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30 Avril 2019

Les assassinats de défenseur-ses des droits humains renforcent l'appel pour la mise en place une politique publique pour leur protection

Durant les premiers mois de 2019, le Pérou a connu une hausse du nombre d'assassinats de défenseur-ses des droits humains. Les cas de Cristian Javá Ríos, de Paul McAuley, de Wilbelder Vegas Torres et de Claudia Vera illustrent l’incapacité de l’État à pleinement protéger les défenseur-ses des droits humains en danger, ainsi que la nécessité de mettre en place une politique fondée sur les droits humains pour remédier à ce problème.

Le 17 avril, à Urarinas, dans la région amazonienne, le défenseur des droits des populations autochtones Cristian Javá Ríos a été tué dans une embuscade qui aurait été organisée par des membres de bandes criminelles qui tentaient d'expulser les communautés indigènes de leurs terres en provoquant des fuites dans les oléoducs. Le 2 avril, le défenseur des droits humains et missionnaire britannique Paul McAuley a été assassiné et brulé à Iquitos, dans la région amazonienne. Son corps a été retrouvé par des étudiants du refuge Red Ambiental Loretana (Réseau politique Loretana), fondé par le défenseur lui-même. Le 19 janvier, Wilbelder Vegas Torres, chef du Frente de Defensa de la comunidad campesina San Sebastián de Suyo, a été abattu alors qu'il se rendait dans la région d'Ayabaca. Le défenseur de l’environnement, qui protestait contre les mines illégales, avait demandé la protection de l’État en raison des menaces reçues avant l’attaque. Le 30 mars, la défenseuse des droits des personnes transgenres et travailleuse du sexe Claudia Vera a été tuée à Lima alors qu'elle travaillait dans la rue. La défenseuse avait fondé l'organisation de Jóvenes Cambiando Vihdas, qui offre visibilité, éducation, autonomisation et opportunités de travail aux jeunes séropositifs.

Au moment de ces assassinats, le Pérou n'avait pas de lois ou de politiques spécifiques relatives à la protection des défenseur-ses des droits humains, et l'approbation des projets promus par des organisations de la société civile était entravée par des acteurs politiques liés aux industries extractives. Le 25 avril 2019, le ministère de la Justice et des droits humains a approuvé le Protocolo para garantizar la protección de personas defensoras de derechos humanos en el Perú (Protocole garantissant la protection des défenseur-ses des droits humains au Pérou). Le protocole établit un registre officiel des incidents de sécurité contre des défenseur-ses des droits humains.

Le protocole est une mesure bienvenue et nécessaire vers la protection des défenseurs des droits humains. Toutefois, les défenseur-ses des droits humains péruviens et leurs alliés appellent les autorités à adopter une politique de protection intégrale axée sur des mesures à la fois réactives et préventives. Les propositions de la société civile visent à garantir un environnement sûr et favorable dans lequel les défenseur-ses des droits humains peuvent exercer leurs activités légitimes ; elles prévoient également de larges consultations gouvernementales avec les défenseur-ses locaux au sujet de toute réforme juridique et politique les concernant.

Front Line Defenders exhorte le gouvernement du Pérou à adopter et à mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour garantir la protection de tous-tes les défenseur-ses des droits humains, notamment en ratifiant l'accord régional sur l'accès à l'information, la participation du public et la justice en matière d'environnement en Amérique latine et dans les Caraïbes (Accord d'Escazú), qui représente une étape cruciale en faveur de la protection des défenseur-ses de l'environnement dans la région.

Front Line Defenders condamne l'assassinat de défenseur-ses des droits humains au Pérou et appelle les autorités à mettre en œuvre une politique de protection intégrale des défenseur-ses, comme le propose la société civile péruvienne. Front Line Defenders reste préoccupée par le message alarmant adressé aux personnes qui défendent les droits humains au Pérou, par le biais des assassinats des membres de la communauté LGBTI+ et des défenseur-ses de l'environnement, et exhorte l'État à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger leur intégrité psychologique.