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27 Avril 2020

Il faut protéger les défenseurs des droits humains

Les autorités togolaises doivent de toute urgence prendre des mesures pour protéger les défenseurs des droits humains dans l’exercice de leur fonction, ont déclaré aujourd’hui, Amnesty International, la Coalition Togolaise des Défenseurs des Droits de l’Homme, Front Line Defenders et le Réseau Ouest Africain des Droits de l’Homme.

Dans la matinée du 21 avril, François Doudji et Bénit Okouto, deux membres du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT), et le journaliste Teko-Ahatefou Aristo qui menaient une mission d’observation lors de l’intervention des forces de l’ordre au domicile de l’opposant politique Agbéyomé Kodjo ont été arrêtés puis gardés à vue dans les locaux du Service central des renseignements et de l’investigation criminelle (SCRIC).

Alors qu’ils se trouvaient non loin du barrage de sécurité, les activistes et le journaliste ont été interpellés par un agent de la police qui leur avait refusé l’accès à la maison de l’opposant. Ils portaient des gilets de service et avaient décliné leur identité à l’un des responsables des forces de sécurité sur les lieux.

L’arrestation et la détention des trois activistes envoie un signal préoccupant pour les défenseurs des droits humains au Togo. Ils n’ont été arrêtés que pour avoir exercé leur droit légitime à documenter la situation des droits humains et informer l’opinion publique en toute impartialité.

Selon les informations recueillies par les organisations signataires, les activistes arrêtés sont restés debout exposées durant plus d’une heure au soleil avec d’autres personnes arrêtées au domicile de l’opposant. Ils seront soumis à un interrogatoire puis relâchés tard dans la soirée du 21 avril sans qu’ils n’aient la possibilité de pouvoir communiquer avec leurs proches, leurs téléphones portables étant confisqués par les officiers du SCRIC.

Le Togo s’est engagé à protéger les organisations de défense des droits humains devant les mécanismes internationaux des droits humains notamment le Comité des droits de l’homme et a signé la Déclaration sur la protection des défenseurs des droits humains.

Malgré une volonté manifeste des autorités à reconnaitre le travail des défenseurs des droits humains, Amnesty International, la Coalition Togolaise des Défenseurs des Droits de l’Homme, Front Line Defenders et le Réseau Ouest Africain des Droits de l’Homme dénoncent cette arrestation arbitraire et le traitement dégradant subi par les activistes.

Les organisations demandent aux autorités de s’assurer que les défenseurs des droits humains ne soient pas la cible des menaces et intimidations durant leur travail de la part des forces de sécurité. Elles les appellent à adopter une loi protégeant des défenseurs droits humains.

Complément d’information:

Les forces de sécurité ont arrêté l’opposant Agbéyomé Kodjo qui conteste les résultats issus de l’élection présidentielle du 22 février 2020. Selon un communiqué du procureur de la République, « l’interpellation de M. Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo a été rendue nécessaire par le fait qu’ayant été invité à trois reprises à se présenter au Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC), aux fins de son interrogatoire dans le cadre de l’enquête judiciaire requise, celui-ci a délibérément refusé de déférer à ces invitations prétextant de son état de santé défaillant, puis d’une action judiciaire en annulation de la résolution de l’Assemblée Nationale ayant procédé à la levée de son immunité ».

Les faits qui lui sont reprochés sont notamment, « troubles aggravés à l’ordre public, atteinte à la sécurité intérieure de l’État, utilisation illégale des emblèmes de la République ».

Les forces de sécurité ont fait usage de la force en défonçant les portes de la maison de l’opposant pour l’arrêter ainsi que les membres de la famille et ses proches. Ils ont été conduits au SCRIC pour les besoins de l’enquête. Plusieurs membres de la coalition « Dynamique Monseigneur Kpodzro » qui a soutenu la candidature de Agbéyomé Kodjo ont reçu des convocations pour être entendu par les enquêteurs.

Les résultats officiels proclamés par la cour constitutionnelle ont donné au président sortant Faure Gnassingbé vainqueur de la présidentielle du 20 février dernier.

 

Signataires:

Amnesty International

Coalition Togolaise des Défenseurs des Droits de l’Homme,

Front Line Defenders

International Service for Human Rights

Réseau Ouest Africain des Droits de l’Homme