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13 Mai 2019

Toujours aucune avancée dans l'enquête sur la disparition d'Ernesto Sernas un an après sa disparition

Genève-Paris-Dublin, 13 mai 2019. À l'occasion du premier anniversaire de la disparition du défenseur des droits humains Ernesto Sernas, l'Observatoire (OMCT-FIDH) et Front Line Defenders dénoncent le manque d'action significative des autorités mexicaines, qui, dans leur enquête, n'ont pas pris en compte le fait que la disparition d'Ernesto Sernas pourrait être liée à son travail en faveur des droits humains.

Download the Joint Statement

Le Dr Ernesto Sernas García, avocat et professeur d'université, a disparu le 10 mai 2018 à San Agustin de las Juntas, dans l'État d'Oaxaca. L'avocat a disparu à un moment crucial d'une procédure pénale au cours de laquelle il représentait 23 défenseur-ses des droits humains appartenant à l'organisation Sol Rojo, dont la détention en 2015 a été jugée arbitraire par le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire dans son avis 17 / 2016. L'affaire du Dr Sernas est suivie par le Comité de l'ONU contre les disparitions forcées, par le biais de l'action urgente 540/2018. Le 10 mai 2019, quatre rapporteurs spéciaux et quatre membres du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires ont également condamné l'absence d'avancées significatives dans l'enquête.

L’Observatoire et Front Line Defenders sont gravement préoccupés par l’inaction des autorités mexicaines concernant la disparition d’Ernesto Sernas. L'absence d'enquêtes efficaces sur les attaques contre des défenseur-ses des droits humains, l'absence de sanction contre les auteurs et le fait que les mesures de protection bénéficiant aux défenseurs des droits humains ne soient pas appliquées, ont généré un climat d'impunité qui empêche de défendre efficacement les droits humains.

Nos organisations réitèrent leur appel aux autorités mexicaines afin qu'elles prennent des mesures urgentes et efficaces pour localiser le Dr Sernas et le retrouvent en vie. En outre, nous soulignons que, sur la base des normes internationales relatives aux droits humains, les autorités devraient envisager en premier qu'une violation à l'encontre d'un-e défenseur-se est liée à leurs actions pour la défense des droits humains. Au cours de l’année écoulée depuis la disparition de M. Sernas, les autorités mexicaines n’ont pas considéré cette possibilité en priorité.

Enfin, nous souhaitons mettre en lumière la nouvelle vague d'attaques et d'intimidations contre l'organisation Sol Rojo au cours des quatre premiers mois de 2019, notamment l'assassinat de M. Luis Armando Fuentes le 11 avril 2019. L'organisation subit des représailles pour sa résistance pacifique aux mégaprojets miniers et énergétiques dont la mise en œuvre viole leur droit à l'autodétermination, mais aussi, dans le cas du Dr Ernesto Sernas, à cause de leur travail. Pour toutes ces raisons, nous exhortons les autorités mexicaines et les autorités de Oaxaca à veiller à ce que les membres de l'organisation Sol Rojo puissent exercer en toute sécurité leur droit de défendre les droits humains.

Pour plus d'informations, contactez :

• OMCT : Miguel Martín Zumalacárregui : (+41) 22 809 49 39
• FIDH : José Carlos Thissen : (+51) 95 41 31 650
• Front Line Defenders : Sandra Partago : (+52) 55 5050 9822

L'Observatoire pour la protection des défenseur-ses des droits humains (l'Observatoire) est un programme créé en 1997 par l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et la FIDH ; il a pour but d'intervenir pour empêcher ou remédier aux cas concrets de répression contre les défenseur-ses des droits humains. L'OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme européen pour la protection des droits humains, créé par la société civile internationale.

Front Line Defenders œuvre pour la protection, la sécurité et le bien-être des défenseur-ses des droits humains en danger à travers le monde, en leur proposant des subventions, des formations et en renforçant les capacités de protection physique et numérique, un travail de plaidoyer et des campagnes de visibilité pour les défenseur-ses des droits humains en danger.