Back to top
5 Juillet 2022

Déclaration — Mexique : Inquiétudes concernant le harcèlement et les détentions arbitraires des défenseur⸱ses des droits humains et des écologistes dans le Querétaro

Front Line Defenders est profondément préoccupée par les derniers cas d’acharnement judiciaire et de détentions arbitraires à l’encontre des défenseur⸱ses des droits humains et de l’environnement membres de la Red en Defensa del Agua y la Vida (Réseau pour la défense de l’eau et de la vie) qui s’opposent à la nouvelle loi sur la réglementation de la distribution de l’eau potable et des services d’eaux usées et d’assainissement dans l’État de Querétaro au Mexique.

Le 19 mai 2022, le Congrès de Querétaro a adopté de façon expéditive la loi sur la réglementation de la distribution de l’eau potable et des services d’eaux usées et d’assainissement dans l’État de Querétaro, connue sous le nom de « Loi sur l’eau ». L’adoption de la loi soulève des préoccupations et est remise en question par différentes sections de la société civile, notamment les universitaires, les défenseur·ses de l’environnement et les communautés autochtones, en raison des impacts négatifs potentiels qui pourraient résulter de la concession des puits d’eau appartenant à leurs communautés et des risques liés à la privatisation d’une ressource communautaire.

La Red en Defensa del Agua y la Vida a été créée le 21 mai 2022 dans le but d’organiser l’opposition à la Loi sur l’eau par différents fronts sociaux. Le Réseau est actuellement composé de représentants du quartier de San Francisquito, du Festival Agua que Corre, du Colectivo Bajo Tierra Museo et des communautés autochtones de Santiago Mexquititlán, Chitejé de Garabato et San Miguel Tlaxcaltepec dans l’État de Querétaro.

Le 10 juin 2022, la Red en Defensa del Agua y la Vida a appelé à une manifestation pacifique devant les bureaux de la Commission nationale de l’eau (CEA) afin de manifester son opposition à la loi et d’appeler au dialogue avec les autorités. Sans réponse des autorités, les manifestants ont décidé de limiter la circulation des véhicules sur l’avenue 5 de Febrero. Vers 13 h, la police d’État a tenté de disperser la manifestation et a commencé à pousser et à bousculer les manifestants. Trois défenseur⸱ses des droits humains et membres des collectifs ont été violemment arrêtés.

Les personnes arrêtées n’ont pas été informées des raisons de leur arrestation avant d’arriver à l’Unité 5 du parquet général, où elles ont été détenues au secret pendant environ trois heures. À 21 h, les détenus ont été libérés sans informations claires et opportunes à propos de leur statut juridique. Le parquet général de l’État de Querétaro a ouvert une enquête contre les trois détenus pour crimes contre la sécurité et contre le fonctionnement normal des moyens de transport et des voies de communication, et pour désobéissance et résistance.

Le 14 juin 2022, le défenseur des droits humains autochtone Braulio Ayala Garcia, membre de la Confédération autochtone du quartier de San Francisquito, a été arrêté par la police d’État alors qu’il conduisait sa voiture sur l’avenue 5 de Febrero. La police municipale lui a dit de se garer et d’arrêter la voiture, en même temps au moins trois autres voitures de patrouille et des agents du Secrétariat municipal de la sécurité publique (SSPM) et de l’unité de l’attention aux victimes sont arrivés sur les lieux, alléguant que la raison de la détention était liée aux plaques d’immatriculation de la voiture. Une demi-heure plus tard, deux voitures de patrouille et une moto de la police d’État ainsi qu’un véhicule dans plaque d’immatriculation sont arrivés sur place. Près d’une heure plus tard, les autorités ont laissé le défenseur des droits humains continuer sa route.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par la sécurité des défenseur⸱ses des droits humains membres de La Red en Defensa del Agua y la Vida. Les récentes arrestations arbitraires, l’acharnement judiciaire ainsi que l’absence de mesures de protection face au harcèlement récent contre celles et ceux qui revendiquent le droit à la consultation, le droit de manifester et un environnement sein dans l’État de Querétaro sont particulièrement préoccupants.

Front Line Defenders appelle les autorités mexicaines à cesser et à condamner le harcèlement et la répression contre celles et ceux qui exercent un travail légitime en faveur des droits humains. Elle exhorte également les autorités mexicaines à entamer un dialogue avec les communautés susceptibles d’être touchées par les projets. En outre, Front Line Defenders appelle les autorités mexicaines à abandonner toutes les accusations portées contre les trois membres de La Red en Defensa del Agua y la Vida, car elle estime que les accusations sont liées à leur travail non violent en faveur des droits humains.