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1 Novembre 2018

Front Line Defenders appelle à la libération immédiate des défenseur-ses des droits humains criminalisés pendant ce mandat présidentiel

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

  • Front Line Defenders a rendu visite à des défenseur-ses injustement emprisonnés dans une prison fédérale (CEFERESO Nº2 Puente Grande, Jalisco
  • Front Line Defenders fait part de ses préoccupations concernant l'absence de procédures équitables et concernant leur emprisonnement injuste depuis plus de cinq ans

 

Oaxaca de Juárez, Oaxaca, 20 octobre 2018

Front Line Defenders est une organisation internationale basée à Dublin, en Irlande, spécialisée dans la protection des défenseur-ses des droits humains.

Le Mexique est l'un des pays sur lequel l'organisation porte une attention particulière, compte tenu du climat délétère pour les défenseur-ses des droits humains (DDH). La criminalisation, les menaces, les agressions physiques et les assassinats font partie des nombreuses violations dont les DDH sont victimes. Dans le cadre de cette mission de suivi, une délégation de Front Line Defenders, composée du directeur adjoint Andrea Rocca et des coordinatrices de protection pour la région Amérique Ivi Oliveira et Sandra Patargo, a effectué une visite de travail au Mexique durant la troisième semaine d'octobre.

Le 19 octobre, la délégation de Front Line Defenders a rendu visite à Damián Gallardo Martínez et Enrique Guerrero Aviña, deux DDH incarcérés dans la prison CEFERESO Nº2 à Puente Grande, Jalisco, depuis mai 2013, en dépit des nombreuses résolutions et recommandations nationales (1) et internationales (2) qui dénoncent le caractère arbitraire de leur détention, condamnent les graves violations de leurs droits et appellent à leur libération.

Pendant la visite, le personnel de Front Line Defenders a pu constater la détérioration de la santé des DDH en raison des tortures et des violations systématiques de leurs droits.

Damián Gallardo souffre actuellement d'une blessure au pied causée par les actes de torture des policiers qui l'ont arrêté et pour laquelle, à ce jour, il n'a toujours pas été soigné. Il souffre également d'autres symptômes graves, tels que des gonflements aux yeux causés par une opération chirurgicale tardive et l'absence de soins post-opératoires.

Enrique Guerrero souffre de douleurs cervicales et de blessures à la main causées par des actes de tortures infligés lors de son arrestation ayant conduit à la dislocation de son pouce.

Dans les deux cas, Front Line Defenders est vivement préoccupée par le fait que ces DDH se sont également vu refuser des soins psychologiques spécialisés pour atténuer l'impact de la torture sur leur santé mentale. Bien que Front Line Defenders ait réussi à obtenir des fonds pour couvrir ces soins, les autorités de la prison ont systématiquement refusé de laisser entrer les spécialistes.

Depuis 2013, front Line Defenders a étroitement suivi les affaires de Damián Gallardo Martínez, Enrique Guerrero Aviña et Librado Baños Rodríguez, entre autres. En consultant ces DDH et d'autres DDH dans le pays, Front Line Defenders a détecté une vague de criminalisation constante des défenseur-ses des droits humains au Mexique, en particulier ceux qui travaillent dans l'État de Oaxaca.

Cette tendance se manifeste par de nombreux cas de détentions arbitraires et de dossiers à charge fabriqués de toute pièce par le parquet dans le but de faire perdre toute légitimité à la défense des droits humains. Cette tendance a également été reconnue par le Groupe de travail de l'ONU sur les détentions arbitraires, qui a dénoncé huit cas de détentions arbitraires de DDH au cours des quatre dernières années, dont six se trouvent à Oaxaca.

Lors d'une autre mission au Mexique en 2017, Front Line Defenders a eu l'opportunité de rendre visite à Librado Baños Rodríguez et à Pablo López Alavés, victimes de procès inéquitables et de détentions prolongées.

Dans l'affaire de Librado Baños Rodríguez, Front Line Defenders salue la nouvelle de sa récente libération ; cependant l'organisation dénonce les graves conséquences de ses cinq années de détention arbitraire sur lui, en particulier la perte totale de la vue. Son affaire illustre l'impact irréparable de la prison comme méthode de répression politique.

En ce qui concerne l'affaire de Pablo López Alavés, Front Line Defenders est préoccupée par les violations répétées de son droit à bénéficier des procédures requises, ainsi que par le fait que la sécurité de sa femme, la FDDH Yolanda Pérez Cruz, ne soit pas garantie. Yolanda a été victime de plusieurs attaques à cause de son combat incessant pour que justice soit rendue à son mari. Elle a plusieurs fois subi des abus de la part du personnel pénitentiaire, et elle s'est vu refuser l'entrée dans la prison.

Front Line Defenders rappelle à l'État mexicain que défendre les droits humains est un droit reconnu au niveau international et rappelle que, conformément aux recommandations et résolutions internationales, les tendances graves recensées dans l'État de Oaxaca doivent cesser. Il est nécessaire de sanctionner ceux qui utilisent le système judiciaire pour criminaliser la contestation et la défense des droits humains.

Front Line Defenders rappelle que, conformément au principe de contrôle de conventionnalité, les défenseur-ses des droits humains criminalisés sont immédiatement libérés et, par conséquent, le gouvernement doit mettre en place un processus de réparation.

Front Line Defenders considère que, compte tenu de la situation politique du pays vis-à-vis du gouvernement entrant, une opportunité unique s'offre pour mettre fin à la criminalisation des défenseur-ses des droits humains, conformément aux recommandations internationales. Front Line Defenders réaffirme son engagement pour travailler avec et soutenir les défenseur-ses des droits humains au Mexique.

Pour plus d'informations ou pour joindre Front Line Defenders, contactez:

Sandra Patargo – sandra@frontlinedefenders.org
Ivi Oliveira – ivi@frontlinedefenders.org
Andrea Rocca - andrea@frontlinedefenders.org

(1) Recommandation 5/2018 – Commission nationale des droits humains: http://www.cndh.org.mx/sites/all/doc/Recomendaciones/2018/Rec_2018_005.pdf

(2) 23/2014 et 55/2015 Groupe de travail de l'ONU sur les détentions arbitraires https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G14/196/53/PDF/G1419653.pd..., https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G16/062/26/PDF/G1606226.pd...t