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26 Mai 2017

Un militant Tatar de Crimée remporte le Prix Front Line Defenders 2017 pour les défenseurs des droits humains en danger

Défendre les militants des droits humains et les prisonniers politiques est l'une des tâches les plus dangereuses pour un avocat en Crimée. Après des années passées à documenter ces cas sensibles, l'avocat Tatar de Crimée Emil Kurbedinov a reçu aujourd'hui un prix international important décerné aux militants des droits humains. 

À Dublin, l'ONG irlandaise Front Line Defenders a décerné à Emil son prix 2017 pour les défenseurs des droits humains en danger.

Depuis l'occupation de la Crimée par la Fédération de Russie, Emil défend la minorité persécutée des Tatars de Crimée, les militants de la société civile et les journalistes. Il offre aussi une réponse d'urgence et documente les violations des droits perpétrées lors de raids et de fouilles aux domiciles des militants. En janvier 2017, Emil se rendait au domicile d'un activiste ayant été perquisitionné lorsque des membres masqués du Centre de Crimée de lutte contre l'extrémisme l'ont enlevé avant de le conduire à la direction locale du Service fédéral de la sécurité russe (FSB) pour l'interroger. Un tribunal de district l'a reconnu coupable de "faire de la propagande pour les organisations extrémistes" et l'a condamné à dix jours de détention.

En avril, Emil a été nommé finaliste du prix, avec des défenseurs venant d'Afrique du Sud, du Nicaragua, du Koweït et du Vietnam. Les membres du jury ont choisi cinq défenseurs parmi plus de 150 nominations provenant de 42 pays. Front Line Defenders, qui œuvre pour la sécurité et la protection des défenseurs des droits humains à travers le monde, a indiqué que les finalistes et leur famille sont la cible d'attaques, de campagnes de diffamation, d'acharnement judiciaire, de menaces de mort, de peines de prison et d'actes d'intimidation dans le but de mettre fin à leur travail pacifique.

"Aujourd'hui nous rendons hommage et nous exprimons notre solidarité avec les cinq finalistes" a déclaré Andrew Anderson, directeur exécutif de Front Line Defenders. "Dans un contexte de répression généralisée contre les défenseurs, ils font preuve d'une volonté de persister malgré les risques graves et souvent au prix de leur propre vie".

En acceptant le prix, Emil a déclaré:

Lorsque nous défendons les prisonniers politiques et les militants persécutés, nous allons contre un système dans lequel il n'y a aucun espoir de procès équitable. Gagner un acquittement pour mes clients est presque impossible, mais je peux leur montrer que malgré les risques, je ne vais pas les abandonner.

Outre Emil Kurbedinov, d'Ukraine, les finalistes du prix 2017 étaient des militants du Vietnam, d'Afrique du Sud, du Koweït et du Nicaragua.

La blogueuse vietnamienne Pham Thanh Nghien a passé quatre ans en prison à cause de son travail visant à rendre publiques les exactions contre les familles des pêcheurs tués par des patrouilles chinoises et à défendre leurs droits. Après sa libération, elle a été assignée à résidence et pendant cette période, elle a été le fer de lance de nombreuses campagnes de défense des droits humains et elle a co-fondé le renommé Réseau de blogueurs vietnamiens. La maison de Pham Thanh Nghien a été perquisitionnée, elle a été empêchée de se rendre à des rendez-vous médicaux, sa porte a été cadenassée de l'extérieur, et les autorités ont refusé de lui donner un certificat de mariage. Nghien a aussi survécu à de nombreuses agressions physiques destinées à mettre un terme à son travail pacifique et important qui met à jour et rend publiques les violations des droits humains au Vietnam.

Nonhle Mbuthuma a continué sa lutte pour la défense du droit à la terre et de l'environnement dans l'est du Cap en Afrique du Sud, malgré des tentatives d'assassinat, les menaces de mort persistantes et le meurtre de son collègue. Elle a fondé et elle est membre du Comité exécutif de l'Amadiba Crisis Committee, formé pour unir les membres de la communauté de cinq villages de la région tribale d'Amadiba, contre des projets miniers destructeurs. En juillet 2016, Nonhle et d'autres activistes ont réussi à contraindre le plus grand actionnaire d'un projet de mine de titane à se retirer, mais les menaces contre les militants continuent alors que la communauté craint désormais que le projet se poursuivent grâce au financement de compagnies locales de "surface".

Abdulhakim Al Fadhli est actuellement emprisonné pour avoir défendu pacifiquement les droits des Bidounes apatrides au Koweït, ainsi que d'autres communautés minoritaires. Le terme bidoune, qui signifie «sans» en arabe, fait référence à la communauté des personnes apatrides, natives du Koweït, qui n'ont pas le droit d'obtenir de papiers officiels, et notamment des certificats de naissance, de décès et de mariage. Abdulhakim  purge actuellement une peine d'un an de prison et risque d'être expulsé à sa libération. Depuis qu'il est emprisonné, il proteste et a mené des grèves de la faim contre les conditions de détention inhumaines et insalubres dans la prison Anbar 4, où il est placé à l'isolement.

Les enfants de la défenseuse des droits humains Francisca Ramírez Torres ont été attaqués dans le but qu'elle cesse son travail important contre la construction du canal inter-océanique au Nicaragua. Francisca est coordinatrice du Conseil de la terre, des lacs et de la souveraineté, qui sensibilise les communautés à leurs droits, et milite pour l'abrogation des lois autorisant les expropriations des terres. Le projet de canal déplacerait des milliers de petits fermiers et les populations indigènes sans respecter leur droit à un consentement libre, préalable et informé. Francisca est régulièrement détenue, harcelée et son domicile et sa famille sont attaqués à cause de leur résistance pacifique au projet de canal qui serait destructeur.

Pour plus d'informations, contactez:

Erin Kilbride

Attaché de presse

Front Line Defenders

erin@frontlinedefenders.org

+1 207 450 5585