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6 Janvier 2022

Inquiétude concernant l’arrestation arbitraire, la détention et la torture présumée de l’écrivain Kakwenza Rukirabashaija

Les défenseur-ses des droits humains et la société civile en Ouganda font l’objet d’attaques soutenues depuis le début de la campagne des élections présidentielle de l’année dernière, qui ont finalement été remportées par le président sortant, Yoweri Museveni. Bien que plusieurs observateurs aient qualifié le processus électoral de « fondamentalement vicié » et signalé des irrégularités, Museveni, qui est au pouvoir depuis 1986, a été nommé vainqueur. Pendant la campagne et depuis, un environnement de travail très hostile prévaut pour les défenseur-ses des droits humains, les journalistes et les critiques du gouvernement qui sont systématiquement privés de leurs droits à la liberté de réunion et d’expression. Les défenseur-ses des droits humains et les OSC sont de plus en plus ciblés et harcelés pour leur travail par les organes de sécurité de l’État, dans les journaux contrôlés par l’État et sur les réseaux sociaux. Plusieurs OSC ont vu leurs opérations suspendues en 2021 et les défenseur-ses des droits humains sont harcelés par les tribunaux pour avoir exercé leur droit de faire leur travail légitime.

Le 28 décembre 2021, l’écrivain et journaliste Rukirabashaija a été traîné hors de chez lui par des forces de sécurité inconnues en civil, qui ont défoncé sa porte et l’ont emmené ; il est maintenant détenu sans charge.

Rukirabashaija est l’« écrivain de courage » 2021 de PEN International. Il est l’auteur de deux livres acclamés par la critique, « The Greedy Barbarians » et « Banana Republic — Where Writing is Treasonous ». Rukirabashaija écrit aussi pour le Black Star News basé à New York, qui publie sa chronique hebdomadaire « My Free Thoughts ».

Rukirabashaija a ensuite été détenu au secret sans pouvoir contacter sa famille ou son avocat pendant plus de 48 heures. Son avocat, Eron Kiiza, dit que Rukira Bashaija a été torturé, déclarant qu’« il semblait vomir, qu’il urinait du sang, qu’il y avait des marques de torture sur ses jambes et ses pieds, qu’il souffrait profondément. » Il n’a été formellement accusé d’aucun crime et n’a pas été traduit rapidement devant les tribunaux comme l’exige la loi ougandaise. En vertu de la loi, le gouvernement ougandais est tenu de porter des charges contre tout suspect arrêté et de le présenter au tribunal dans les 48 heures.

Le 4 janvier 2022, le tribunal de première instance de Makindye à Kampala a ordonné que Kakwenza soit libéré sans condition et que chaque policier respecte cet ordre. La police n’a pas respecté l’ordre.

On pense que les agents de sécurité ont ciblé Rukirabashaija parce qu’il a exprimé des opinions critiques à l’encontre du régime. C’est la troisième fois que Rukirabashaija est arrêté par les autorités ougandaises au cours de la dernière année. Les deux fois précédentes, il a été sévèrement torturé. Il a été pris pour cible pour ses écrits « The Greedy Barbarian », un roman sur un dictateur africain corrompu fictif et « Banana Republic—Where Writing is Treasonous », qui documentait sa torture aux mains d’agents de la sécurité de l’État.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par le les actions ciblées et l’arrestation systématique des voix dissidentes, y compris des défenseur-ses des droits humains, en Ouganda. Les organisations de la société civile, les défenseur-ses des droits humains, les représentants des partis politiques, les écrivains et les journalistes jouent tous un rôle crucial dans une société démocratique et devraient être autorisés à s’acquitter de leurs responsabilités sans être harcelés.

Front Line Defenders exhorte les autorités à libérer Kakwenza sans condition, comme l’a ordonné le tribunal, et à protéger et promouvoir les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, tels qu’ils sont inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, que l’Ouganda a ratifiée le 21 juin 1995.

En outre, Front Line Defenders exhorte le gouvernement ougandais, les organes régionaux, continentaux et internationaux de la région à enquêter sur les allégations de torture contre M. Kakwenza et à poursuivre les responsables en justice.