFOD (Centre d'Etude et de Formation pour le Développement). Narcisse Oredje couvrait la manifestation pour le compte de sa radio. Narcisse Oredje a succombé à ses blessures après avoir été touché par des balles lors de la manifestation.

Depuis la mort de l'ancien président Idriss Deby Itno en avril 2021, qui a conduit à la transition militaire actuelle dirigée par son fils Mahamat Deby Itno, les défenseurs des droits humains ont constamment exprimé leurs inquiétudes quant à l'utilisation de tactiques similaires pour faire taire les voix dissidentes et saper le travail des défenseurs des droits à travers le pays. Au moins 66 personnes auraient été tuées et des milliers autres blessées lors d’une serie de manifestations entre le 27 avril 2021 et le 20 octobre 2022 dans la capitale tchadienne, N'Djamena, et Moundou, la deuxième ville du pays.

Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude face à la répression des manifestations pacifiques et à l'usage excessif de la force contre les défenseurs des droits humains au Tchad, en particulier lors des manifestations pacifiques du 20 octobre 2022 dans la capitale tchadienne, N'Djamena, et à Moundou. La manifestation qui a fait au moins 50 morts, dont deux défenseurs des droits humains et plus de 300 blessés, est considérée comme l'une des plus meurtrières de l'histoire du pays.

Front Line Defenders condamne le meurtre de tous les manifestants pacifiques, y compris le défenseur des droits humains, Narcisse Oredje. L’organisation exprime en outre sa préoccupation face au recours excessif à la force par les forces de sécurité pour disperser des manifestations pacifiques, qui est un droit fondamental consacré par la Constitution tchadienne. Front Line Defenders appelle les autorités tchadiennes à mener une enquête immédiate, approfondie et impartiale sur le meurtre des manifestants pacifiques, en vue de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales. Elle appelle également les autorites tchadiennes à veiller à ce que les défenseurs des droits humains au Tchad soient libres d'exercer leurs droits fondamentaux tels qu'ils sont garantis par la Constitution.