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Égypte: Des défenseur-ses des droits des populations autochtones devant le tribunal pour le sûreté de l'État

Procès des défenseur-ses des droits du peuple nubien

Le peuple nubien est un peuple autochtone du Soudan et d'Égypte. Il est victime d'expropriation des terres et de déplacements forcés de la part du gouvernement égyptien, et il fait l'objet d'une marginalisation culturelle et de discriminations raciales dans tout le pays. Dans années 70, plus de 50 000 nubiens avaient été déplacés de force hors de leurs maisons sur les berges du Nil, perdant leurs logements, leurs fermes et leurs moyens de subsistance. Le gouvernement égyptien cible les défenseurs des droits humains qui mènent la lutte pacifique de la communauté pour un retour sur ses terres. 32 militants nubiens sont actuellement jugés pour avoir pacifiquement manifesté, après avoir été arrêtés fin 2017. L'un d'eux est décédé en prison.

Agissez. Cliquez ici pour soutenir les DDH du peuple Nubien.

"L"Égypte cible les défenseur-ses des droits des Nubiens par le biais d'arrestations massives, de diffamation, de surveillance, de menaces contre leurs familles et elle a permis le décès d'un DDH injustement détenu, mort dans une cellule dans laquelle il n'aurait jamais du se trouver" - Andrew Anderson, directeur exécutif de Front Line Defenders

Des activistes en procès

Afin de réduire au silence les demandes pacifiques et légitimes du peuple nubien, le gouvernement égyptien cible les défenseurs qui mènent la lutte. L'appel pour que le procès des 32 DDH soit transféré devant un tribunal civil et non devant un tribunal militaire a été rejeté. La prochaine audience est reportée au 30 janvier 2018 et le procès se tiendra devant une cour pour la sûreté de l'État. Le 13 mars 2018, des juges du tribunal d‘urgence d’Assouan pour la sûreté de l’Etat et les mauvaises conduites se sont retirés du procès de Mohamed Azmy, Maysara Abdoun, Seham Osman et 29 autres défenseur-ses et activistes nubiens, en raison de deux soupçons d’impartialité. Un autre tribunal examinera l’affaire le 15 avril 2018.

seham_osman.jpgSeham Osman est une militante nubienne et membre fondatrice de Genoubia Hora, le premier groupe féministe organisé à Assouan. Les défenseuses des droits humains (FDDH) nubiennes ont fondé l'organisation en 2013, en réponse à ce qu'elles appellent "l'acceptation générale" des violences policières et des violences contre les femmes. En novembre 2016, Seham Osman et d'autres défenseur-ses nubiens d'Assouan ont organisé une "caravane nubienne", en conduisant des douzaines de voitures en direction de leurs terres ancestrales. La plus grande partie de leur territoire étant placée sous contrôle militaire, la Caravane nubienne a rencontré de nombreux postes de contrôle et a été contrainte de faire demi-tour après plus de trois jours dans le désert

egypt_-_mohamed_azmi.jpgMohamed Azmy est avocat, défenseur des droits humains et ancien président de General Nubian Union, basé à Assouan. Il défend le droit à la terre pour le peuple nubien et se bat pour une réinstallation équitable dans leur foyer historique du sud de l'Égypte. General Nubian Union à Assouan est un mouvement qui promeut activement le droit au retour de la communauté nubienne sur ses terres ancestrales depuis qu'elle a été déplacée de force à cause de projets menés par le gouvernement, tels que la construction du grand barrage d'Assouan dans les années 60.

Maysara AbdounMaysara Abdoun est un défenseur des droits humains nubien, qui défend activement les droits de la minorité nubienne dans le gouvernorat d'Assouan. Il coordonne les formations au Border Center for Support & Consulting (BSC), une organisation dirigée par un groupe de jeunes ayant de l'expérience dans le domaine du développement communautaire et des droits humains.

En outre, les défenseur-ses suivants seront également jugés. Mohammad Osman, Wafaa Ali, Hamdy Ali, Moneer Basheer, Mohammad Fadl, Tamer Taha, Safwat Ahmad, Hamdy Abdelhafez, Waleed Nasser, Zakareya Ahmad, Tariq Khaleel, Abdelqader Mohammad, Bakry Karar, Yehya Suleiman, Magdy Mohammad, Ahmad Abdelmalik, Hamza Hammoud, Hisham Taha, Saleh Ahmad, Mohsin Mohammad, Ammar Abdennaeem, Mohammad Hussein, Mostafa Taha, Fahd Sayyed, Khaleefa Khaleefa, Yasser Mohammad, Magdy Ibrahim, Ezzeddeen Ali, et Fawzy Gaber.

Décès en détention

Gamal Sorour avait été arrêté avec 24 autres personnes en septembre 2017, après une manifestation à Assouan; il était incarcéré dans une cellule surpeuplée sans un accès convenable à une aide médicale ou juridique, et il est décédé dans la prison d'Assouan le 5 novembre 2017. Il était connu au sein de la communauté nubienne pour ses années d'activisme pacifique en faveur de la cause nubienne.

Les autorités carcérales ont refusé que Gamal Sorour, qui avait la cinquantaine, bénéficie de son traitement médical contre le diabète durant les cinq jours précédant son décès. Les autorités carcérales affirment que les médicaments ont été retardés car l'étiquette était en français et devait être traduite. Toutefois, les défenseurs des droits humains incarcérés avec Gamal Sorour ont déclaré que les autorités avaient commencé à retenir les médicaments des prisonniers lorsque plusieurs d'entre eux ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention.

Des vagues d'arrestations

Lors du procès du 12 décembre 2017, 25 des 32 défenseurs des droits humains qui ont été jugés, ont été arrêtés lors d'une marche pacifique organisée le 3 septembre, lors de laquelle ils ont chanté des chansons traditionnelles nubiennes pour marquer l'Aïd el-Adha et militer pour le "droit au retour" des Nubiens, garanti par l'article 236 de la Constitution égyptienne de 2014. La manifestation devait avoir lieu dans le centre d'Assouan, mais elle a été déplacée sur la place Midan Al-Guzzayra en raison de la présence des forces de sécurité à l'endroit initial. Huit véhicules des forces de sécurité et deux tanks militaires ont rejoint les manifestants sur la place Midan Al-Guzzayra. Des policiers armés ont physiquement agressé et arrêté des manifestants et des défenseur-ses des droits humains, avant de les placer en détention dans le camp central de sécurité d'Assouan à Shalal.

En octobre 2017, sept autres DDH nubiens ont été arrêtés devant le camp de sécurité alors qu'ils manifestaient pacifiquement pour la libération des 25 détenus.

En novembre 2017, après la mort du DDH emprisonné Gamal Sarour pour négligence médicale, 10 autres militants nubiens ont été arrêtés pour avoir protesté contre ce décès. Ces dix DDH seront jugés dans une autre affaire.

Appel pour que justice soit rendue

Front Line Defenders condamne de nouveau le décès du défenseur nubien Gamal Sorour pour négligence médicale, et appelle de nouveau à l'ouverture immédiate d'une enquête sur les circonstances de sa mort, suivie de poursuites criminelles contre les autorités responsables.

Front Line Defenders appelle aussi les autorités égyptiennes à cesser immédiatement toute forme de harcèlement contre les défenseur-ses des droits humains nubiens et à abandonner les accusations qui pèsent contre eux. Par ailleurs, elle condamne fermement le fait que le procès des défenseur-ses des droits humains se tienne devant une cour pour la sûreté de l'État, car il ne peut y avoir d'appel contre les peines prononcées par cette cour . Ces verdicts peuvent être uniquement confirmés par le président.

 

"Le gouvernement égyptien a étendu son infâme répression contre les défenseur-ses des droits humains d'Assouan, en persécutant les activistes nubiens en 2017 comme jamais auparavant", a déclaré Andrew Anderson, directeur exécutif de Front Line Defenders.

Mohamed_azmy_fld.jpg
Closed Case
7 Avril 2019

Le 7 avril 2019, le tribunal correctionnel pour la sécurité de l'État d'Assouan a condamné 25 défenseur-ses des droits humains nubiens, dont Maysara Abdoun et Mohamed Azmy, qui étaient poursuivis dans l'affaire appelée le "procès Dofof", à 50 000 livres égyptiennes d'amende avec sursis (environ 2600 euros chacun).

Lieu 
DDH 
Egypt crackdown on civil society
Closed Case
6 Novembre 2017

Front Line Defenders condamne fermement le décès causé par une négligence médicale du défenseur des droits humains Nubien Gamal Sorour, dans la prison d'Assouan le 5 novembre 2017. Le défenseur avait été arrêté avec 24 autres personnes en septembre 2017, après une manifestation pacifique revendiquant les droits du peuple nubien à revenir sur leurs terres, dont ils avaient été chassés dans les années 60.

Violations 
Lieu 
DDH