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20 Avril 2020

Des organisations dénoncent une répression accrue au Nicaragua à l'occasion de l'anniversaire du début des manifestations en avril 2018

Des journalistes, des défenseur-ses des droits humains, des proches des victimes, des personnes libérées de prison et des militants dénoncent une escalade des attaques et un siège policier à l'occasion du deuxième anniversaire de la grave crise des droits humains qui touche le Nicaragua.

Deux ans après le début des manifestations civiles le 18 avril 2018, les organisations sociales nicaraguayennes signalent une recrudescence de la répression de la part du gouvernement et de ses partisans dans le but de limiter la commémoration du deuxième anniversaire des manifestations de masse.

Les personnes libérées de prison, les proches des victimes, les défenseur-ses des droits humains, les journalistes, les organisations sociales et de défense des droits humains et les militants en général dénoncent une augmentation des actes de harcèlement et d'intimidation perpétrés par l'État, notamment le siège de leurs maisons et de leurs entreprises, les menaces, la persécution, les raids irréguliers et arrestations illégales par la police. De même, le Centro Nicaragüense de Derechos Humanos - CENIDH (Centre nicaraguayen des droits humains) a reçu des plaintes concernant la convocation par la police de personnes dans les commissariats où elles ont été contraintes de signer un document acceptant de s'abstenir de critiquer le gouvernement et de participer à des actes commémorant l'anniversaire des manifestations sociales.

Selon des informations compilées par des organisations nationales, entre la nuit du 17 avril et le matin du 19 avril, 65 incidents ont été signalés, notamment des agressions physiques, des menaces, des sièges et des attaques contre des maisons, ainsi que des arrestations illégales. Parmi ces incidents, 32 attaques ont visé des militantes et leur famille, notamment par le biais d'insultes et de menaces de nature sexuelle.

L'un des événements les plus inquiétants a été l'agression physique dont Luis Potosme, père du journaliste indépendant en exil Winston Potosme, a été victime le 17 avril. Le journaliste a rapporté sur les réseaux sociaux que des groupes liés au gouvernement sont entrés dans la maison de M. Potosme au milieu de la matinée, et l'ont violemment passé à tabac et il est toujours hospitalisé. Ils ont ensuite utilisé son téléphone portable pour envoyer des SMS menaçants à son fils exilé.

La recrudescence des attaques fait clairement partie de la stratégie du gouvernement pour démanteler les manifestations qui défient le gouvernement nicaraguayen. Il convient de rappeler qu'à la veille de la mobilisation organisée par des personnes critiques à l'égard du gouvernement en février dernier, la police nicaraguayenne avait confiné des personnalités de l'opposition dans leur maison pour empêcher les manifestations publiques.

Cette stratégie renforce le scénario de répression étatique continue qui prévaut au Nicaragua depuis avril 2018. À ce jour, la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) a signalé au moins 328 personnes tuées du fait de la répression d'État, plus de 2 000 blessés et au moins 100 000 déplacés de force en raison de la violence politique.

En outre, l'annulation du statut juridique et des avoirs confisqués des organisations de défense des droits civils et humains en décembre 2018 n'est toujours pas révoquée et la fermeture et le rachat de médias indépendants se poursuivent. Au moins 70 personnes sont toujours emprisonnées pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique dans un contexte de crise sanitaire qui les rend particulièrement vulnérables, comme l'ont reconnu le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme (HCDH) et la CIDH.

Les organisations signataires demandent instamment aux Nations Unies, à la Commission interaméricaine des droits humains et à la communauté internationale en général, de surveiller attentivement la situation des droits humains au Nicaragua, en particulier la répression en cours et attendue dans le contexte du deuxième anniversaire des manifestations civiles d'avril 2018.

Nous réitérons notre attachement à la lutte légitime du peuple nicaraguayen pour le plein rétablissement de ses droits, la recherche de la liberté personnelle des personnes détenues pour des raisons politiques et libérées, ainsi que de toutes les victimes de graves violations des droits humains dans leur recherche de la vérité, la justice, la réparation et des garanties de non-répétition.

Organisations Signataires :

  • Front Line Defenders
  • Iniciativa Nicaragüense de Defensoras de Derechos Humanos
  • Fundación Acceso
  • Amnesty International
  • WOLA, Oficina en Washington para Asuntos Latinoamericanos
  • The International Institute on Race, Equality and Human Rights (Race & Equality)
  • Unidad de Defensa Jurídica
  • Organización Mundial contra la Tortura
  • Centro Nicaragüense de Derechos Humanos -CENIDH
  • Centro por la Justicia y el Derecho Internacional -CEJIL
  • Iniciativa Mesoamericana de Defensoras
  • Colectivo Nicaragua Nunca Más
  • Unidad de Defensa Jurídica
  • Unión de Presas y Presos Políticos Nicaragüenses