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Les défenseuses des droits humains Svetlana Anokhina et Maysarat Kilyaskhanova agressées et arrêtées lors d'une descente dans un refuge pour les survivantes de violence sexiste

Statut: 
Détenue
À propos de la situation

Le 10 juin 2021, des inconnus accompagnés de policiers ont fait une descente dans un refuge pour femmes survivantes de violences sexistes à Makhatchkala afin de renvoyer de force Khalimat Taramova, une femme tchétchène qui séjournait au refuge, dans sa famille en Tchétchénie. Les défenseuses des droits humains Svetlana Anokhina et Maysarat Kilyaskhanova, qui étaient présentes au moment du raid, auraient été passées à tabac et détenues avec 3 autres femmes. Les femmes ont ensuite été libérées et Khalimat Taramova a été renvoyée de force dans sa famille en République tchétchène.

À propos de Maysarat Kilyaskhanova

  Maysarat Kilyaskhanova est défenseuse des droits humains, bénévole au sein de l'initiative Marem, illustratrice et dessinatrice de presse.

17 Juin 2021
Les défenseuses des droits humains Svetlana Anokhina et Maysarat Kilyaskhanova agressées et arrêtées lors d'une descente dans un refuge pour les survivantes de violence sexiste

Le 10 juin 2021, des inconnus accompagnés de policiers ont fait une descente dans un refuge pour femmes survivantes de violences sexistes à Makhatchkala afin de renvoyer de force Khalimat Taramova, une femme tchétchène qui séjournait au refuge, dans sa famille en Tchétchénie. Les défenseuses des droits humains Svetlana Anokhina et Maysarat Kilyaskhanova, qui étaient présentes au moment du raid, auraient été passées à tabac et détenues avec 3 autres femmes. Les femmes ont ensuite été libérées et Khalimat Taramova a été renvoyée de force dans sa famille en République tchétchène.

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Svetlana Anokhina est une éminente défenseuse des droits humains, journaliste et militante pour les droits des femmes au Dagestan. Elle est rédactrice en chef de Daptar, un média en ligne de Ciscaucasie qui se concentre sur les droits des femmes. En 2020, avec d'autres militantes, elle a fondé le groupe d'initiative bénévole « Marem » qui vise à aider les femmes du Dagestan et d'autres républiques de Ciscaucasie qui sont menacées de violence domestique ou de mort. « Marem » les aide à organiser les évacuations, à trouver un hébergement temporaire et fournit un soutien juridique et psychologique aux victimes. Maysarat Kilyaskhanova est défenseuse des droits humains, bénévole au sein de l'initiative Marem, illustratrice et dessinatrice de presse.

Le 10 juin 2021, un policier s'est présenté au foyer pour femmes victimes de violences sexistes géré par le groupe « Marem » à Makhatchkala pour interroger la femme tchétchène Khalimat Taramova, qui séjournait au foyer après avoir fui son domicile en République tchétchène et la violence domestique en raison de son orientation sexuelle. Khalimat Taramova aurait été inscrite sur la liste des personnes portées disparues, bien qu'elle ait déclaré publiquement qu'elle avait quitté la maison de son plein gré via une vidéo publiée sur Internet trois jours plus tôt. Après l'interrogatoire, Svetlana Anokhina a contacté le service de presse du ministère de l'Intérieur du Dagestan et a demandé que le refuge soit placé sous protection car des inconnus, qui seraient originaires de Tchétchénie, avaient été repérés à proximité. Selon la défenseuse des droits humains, le service de presse du ministère de l'Intérieur lui a dit que la police garderait le refuge jusqu'au lendemain matin.

Plus tard dans la journée, le policier qui avait interrogé Khalimat Taramova a demandé à entrer dans le refuge pour assurer la protection des femmes. Lorsque Svetlana Anokhina a ouvert la porte, plusieurs policiers et une vingtaine d'hommes inconnus munis d'armes à feu et de gilets pare-balles, qui seraient originaires de la République tchétchène, sont entrés dans le refuge et ont arrêté Svetlana Anokhina, Maysarat Kilyaskhanova et trois autres femmes. Les femmes ont été transférées au département de police du district de Leninsky, qui appartient au ministère de l'Intérieur pour la ville de Makhatchkala. Alors que Svetlana Anokhina était détenue par la police, elle aurait été traînée par les jambes et les bras et frappée à plusieurs reprises. Une ambulance a été appelée au département de police pour aider la défenseuse des droits humains. Maysarat Kilyaskhanova souffre également de contusions aux mains, blessures infligées lors de son arrestation. Svetlana Anokhina et Maysarat Kilyaskhanova ont toutes deux subi un test de drogue pendant leur détention. Les femmes arrêtées ont toutes été accusées de « désobéissance à un ordre légitime d'un officier de police » en vertu de la première partie de l'article 19.3 du Code administratif. Plus tard le 10 juin 2021, Khalimat Taramova, qui a refusé de signer une déclaration selon laquelle elle avait été détenue contre son gré par le foyer pour femmes, a été renvoyée de force dans sa famille en Tchétchénie. Le 11 juin 2021, le tribunal du district de Leninsky à Makhatchkala a abandonné les poursuites contre les femmes détenues « pour absence d'événement délictueux » et elles ont été libérées de la garde à vue.

Le 12 juin 2021, le ministre de la politique nationale, des relations extérieures et de l'information de la République tchétchène, Akhmed Dudayev, a déclaré dans une émission publique que "les efforts bien coordonnés et professionnels de la police de la République tchétchène et du Dagestan avaient empêché la tentative d'enlèvement de Khalimat Taramova par une cinquième colonne en Russie », se référant clairement ici aux femmes défenseuses des droits humains qui dirigent le refuge pour femmes de Makhachkala. Le 14 juin 2021, la télévision d'État de la République tchétchène a diffusé une interview de Khalimat Taramova et du Commissaire du gouvernement aux droits humains, lors de laquelle les présentateurs ont déclaré que « Taramova avait été utilisée pour porter un coup contre les valeurs traditionnelles du peuple tchétchène ». Les défenseuses des droits humains du groupe « Marem » considèrent cette vidéo comme une menace directe contre elles et leur travail, car elles sont accusées d'avoir enlevé Khalimat Taramova.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par les attaques et la détention des défenseuses des droits humains Svetlana Anokhina et Maysarat Kilyaskhanova, ainsi que d'autres femmes du refuge et des bénévoles du groupe « Marem », car elle pense qu'elles sont ciblées uniquement à cause de leur travail pour la promotion et la protection des droits des femmes en Ciscaucasie. Front Line Defenders condamne l'intimidation et les actions ciblées contre les défenseuses des droits humains et considère qu'il s'agit d'une tentative pour menacer, réduire au silence et stopper le travail des défenseur-ses des droits humains qui protègent les droits des femmes en Tchétchénie et dans d'autres républiques de Ciscaucasie.