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28 Mai 2019

Des organisations internationales font part de leurs préoccupations concernant la situation grave des prisonniers politiques au Nicaragua et condamnent fermement l'assassinat de M.Eddy Antonio Montes Praslin

Selon la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH), depuis le 18 avril 2018, début de la crise politique et des droits humains au Nicaragua, plus de 700 personnes ont été arbitrairement détenues et ont fait l'objet de poursuites criminelles pour avoir revendiqué la démocratie et à cause de leurs actions en faveur des droits humains.

Plus d'un an après le début de la crise, la situation des prisonniers politique s'est considérablement détériorée pendant le temps qu'ils ont passé en prison en raison des conditions indignes, du manque de soins médicaux, de la violence et des actes de torture.

En conséquence, le 17 mai, la CIDH a informé la Cour interaméricaine des droits de l'homme (Cour interaméricaine) de la précarité de leur conditions de détention, ainsi que de plusieurs actes de violence à l'encontre de journalistes, de manifestants et défenseur-ses des droits humains privés de liberté, qui se sont produits dans plusieurs prisons. Il est important de mettre en lumière l'attaque qui s'est produite dans le centre pénitencier de Tipitapa, appelé La Modelo, l'un des évènements les plus graves : le 16 mai vers 15h, plusieurs coups de feu ont été tirés par la police de la prison, causant la mort du prisonnier politique Eddy Antonio Montes, un ressortissant americano-nicaraguayen. Eddy Montes était emprisonné depuis octobre 2018 pour avoir participé à la résistance contre la répression menée par le gouvernement du Nicaragua.

Au vu de l'urgence, "l'extrême gravité" des faits dénoncés et la nécessité "d'éviter des dommages irréparables contre les personnes", mais aussi en raison du contexte de criminalisation contre ceux et celles qui participent aux protestations sociales, la cour interaméricaine a accordé des mesures de protection urgentes en faveur de 17 personnes le 21 mai 2019.

Dans une résolution sans précédent, la Cour interaméricaine a demandé à l'État du Nicaragua d'autoriser une visite dans les prisons pour vérifier la situation des 17 bénéficiaires toujours incarcérés. Par ailleurs, dans sa résolution, la Cour interaméricaine a rappelé que "la primauté des droits humains dans un état démocratique est largement basée sur le respect et les libertés données aux défenseur-ses des droits humains afin qu'ils accomplissent leur travail".

Malgré la situation extrêmement grave pour les 17 personnes, des centaines de personnes sont actuellement emprisonnées pour avoir participé à des manifestations publiques ou des actions pour la défense de la démocratie et des droits humains, comme l'a déterminé la Cour interaméricaine.

En tant qu'Observatoire international, nous dénonçons, malgré les libérations unilatérales par le gouvernement du Nicaragua, le fait que toutes les personnes libérées continuent de faire l'objet de poursuites pénales et qu'elles soient toujours la cible de différentes agressions, telles que des actes de harcèlement sur les réseaux sociaux et par des groupes affiliés aux membres du gouvernement dans la rue, des messages de menaces peints sur leurs maisons et la réarrestation de certaines.

Concernant cette situation, les organisations signataires

1. saluent la réponse catégorique de la Cour interaméricaine et attendent que le Président, le Vice-président et le secrétaire de la cour participent aux visites des prisons.

2. demandent aux autorités nicaraguayennes d'autoriser la Cour interaméricaine à se rendre dans les prisons où les bénéficiaires des mesures de sécurité sont incarcérés.

3. demandent la fin de tous les actes de torture et traitements dégradants, cruels et inhumains au sein des prisons, et que tous les droits humains des prisonniers politiques et de leur famille soient garantis, ainsi que la fin des actes de harcèlement contre les personnes libérées de prison.

4. demandent la fin de la criminalisation de la violence et du harcèlement contre ceux qui participent aux manifestations citoyennes et la libération de tous les prisonniers politiques au Nicaragua.

5. appellent la communauté internationale à exprimer sa solidarité et à ne pas cesser de réclamer des garanties sur l'intégrité de ceux qui luttent pour le retour de la démocratie, les garanties en matière de droits humains et la mémoire, la vérité et la justice pour les milliers de victimes de la crise qui touche actuellement le Nicaragua.

 

Organisations Signataires :

Asociadas por lo Justo - JASS Mesoamérica
Centro por la Justicia y el Derecho Internacional (CEJIL)
Diakonia
Fondo de Acción Urgente para América Latina y el Caribe (FAU-AL)
Front Line Defenders (FLD)
Iniciativa Mesoamericana de Mujeres Defensoras de Derechos Humanos (IM-Defensoras)
Institute on Race, Equality and Human Rights (Race & Equality)
Plataforma Internacional Contra la Impunidad (Pi)