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Juweiriya Mohideen

Juwairiya Mohideen

DDH, fondatrice, directrice exécutive
Muslim Women’s Development Trust
Front Line Defenders Asia-Pacific Regional Award
2020

Juwairiya Mohideen est une défenseuse des droits humains musulmane basée à Puttalam dans le nord-ouest du Sri Lanka. Elle et sa famille font partie de la communauté musulmane du nord qui a été déplacée de force par les Tigres de libération de l'Eelam tamoul en octobre 1990. Ils sont arrivés à Puttalam avec tout juste quelques vêtements et ont été forcés de repartir de zéro. 30 ans plus tard, elle vit toujours dans le camp de réfugiés de Puttalam. Juwairiya a commencé son travail au sein de la Rural Development Foundation en apportant un soutien à la communauté des déplacés internes depuis 15 ans. Pendant ces quinze années, elle a identifié les lacunes critiques dans le soutien dédié aux femmes et aux filles dans le secteur des droits humains et de l'aide humanitaire locale. En 2010,  elle a également fondé le Muslim Women’s Development Trust (MWDT), dont elle est la directrice exécutive.

Depuis plus de 25 ans de travail, Juwariya milite contre la discrimination et la violence contre les femmes et les filles. Le MWDT apporte un soutien quotidien, du réconfort, des conseils et une aide juridique aux femmes et filles victimes d'abus, de violences et de discrimination. Juwairiya est en première ligne des appels à une réforme des lois personnelles musulmanes qui privent les femmes et les filles musulmanes des droits fondamentaux dont jouissent leurs sœurs non musulmanes au Sri Lanka. La loi manifestement discriminatoire est vigoureusement défendue par des extrémistes religieux et des groupes conservateurs dirigés par des hommes qui jouissent de positions de privilège et de pouvoir au sein de la communauté et parmi les décideurs / hommes politiques nationaux. Juwairiya ne se laisse pas décourager par les menaces contre elle et sa famille, par la désinformation flagrante et les attaques contre sa personne, ni par le fait d'être taxée de traîtresse et mise à l'écart par une partie proche de sa communauté. Elle continue à mobiliser avec succès les femmes et les filles locales en les encourageant à occuper des espaces publics traditionnellement réservés aux hommes et à partager leurs témoignages sur les discriminations et violences qu'elles subissent en vertu des lois personnelles musulmanes.

Juwairiya conduit des délégations de femmes musulmanes dans les rues afin qu'elles fassent pression sur les parlementaires et elle s'oppose clairement au discours conservateur selon lequel les femmes musulmanes sont satisfaites du statu quo. Malgré les risques, Juwairiya est déterminée et convaincue que le travail continuera non seulement parce que le besoin est si grand pour les cas particuliers, mais aussi parce qu'une réforme plus large des lois personnelles musulmanes et des victimes de violations des droits humains sont essentielles à la dignité et à la survie des personnes directement touchées.

 

 

Malgré la fin du conflit armé avec les Tigres de libération de l'Îlam Tamoul en 2009, des lois strictes sur la sécurité sont en vigueur et la situation des défenseur-ses des droits humains au Sri Lanka reste critique pour ceux qui travaillent sur les disparitions forcées, la torture et le droit à la terre. Les DDH qui veulent que les coupables d'exactions perpétrées par les deux parties du conflit soient jugés sont victimes de représailles graves, notamment de menaces de mort, campagnes de diffamation, acharnement judiciaire, torture, disparitions forcées et meurtres.