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1 Avril 2021

Hausse alarmante de la violence et 5 assassinats perpétrés dans la communauté de Paso de la Reyna, dans l'État de Oaxaca

Front Line Defenders exprime sa profonde inquiétude face aux derniers actes de violence perpétrés dans la communauté autochtone Chatino de Paso de la Reyna, dans la municipalité de Santiago Jamiltepec, Oaxaca. Au cours des trois premiers mois de 2021, cinq membres de la communauté autochtone de Chatino ont été tués, dont deux défenseurs du droits à la terre et de l'environnement, Fidel Heras Cruz et Jaime Jiménez Ruiz.

Le 28 mars 2021, Jaime Jiménez Ruiz, défenseur indigène Chatino du droit à la terre et chef du mouvement de défense du fleuve Río Verde, a été tué avec une arme à feu par des inconnus sur la route de Santiago Jamiltepec à Paso de la Reyna.

Les 14 et 15 mars 2021, trois membres de la communauté autochtone Chatino, Raymundo Robles Riaño, Noé Robles Cruz et Gerardo Mendoza Reyes, ont été tués par des inconnus dans le quartier Chico de Paso de la Reyna.

Le 23 janvier 2021, le corps du défenseur du droit à la terre et président du Comisariado Ejidal, Fidel Heras Cruz, a été retrouvé dans la communauté de La Esperanza. Fidel Heras Cruz a longtemps travaillé avec le Consejo de Pueblos Unidos por la Defensa del Río Verde - COPUDEVER (Conseil uni pour la défense du Rio Verde), fondé en 2007 par plusieurs communautés autochtones, métisses et afro-mexicaines dans le but de défendre pacifiquement le Río Verde contre l'exploitation de ses ressources pour des mégaprojets tels que celui du « Paso de la Reina » mis en œuvre par la Commission fédérale de l'électricité (CFE). Le défenseur du droit à la terre avait précédemment reçu des menaces de la part de groupes ayant des pouvoirs coutumiers sur le territoire, ce qui pourrait être lié à son travail contre les mégaprojets et l'exploitation des ressources naturelles par les pouvoirs politiques et économiques de la région

La communauté de Paso de la Reyna dénonce l'impunité qui règne depuis l'homicide de Fidel Heras Cruz, car aucune enquête n'a été ouverte sur son assassinat. Ce climat d’impunité entraîne de nouveaux actes de violence dans la communauté où vivent seulement 500 personnes, ce qui affecte la dynamique sociale de la communauté et menace sa sécurité.

La communauté estime que l'autoritarisme du système de chefferie et les intérêts des chefs coutumiers dans l'exploitation des ressources naturelles, du Río Verde en particulier, ainsi que l'incapacité des autorités à mener des enquêtes, sont les principales raisons de l'augmentation de la violence au cours des derniers mois. Les membres de la communauté ont indiqué que ni l'État ni les autorités fédérales n'ont manifesté la volonté de remédier à la situation, ni l'intérêt de protéger les droits et la sécurité des résidents de Paso de la Reyna. Selon la communauté, les autorités ne se sont pas rendues sur le territoire avant le mercredi 30 mars, malgré cette augmentation de la violence, et en dépit du risque élevé de nouvelles attaques.

Front Line Defenders condamne les meurtres des défenseurs de l'environnement Fidel Heras Cruz et Jaime Jiménez Ruiz, et appelle les autorités fédérales et étatiques à clarifier les circonstances dans lesquelles les défenseurs ont été tués, en traduisant rapidement les responsables en justice et en veillant à ce que les défenseur-ses des droits humains puissent travailler un environnement sûr et propice. En outre, l'organisation exhorte les autorités mexicaines à prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des défenseur-ses et des membres de la communauté de Paso de la Reyna.

Front Line Defenders met l'accent sur le travail légitime et pacifique que les habitants de la communauté de Paso de la Reyna mènent contre les mégaprojets imposés aux communautés autochtones et afro-mexicaines sur la côte d'Oaxaca. Front Line Defenders réitère ses préoccupations concernant l’impunité endémique et le manque de mesures de sécurité adéquates pour les défenseur-ses des droits humains dans l'État d'Oaxaca.