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Des défenseuses des droits des personnes transgenres arrêtées et harcelées sexuellement à Aceh

Statut: 
Arrêtés, harcelés sexuellement
À propos de la situation

Le 27 janvier 2018, la police indonésienne a mené un raid, agressé et arrêté des défenseuses des droits humains transgenres membres de l'organisation Putroe Sejati Aceh dans la province d'Aceh. Les défenseur-ses ont été victimes de traitements dégradants, de harcèlement sexuel et d'agression physique pendant plus de 24 heures en détention.

À propos des DDH

Putroe Sejati Aceh est une organisation qui opère à Aceh pour promouvoir et protéger les mouvements de défense des droits des personnes LGBTI dans toute la province, en se concentrant en particulier sur les droits, la sécurité et le bien-être des femmes transgenres Waria. Putroe Sejati Aceh organise des ateliers sur le renforcement des capacités des militants, des programmes d'autonomisation économique, des groupes de soutien socio-émotionnel et de travail de proximité, et elle plaide faveur des droits des personnes transgenres. Les défenseur-ses des droits humains de Putroe Sejati Aceh plaident pour le droit à l'emploi des personnes trans, le droit de vivre sans violence, d'accéder aux services de santé, et d'accéder aux services publics tels qu'avoir des papiers d'identité, qui reflètent précisément leur identité et expression sexuelle.

31 Janvier 2018
Des défenseuses des droits des personnes transgenres arrêtées et harcelées sexuellement à Aceh

Le 27 janvier 2018, la police indonésienne a mené un raid, agressé et arrêté des défenseur-ses des droits humains transgenres membres de l'organisation Putroe Sejati Aceh dans la province d'Aceh. Les défenseur-ses ont été victimes de traitements dégradants, de harcèlement sexuel et d'agression physique pendant plus de 24 heures en détention.

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Le 27 janvier 2018 vers 21h, la police de la province d'Aceh a arrêté 12 femmes transgenres, dont des défenseuses des droits humains, lors de raids menés dans des salons de beauté. Selon les défenseuses, des civils connus pour être affiliés à des groupes extrémistes religieux dans la région ont participé à ce raid violent. Après avoir interrogé et fait sortir les clients hors du salon, la police a coupé les cheveux des femmes trans, les ont forcées à enlever leurs vêtements féminins et les ont agressées physiquement. Elles ont ensuite été placées dans un camion de police et emmenées au poste de police du Nord d'Aceh.

Au poste, les policiers ont forcé les défenseuses à faire des actes physiques dégradants, notamment se rouler par terre et de faire des "exercices" tout en étant rouées de coups tout au long de la nuit. Elles n'ont pas été autorisées à remettre leurs vêtements féminins et on leur a donné des vêtements d'hommes pour les humilier. Les familles Waria des défenseuses arrêtées n'ont pas été autorisées à les voir entre le moment où elles ont été arrêtées et le lendemain soir. Toutes sauf une ont été libérées le 28 janvier 2018 et la dernière a été libérée le 29 janvier.

Selon un nouveau rapport publié par Front Line Defenders, les raids policiers violents et les humiliations publiques à caractère sexuel sont les principales menaces pour les organisations LGBTI dans le pays. Le sentiment anti-LGBTI est de plus en plus utilisé comme plateforme de campagne à l'approche des élections. Bien que le conseil constitutionnel ait refusé de criminaliser l'homosexualité en octobre 2017, la répression contre les personnes LGBTI et les militants s'est accentuée.  Le ministre de l'intérieur a déclaré que l'activisme LGBTI est "pire qu'une bombe nucléaire". En septembre 2014, le gouvernement provincial d'Aceh a pris deux arrêtés qui autorisent des peines pour "crimes" qui n'existent pas dans le Code pénal national indonésien. Ces arrêtés criminalisent les actes consensuels entre personnes de même sexe. Cela contredit la décision du conseil constitutionnel.

Front Line Defenders condamne fermement les arrestations et les traitements dégradants infligés aux défenseuses des droits humains, à la communauté Waria et aux membres de Putroe Sejati Aceh, car cela semble être une menace afin qu'ils cessent leur activisme dans la province d'Aceh. Front Line Defenders condamne aussi les attaques incessantes contre les défenseur-ses des droits humains qui luttent en faveur des droits des personnes LGBTI en dépit de l'escalade des menaces de mort et des raids violents en Indonésie.

Front Line Defenders exhorte les autorités indonésiennes à:

1. Ouvrir immédiatement une enquête approfondie et impartiale sur les traitements dégradants, le harcèlement sexuel et l'agression physique des défenseur-ses des droits humains, dans le but de publier les conclusions et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales;

2. Prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l'intégrité physique et psychologique et la sécurité de tous les membres de Putroe Sejati Aceh et des autres défenseur-ses des droits humains transgenres à Aceh;

3. Cesser immédiatement les raids policiers violents contre les organisations LGBTI et les rassemblements à Aceh et dans les autres provinces;

4. Garantir qu’en toutes circonstances, tous-tes les défenseur-ses des droits humains en Indonésie, puissent mener à bien leurs actions légitimes en faveur des droits humains, sans craindre ni restrictions ni représailles.