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10 Janvier 2022

Décès du défenseur des droits humains Baktash Abtin suite à la négligence intentionnelle du gouvernement

C’est avec une profonde inquiétude et une profonde tristesse que Front Line Defenders a appris le décès du défenseur des droits humains Baktash Abtin, le samedi 8 janvier 2022, suite à des complications liées au COVID-19, dues à la négligence intentionnelle du gouvernement iranien. Front Line Defenders pense que le gouvernement est responsable de la mort de Baktash Abtin, car son accès à un traitement approprié et une permission pour raisons médicales ont été retardés après qu’il a contracté le COVID-19 à la prison d’Evin. Front Line Defenders tient les autorités iraniennes responsables de cette mort évitable et présente ses condoléances à sa famille et à la communauté des droits humains en Iran.

Défenseur des droits humains, réalisateur et membre de l’Iranian Writers’ Association (IWA), qui vise à promouvoir la liberté d’expression et à dénoncer la censure en Iran, Baktash Abtin a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire, la sociologie et la critique littéraire. Le 15 mai 2019, la branche 28 du tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Baktash Abtin à cinq ans de prison pour « rassemblement illégal et collusion contre la sécurité nationale » et à un an pour « diffusion de propagande contre l’État », pour avoir coécrit un livre sur l’histoire de l’IWA, qui critique les gouvernements iraniens successifs depuis des décennies, ainsi que pour avoir visité les tombes de poètes et d’écrivains dissidents. Il a commencé à purger sa peine de six ans le 26 septembre 2020, alors qu’une vague antérieure de la pandémie ravageait les prisons iraniennes.

Le défenseur des droits humains Baktash Abtin est décédé à l’hôpital de Sasan, à Téhéran, le 8 janvier 2022. Il avait été plongé dans un coma artificiel le 1er janvier 2022, suite à sa dernière infection par le COVID-19. Selon un communiqué publié par l’Iranian Writers Association (IWA), Baktash Abtin n’a pas été transféré à l’hôpital avant dix jours, malgré la détérioration rapide de son état de santé. De plus, il s’est vu refuser des soins médicaux adéquats ou les visites de sa famille pendant son hospitalisation initiale à l’hôpital Taleghani.

Le 3 décembre 2021, Baktash Abtin a commencé à présenter de graves symptômes du COVID-19. Il est resté entre sa cellule et la clinique d’Evin, jusqu’à ce qu’il soit transféré à l’hôpital Taleghani dans la nuit du 6 décembre 2021. Sa famille a appris son transfert seulement deux jours plus tard par l’intermédiaire de ses codétenus. Les autorités de la prison ont continué à ne donner aucune information à sa famille à propos de l’endroit où il se trouvait. Pendant son traitement à l’hôpital de Taleghani, il était attaché à son lit et a été transféré en soins intensifs deux jours plus tard, le 8 décembre 2021. Le 13 décembre 2021, il a obtenu une permission médicale pour poursuivre son traitement sous la supervision du médecin désigné par sa famille. Cependant, selon IWA et sa famille, il était déjà trop tard.

C’était la deuxième fois que le défenseur des droits humains Baktash Abtin contractait le COVID-19 depuis son emprisonnement fin septembre 2020. Il l’avait contracté une première fois à la prison d’Evin en avril 2021. À l’époque, Front Line Defenders avait signalé que le défenseur des droits humains était dans un état critique. Front Line Defenders était particulièrement préoccupée par sa situation, étant donné l’état de santé vulnérable du défenseur, notamment ses problèmes pulmonaires préexistants et les conditions de vie des détenus dans la prison.

Front Line Defenders appelle le gouvernement iranien à mener immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur la mort de Baktash Abtin en vue de publier les résultats et de traduire les responsables en justice. Elle réitère son précédent appel conjoint à permettre un accès rapide aux meilleurs soins médicaux possibles, ainsi qu’à la libération inconditionnelle de tous les défenseur-ses des droits humains détenus. En outre, elle exhorte les autorités iraniennes à s’abstenir de citer à comparaître et de condamner les défenseur-ses des droits humains alors que les conditions de détention dans les prisons iraniennes demeurent dangereuses, et insiste pour que quiconque contracte le COVID-19 ou d’autres maladies graves en prison se voient accorder un accès rapide à des soins médicaux ou une libération conditionnelle pour des raisons humanitaires.